Hendrik Frensch Verwoerd

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Le dr. Hendrik Frensch Verwoerd, né le 8 septembre 1901 à Amsterdam et mort le 6 septembre 1966 au Cap, était un sociologue, universitaire, journaliste et Homme d'État sud-africain.

Dr Hendrik Frensch Verwoerd

Il a été ministre des Affaires Bantoues (1950-1958), puis Premier Ministre (1958-1966). Il est le fondateur de la République d’Afrique du Sud en 1961. Il a été surnommé le « Grand Architecte de l’Apartheid ».

Biographie

Des Pays-Bas au Cap

Hendrik Frensch Verwoerd naît à Amsterdam, aux Pays-Bas, le 8 septembre 1901, deuxième fils de Wilhelm Johannes Verwoerd et Anje Hendriks Strik. Le nom "Verwoerd" dérive de la racine néerlandaise woerd que l'on peut traduire par "tertre" ou "monticule de terre" non inondable. "Verwoerd" est donc "celui du tertre".

Agent d'assurances, Wilhelm Johannes quitte l'Europe avec sa famille et émigre au Cap (Afrique du Sud) en novembre 1903, par sympathie envers le peuple frère boer, alors même que la "Guerre des Boers" (1899-1902) vient de s'achever par la victoire de l'impérialisme britannique.

Dr Hendrik Frensch Verwoerd

La famille s'installe à Wynberg, près du Cap, où Wilhelm Johannes devient entrepreneur en bâtiment, et réalise en parallèle son rêve d'évangélisation en devenant catéchiste de l'Eglise réformée néerlandaise, la NGK. En 1913, Wilhelm Johannes est nommé diacre de la ville de Bulawayo en Rhodésie du Sud, ce qui est une promotion religieuse. Les Verwoerd y restent jusqu'en 1917, date à laquelle le père est rappelé en Afrique du Sud, dans la ville de Brandfort (Etat Libre d'Orange), en 1917.

Hendrik Frensch passe brillamment le Matric (le bac) en février 1919, puis s'inscrit à l'Université (afrikaanophone) de Stellenbosch, près du Cap, en philosophie et psychologie. Étudiant exceptionnel, il passe sa licence en 1921, puis sa maîtrise en 1922, date à laquelle il devient membre du Conseil des étudiants (SR) et où il rencontre sa future femme, Elisabeth "Betsie" Schombee (1901-2000). Il en deviendra le Président dès l'année suivante.

En 1924, il devient docteur en sociologie et psychologie (le premier d'Afrique du Sud, et le premier étudiant de Stellenbosch à avoir rédigé sa thèse en afrikaans), et refuse une bourse d'études à Oxford, par esprit nationaliste. Il en obtient une autre, pour terminer ses études en Allemagne, dans les Universités de Leipzig, Hambourg et Berlin.

Dr Hendrik Frensch Verwoerd

Rejoint en Europe par Betsie, ils se marient à Hambourg le 7 janvier 1927. Ils auront sept enfants.

Il complète sa formation en 1928 en Grande-Bretagne et aux États-Unis, puis rentre en Afrique du Sud en fin d'année et devient Professeur de psychologie à Stellenbosch.

De l'université au journalisme politique : la montée du nationalisme afrikaner

Le Professeur Verwoerd devient rapidement très populaire auprès de ses étudiants. Ses recherches s'intéressent spécialement à la thématique de la pauvreté des Blancs et en 1932, il devient Directeur du nouveau département de sociologie de l'Université. En octobre 1934, il est un des organisateurs du Eerste Ekonomiese Volkskongres (Congrès populaire sur le thème économique), dont il devient le secrétaire du Comité de suivi, et il y rencontre Johannes Gerhardus Strijdom, Leier (Leader) nationaliste du Transvaal, qui le fait entrer au Broederbond en février 1937 et lui confie le poste de rédacteur en chef et éditorialiste au nouveau quotidien de Johannesburg, Die Transvaler, le 1er octobre 1937. Verwoerd quitte donc l'Université, s'installe à Johannesburg avec sa famille et adhère au GNP, le parti nationaliste afrikaner, dont il devient l'un des idéologues les plus en vue.

Durant la deuxième guerre mondiale, il prend position contre la Grande-Bretagne, sur une ligne nationaliste radicale, pro-allemande (mais pas pro-nazie), anticommuniste, antibritannique et antisémite.

Aux élections du 26 mai 1948, les nationalistes (le GNP est devenu HNP, ou Parti national réunifié, en novembre 1940, puis reprend son nom "historique" de Nasionale Party, ou Parti national, en 1951), groupés derrière Daniel François Malan, triomphent avec leur programme d'Apartheid. Malan devient donc Premier ministre. Battu de peu aux législatives, Verwoerd est nommé Sénateur le 1er juillet 1948 et devient deux ans après le chef du groupe parlementaire nationaliste au Sénat. Il abandonne ses responsabilités au Transvaler le 31 décembre 1948.

L'homme de gouvernement, architecte d'un développement propre à chaque ethnie

Le 19 octobre 1950, il est nommé Ministre des Affaires indigènes, afin de mettre en place une vraie politique de "développement séparé" entre les races. Il est à l'origine de nombreuses lois qui définissent une vision ethnodifférencialiste d'ensemble. Pour lui, l'Afrique du Sud est une mosaïque ethnique issue d'une création coloniale et il faut que chaque peuple (Afrikaners, Zoulous, Xhosas, Sothos, Tswanas...) puisse se développer à son rythme, sur son espace national propre. Pour ce faire, Verwoerd met en place la politique des Bantoustans, des territoires noirs appelés à devenir indépendants de l'Afrique du Sud blanche dans l'intérêt de tous, au terme d'une "décolonisation intérieure". Le premier sera le Transkei, dont les premières institutions se créent en 1959. Aux yeux des Afrikaners, Verwoerd devient "Die Groot Argietek van Apartheid"...

En novembre 1954, Malan démissionne et Strijdom devient Premier ministre, grâce au fort appui des sénateurs dirigés par Verwoerd. En mars 1958, le droit de vote est abaissé de 21 à 18 ans, pour les élections du 16 avril 1958, qui marquent une nouvelle poussée nationaliste. Mais le 24 août, Strijdom meurt, et le 2 septembre, Verwoerd devient Premier ministre.

Premier ministre : vers la République

L'année 1960 est un tournant. En février, le Premier ministre britannique en visite au Cap critique la politique de développement séparé, ce qui exaspère Verwoerd, qui relance le projet de création d'une République sud-africaine totalement libérée du joug de l'impérialisme britannique.

La contestation noire s'affirme et le 21 mars, à Sharpeville (township noir de Vereeniging, au sud de Johanensburg), la police tire sur la foule, sous la pression de l'ANC et du PAC. Des émeutes éclatent et Verwoerd proclame l'état d'urgence. L'ANC et le PAC sont dissous, ses militants sont arrêtés ou s'exilent. En ces heures difficiles, Verwoerd fait face avec sang-froid et brise le mouvement insurrectionnel.

Le 9 avril, David Pratt, un fermier britannique hostile à l'Apartheid, tente d'assassiner le Premier ministre, au Milner Park de Johannesburg, mais celui-ci réchappe à l'attentat, ce qui le confirme dans sa volonté de continuer sa politique. Le 5 octobre, par référendum, 52,2% des Blancs approuvent la transformation du pays en République, qui est proclamée par Verwoerd le 31 mai 1961, exactement seize jours après le retrait sud-africain du Commonwealth.

Durant les "Années Verwoerd", l'Afrique du Sud va connaître la plus forte croissance économique de son histoire et mettre en place une grande partie des structures économiques qui constituent encore aujourd'hui le cœur du tissu industriel et le moteur de la puissance du pays. Verwoerd élimine l'inflation et le chômage des Blancs, dote son pays d'un centre de recherche nucléaire, fait créer un réseau hydroélectrique par de grands barrages, développe les structures médicales (en 1967, la 1ère greffe mondiale du cœur aura lieu au Cap), crée des industries métallurgiques et pétrochimiques, organise une industrie nationale d'armements, fait étendre le réseau de télécommunications...

Cependant, ces transformations économiques qui font de l'Afrique du Sud un pays développé entraînent également des transformations sociologiques au sein de la population blanche elle-même, qui s'embourgeoise. La natalité afrikaner va baisser rapidement après 1966, avec pour conséquence la diminution progressive de la proportion des Blancs dans la population totale du pays, cause numéro un de la chute finale du régime d'Apartheid en 1994...

Parallèlement à ces transformations, Verwoerd décapite l'opposition noire. Arrêtés dans une ferme à Rivonia, au nord de Johannesburg, les principaux chefs de l'ANC (dont Mandela et Sisulu) et de sa branche armée, le MK, sont condamnés à la prison à vie, lors du "Procès de Rivonia", en juin 1964.

Une politique sécuritaire payante aux yeux de l'électorat blanc. Il intègre ainsi en 1963 deux ministres anglophones dans son gouvernement, une première depuis 1948, dans la logique du Verafrikaansing, l'"afrikanérisation" des Blancs non-afrikaners.

Parallèlement, dans le domaine des relations extérieures, Verwoerd est très actif. Les liens sont resserrés avec les États-Unis, mais surtout avec la France, avec qui l'Afrique du Sud développe d'importantes relations commerciales et militaires, puis également avec la Rhodésie blanche, après son indépendance en 1965. Face à l'impérialisme soviétique, des contacts sont noués avec les régimes militaires anticommunistes d'Amérique du Sud (projet d'OTAS, pendant de l'OTAN dans l'Atlantique Sud), avec le Japon, Taïwan et Singapour. Par contre, Verwoerd refuse toute alliance avec Israël, au grand dam du complexe militaro-industriel et des services secrets militaires (le DMI), dirigés par HJ Van den Bergh.

Secondé par ses deux Ministres des affaires étrangères successifs (Eric Louw, puis Hilgard Muller), Verwoerd initie une politique de détente avec l'Afrique noire modérée fraîchement décolonisée (detente policy): Malawi, Madagascar, îles de l'Océan Indien, Mali, Côte d'Ivoire, Centrafrique, etc., qui se poursuivra sous son successeur BJ Vorster, qui est son Ministre de la Justice et de la Police depuis 1961.

Après les élections législatives du 30 mars 1966, Verwoerd est au faîte de sa puissance, et il définit son parti, le NP, le Parti national, comme "la Nation en mouvement". Il célèbre triomphalement le cinquième anniversaire de la proclamation de la République, par un immense défilé militaire à Pretoria, suivi par quelque 500 000 personnes.

Assassinat

Le mardi 6 septembre 1966 « en direct, devant l’ensemble des députés, médusés, un homme en uniforme bleu d’huissier, surgi de nulle part, sort un couteau dissimulé dans ses vêtements, et frappe violemment le Premier Ministre de quatre coups dans la poitrine »[1].

L'assassin est un métis, huissier au Parlement, nommé Demetrios Tsafendas. Il sera officiellement reconnu fou et condamné à la prison à vie (il mourra en 1999).

Verwoerd décède dans les minutes suivant l'attentat, et est enterré le 10 septembre au Carré des Héros (le Heroes' Acre) de Pretoria.

Enquête

La Justice sud-africaine a refermé le dossier très rapidement, et le mystère subsiste quant aux réels commanditaires du meurtre. Cependant, il est probable que derrière le couteau de Tsafendas se soit tramé un complot impliquant l'aile réactionnaire du Parti national (autour de BJ Vorster) mécontente du chemin ethnodifférencialiste (impliquant des sacrifices financiers de la part des Blancs) suivi par Verwoerd; et les services secrets militaires, favorables à l'alliance avec Israël. Le 13 septembre BJ Vorster devient Premier ministre. Il sera à l'origine des premiers infléchissements de la politique de développement séparé menée par Verwoerd et incarnera les premières trahisons envers le nationalisme afrikaner, ce qui aboutira à la création en octobre 1969 du HNP (Herstigte Nasionale Party van Suid-Afrika), le Parti national reconstitué, par des nationalistes verwoerdistes (Albert Hertzog, Jaap Marais, Louis Stofberg, Willie Marais).

Postérité

Statue du Dr Verwoerd à Orania

Pour beaucoup d'Afrikaners, Verwoerd reste le "Père de la Nation", et dans le village blanc d'Orania, dirigé par son gendre, le Pr Carel Boshoff, sa statue domine toujours les hauteurs du village, au sein duquel un Musée lui est consacré.

Source

  • Pierre-Olivier Sabalot, Verwoerd, le prophète assassiné, Éditions du Camas, Marseille, 2009, 226 p. ISBN 978-2-7466-0477-3 (seule biographie complète disponible en français)

Liens externes

Notes et références

  1. Pierre-Olivier Sabalot, Verwoerd, le prophète assassiné, Éditions du Camas, Marseille, 2009, 226 p., p. 183.