Georges Habache

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Georges Habache dans les années 1970
Georges Habache
Affiche célébrant le 38° anniversaire de la création du FPLP
Affiche japonaise de soutien au FPLP
Affiche du FPLP
Georges Habache (2 août 1926 - 26 janvier 2008) fut un militant du nationalisme pan-arabe; il défendait des thèses en beaucoup de points similaires à celles des nationalistes-révolutionnaires européens.

Biographie


Georges Habache est né à Lydda en Palestine (renommé « Lod » par l’entité sioniste), dans une famille de commerçants grecs orthodoxes. En 1948, alors qu’il suit des études de médecine à l’université américaine de Beyrouth, la milice sioniste déclenche le « Plan Dalet »: son but est de nettoyer ethniquement la Palestine. Selon les propres termes de ses concepteurs, ce plan doit être mené « soit en détruisant les villages (en y mettant le feu, en les dynamitant et en déposant des mines dans leurs débris) dans le cas de centres de population difficiles à maîtriser ou en montant des opérations de ratissage et de contrôle selon les lignes directrices suivantes : encerclement du village et enquête à l’intérieur; en cas de résistance, la force armée doit être anéantie et la population expulsée hors des frontières de l’État. »

À l’époque Lydda compte trente mille habitants. Du 7 au 18 juillet 1948, la Haganah lance une opération contre cette ville, ainsi que contre Ramle et les soixante-quinze villages de l’agglomération, sur la route conduisant de Tel-Aviv à Jérusalem. Les miliciens ordonnent aux civils de quitter leurs maisons dans l’heure sous peine de mort. Pour se faire obéir, ils abattent ici et là ceux qui protestent. Sous une chaleur exténuante, la population fuit à pied, tandis que les miliciens les harcèlent. Des centaines de femmes et d’enfants sont tués. L’épisode est resté dans les mémoires sous le nom de « la marche de la mort de Lydda ». Au total, en six mois d’opérations terroristes similaires, ce sont huit cent mille Palestiniens qui prennent le chemin de l’exil. C'est ce qu'on nomme la Nakba. Ultérieurement, l’entité sioniste constatera leur absence de leurs maisons et confisquera leurs biens « abandonnés » pour les attribuer à des colons juifs.

Georges Habache assiste impuissant aux massacres et à l’exode. Réfugié à Beyrouth, il fonde alors, avec un autre étudiant palestinien grec orthodoxe, Waddie Haddad, les Jeunesses de la vengeance, un groupe armé clandestin laïque visant à faire pression sur les élites palestiniennes en éliminant ceux qui collaborent avec l’occupant sioniste. Il prend alors le nom de guerre d’al-Hakim (« le médecin », mais aussi « le sage »).

Ayant obtenu brillamment son doctorat et sa spécialisation en pédiatrie, Georges Habache part soigner les réfugiés dans un camp en Jordanie, avant d’ouvrir un dispensaire à Amman. En 1952, avec Hani al-Hindi (syrien), Ahmed el-Khatib (koweïtien) et Waddie Haddad (palestinien), il fonde le Mouvement des nationalistes arabes. Le but de l’organisation est ainsi défini : « Tant que n’existera pas l’État unifié regroupant l’Irak, la Jordanie et la Syrie (comme premiers pas), notre confrontation avec les sionistes et l’alliance occidentale sera quasiment impossible. » Les membres fondateurs du MNA se dispersent alors pour fonder des branches en Irak, en Syrie, en Jordanie, au Koweït et à Aden. Georges Habache essaie de mener une activité politique légale en se présentant aux élections législatives jordaniennes de 1956. Il est battu. La proclamation de la loi martiale en avril 1957 l'oblige à entrer dans la clandestinité : plusieurs attentats à la bombe ayant été attribués au MNA, il est condamné à trente-trois ans de prison par contumace.

Il s’installe alors à Damas, au moment de la constitution de la République arabe unie entre l’Égypte et la Syrie. Il développe bientôt des théories contraires à celles du Fatah qui est créé en 1959. L’essentiel, selon lui, pour la « libération de la Palestine », n’est pas la mobilisation des Palestiniens eux-mêmes, mais l’engagement des pays arabes contre Israël, le rôle des Palestiniens devant se borner à être celui d’un « catalyseur ».

En 1964, le MNA crée une branche palestinienne qui agit à partir de Beyrouth, où le Dr Habache s’est installé. Elle mène sa première action armée en 1966.

La guerre de 1967, qui porte un coup sérieux au prestige de Nasser, frappe de plein fouet le MNA. Celui-ci disparaît, emporté par le naufrage de l’idée pan-arabe que le Raïs égyptien incarnait. Le MNA donne alors naissance au Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) qui fédère de nombreux groupes de résistants laïques, sur une base à la fois nationaliste arabe et révolutionnaire, et dont Georges Habache est le secrétaire-général.

Le FPLP s’impose face au Fatah de Yasser Arafat comme la plus radicale des grandes organisations de la résistance palestinienne. Pour sensibiliser l’opinion publique mondiale à la cause palestinienne, il conduit des opérations spectaculaires de détournement d’avions de la compagnie El-Al, puis Waddie Haddad étend ces opérations hors de Palestine, créant pour cela le FPLP-Opérations extérieures. Haddad recrute alors un agent hors pair : le Vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez (alias « Carlos »).

Le 6 septembre 1970, le FPLP-OE détourne simultanément quatre avions suisse, israélien, états-unien et bahreini et les pose sur la piste désaffectée de la base militaire britannique de Dawson, dans le désert jordanien. Il convoque la presse internationale dans ce qui est devenu « l’Aéroport de la Révolution » et réclame la libération de tous les résistants palestiniens incarcérés dans les différents pays concernés en échange de la libération des otages. Aux États-Unis, le président Nixon renonce à intervenir militairement, tandis qu’au Royaume-Uni Edward Heath accepte de négocier. Les forces jordaniennes, quant à elles, s’avèrent incapables de maîtriser la situation. La population du royaume, qui est à 80 % palestinienne, est sur le point de se soulever. Partout les liens de la monarchie hachémite avec les Anglo-Saxons et les sionistes sont contestés. Le régime vacille. Le 16 septembre, le roi Hussein décide d’écraser la révolution : il décrète la loi martiale, attaque le quartier général des organisations palestiniennes à Amman et prend d’assaut les camps de réfugiés qui viennent de proclamer leur indépendance. Le 27 septembre, un cessez-le-feu est négocié par le président égyptien Gamal Abdel Nasser, et signé au Caire par Yasser Arafat et par le roi Hussein. Mais, le lendemain, Nasser décède d’une « crise cardiaque » et les combats reprennent. En définitive, l’armée royale jordanienne triomphe dans le sang .

La dynastie hachémite ayant retrouvé le contrôle de la Jordanie, les combattants palestiniens reprennent le chemin de l’exil et se regroupent dans les camps de réfugiés libanais.

Après cette lourde défaite, le FPLP infléchit ses orientations. Il renonce, en 1972, aux « opérations à l’extérieur », préférant concentrer ses coups au sein de l’entité sioniste, sans établir de distinction entre objectifs militaires et cibles civiles. Habache devient la bête noire des Israéliens. Au point qu’en 1973, le Mossad détourne un avion de ligne Beyrouth-Bagdad croyant qu’il est à son bord, mais ne l’y trouve pas. Après 1973, le FPLP est au cœur de l’opposition aux nouvelles orientations de l’OLP. Georges Habache condamne l’idée d’un mini-État en Cisjordanie et à Gaza ; il s’oppose à la tenue de la conférence de Genève et au voyage de Yasser Arafat aux Nations unies ; il attaque violemment l’URSS, coupable à ses yeux de pousser l’OLP dans la voie de la capitulation. Ses seuls alliés sur la scène internationale, à l’époque, sont l’Irak et la Libye. Les pays communistes, bien qu'ils l'aient accueilli à plusieurs reprises, ne lui sont pas favorables et les Soviétiques lancent, en 1974, une campagne contre lui, le traitant de « pseudo-révolutionnaire ».

Après la signature des accords de Camp David, l’unité palestinienne se ressoude mais le FPLP, qui a quitté le Comité exécutif en 1974, ne le réintègre qu’en 1981. Les divergences restent profondes entre le FPLP et le Fatah, et éclateront après 1982. Georges Habache se retrouve à nouveau au centre d’une coalition anti-Arafat : le Front de salut national palestinien, auquel participent également les dissidents du Fatah, la Saïka et le FPLP-Commandement général d’Ahmad Jibril. Pourtant, contrairement à ces groupes, il ne refuse pas de participer au CNP d’Alger d’avril 1987 — à l’issue duquel il rejoint à nouveau les organes exécutifs de l’OLP — et à ceux de novembre 1988 et de septembre 1991. S’il rejette certaines décisions de cette dernière session, en particulier l’acceptation de la résolution 242, il déclare vouloir maintenir l’unité palestinienne.

Lors de la signature de l’accord d’Oslo, en 1993, Georges Habache constitue à Damas un front du refus et l’élargit aux groupes islamistes, tels que le Hamas et le Jihad. Mais pragmatique, croyant que les accords d'Oslo sont devenus une réalité incontournable, il répond positivement, en 1999, à l’offre de dialogue de l’Autorité palestinienne à la veille de l’échéance sur le statut final des territoires palestiniens. L’Autorité et l’opposition se mettent d’accord sur les « constantes palestiniennes » : la création d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale, le démantèlement des colonies israéliennes, le retour des réfugiés dans leurs foyers et la réactivation de l’OLP « en tant que cadre de l’action politique palestinienne ». Israël accepte alors le retour du FPLP et de ses cadres dans les territoires occupés à condition qu’ils renoncent à la lutte armée.

En juillet 2000, Moustapha al-Zibri, alias Abou Ali Moustapha, succède à Georges Habache au poste de secrétaire-général. Un an plus tard, en août 2001, le nouveau chef du FPLP est victime de la politique de liquidation israélienne. L’organisation, jusque là peu active dans la seconde intifada, engage alors une série de représailles, dont de nombreux attentats-suicides et l'assassinat en octobre de Rehavam Zeevi, ministre du tourisme israélien au discours radical prônant le transfert des Palestiniens dans les pays arabes. Le nouveau chef du FPLP, Ahmad Saadat, représentant l'aile la plus radicale du mouvement, est à la suite de cette action arrêté par l’Autorité palestinienne en janvier 2002 et, le 14 mars 2006, enlevé par l’armée de l’entité sioniste qui prend d’assaut la prison de Jéricho où il était détenu.

Bien que Georges Habache refusât à titre personnel de se rendre en Palestine occupée pour ne pas légitimer l’Autorité palestinienne, le FPLP participa aux élections législatives de 2006 (4,1 % des voix et trois élus).