Bertrand Dutheil de la Rochère

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Bertrand Dutheil de la Rochère est un militant nationaliste de gauche.

Membre fondateur du Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement, Bertrand Dutheil de La Rochère a été directeur des cabinets de Georges Sarre et de Jean-Pierre Chevènement et a travaillé en tant que chef du service de presse au Service d'information et de relations publiques des armées (Sirpa). Ce cadre à EDF fut également secrétaire national à la communication au Mouvement républicain et citoyen ainsi que premier secrétaire-adjoint de la fédération MRC de Paris et comité scientifique de la Fondation Res publica.

En septembre 2011, il apporta son soutien à la candidature de Marine Le Pen à la présidence de la République en publiant Lettre ouverte aux républicains de gauche et en rejoignant son équipe de campagne. En conséquence, il fut exclu tant du MRC que de la Fondation Res publica.

Texte à l'appui

Lettre ouverte aux républicains de gauche (Paris, le mardi 27 septembre 2011)

Chers camarades,

Ayant participé à la fondation du Mouvement des Citoyens (MDC), puis à sa transformation en Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), ayant aussi appartenu par intermittence au secrétariat national de ces formations, je me suis résolu à soutenir la candidature de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2012. Ce choix, qui, à première vue, peut en étonner certains, s’inscrit pourtant pleinement dans une cohérence politique et dans une continuité militante.

Il y une décennie, avec le Pôle républicain, Jean-Pierre Chevènement avait essayé de créer un outil politique adapté à l’ère historique nouvelle qui s’ouvrit après la chute du mur de Berlin. Il fit jaillir une étincelle. Mais ce rassemblement au-dessus de la droite et de la gauche ne fut pas assez large. Il fut donc éphémère. Depuis, « le système du pareil au même » s’est perpétué, laissant dans tous les domaines prospérer les dérives que nous dénoncions déjà en 2002. Aujourd’hui, la crise se manifeste avec violence. Un peu partout, les pyromanes se prennent pour des pompiers en jetant de l’huile sur le feu par leur politique d’austérité, ajoutant de la dette à la dette.

Les forces dites par habitude de gauche se sont, plus que jamais, figées dans un conservatisme borné. Le Parti socialiste, donnant ses dirigeants tant au FMI qu’à l’OMC, est acteur d’une mondialisation sans frontière. Seul Arnaud Montebourg apporte quelques restrictions verbales, mais il reste prisonnier du programme de son parti. Avec leur obscurantisme, leur scientisme inversé, leur individualisme libertaire et leur culte quasi animiste d’une nature dont l’homme ne serait que le prédateur, les verts sont les réactionnaires de notre temps. Enfin, les restes du Parti communiste tentent désespérément de survivre en se mettant à la remorque d’un politicien issu de la même secte trotskyste que Lionel Jospin.

Je ne parlerai pas des forces que nous qualifions, depuis toujours, de droite, même quand elles se disent centristes : elles s’obstinent dans leur européisme. Certes, par son parcours courageux et par ses idées proches des nôtres, Nicolas Dupont-Aignan échappe à cet ensemble. Il peut légitimement être tentant de le rejoindre. Mais sa notoriété est si faible que sa tentative est vouée à n’être qu’une impasse s’il devait la poursuivre jusqu’au bout.

De son côté, Jean-Pierre Chevènement s’est donné jusqu’à la fin de l’hiver pour décider de son éventuelle candidature. S’il devait se présenter, il sera inévitablement condamné à un résultat médiocre, inférieur à celui de 2002. Or, malgré ce nombre réduit de suffrages, il pourrait empêcher, au second tour, la présence d’un candidat de restauration républicaine. Il serait alors réduit soit au silence, soit à un rôle de supplétif du candidat socialiste. Il n’éviterait pas que ce scrutin se limite à un concours de beauté entre mannequins européistes.

Alors, ne nous laissons pas intimider par la bienpensance. Dans la situation actuelle, Marine Le Pen est le seul candidat qui allie un programme républicain à une possibilité, bien que faible, de l’emporter. Lui dénier sa sincérité, c’est un procès d’intention intéressé qui prive de débouché politique les Français qui ont rejeté la constitution européenne, le 29 mai 2005, choix que précisément l’UMP et le PS ont bafoué en ratifiant le traité de Lisbonne. N’est-ce pas eux qui menacent ainsi la démocratie ? N’est-ce pas dans leurs rangs que certains proposent de mettre sous tutelle le peuple grec ? Et pourquoi pas demain le peuple portugais, le peuple irlandais, le peuple espagnol, le peuple italien, le peuple belge et, à la fin, le peuple français ?

Soyons sûrs que, si, par malheur, l’un ou l’autre des candidats des partis établis devait être élu ou réélu, le démantèlement de la République se poursuivrait et serait même accentué. Les instances supranationales, surtout européennes, les autorités dites indépendantes, parce qu’indépendantes du suffrage universel, et une décentralisation, ouvrant la voie à toutes les dérives, finiraient de priver le peuple français de sa souveraineté, déjà bien entamée. Plus que jamais les marchés, les banques et autres agences de notation pèseraient sur notre vie quotidienne.

La manière dont ceux-ci spéculent grâce au vice de conception à l’origine de l’euro montre que la seule solution est de sortir, sans tarder, de l’impasse de Maastricht. En effet, cette monnaie unique recouvre des réalités économiques trop différentes. Négocions donc sa fin inévitable plutôt que d’attendre sa disparition dans de violentes convulsions. Une monnaie commune peut être une solution qui permettrait d’éviter une secousse trop brutale. L’Allemagne, qui a été sur tous les plans la grande bénéficiaire de Maastricht, a maintenant intérêt, pour éviter de payer, à sortir de l’expédient qui lui a permis de faire accepter sa réunification. Toute autre proposition n’est que palliatif qui aggraverait la crise. Le retour à une monnaie nationale permettra d’engager la réindustrialisation de la France par la reconstitution d’un secteur public, qui sera à la fois notre fonds souverain pour assurer l’indépendance nationale, notre fonds de pension pour garantir la retraite par répartition et le cœur du service public pour favoriser l’égalité tant entre les citoyens qu’entre les territoires.

En même temps, il convient de ne pas oublier l’École, qui, en éduquant les citoyens, constitue le creuset de notre identité nationale. Il faut remettre en son centre la transmission des connaissances et rétablir l’autorité des maîtres.

Je n’ignore pas les objections que certains d’entre vous ne vont pas manquer de soulever.

Vous pensez bien que je les ai examinées dans mon for intérieur. Je ne les ai pas trouvées pertinentes.

Connaissant vos interrogations, j’aborderai donc de front le thème l’immigration. Vouloir limiter le nombre de travailleurs étrangers en France, quand notre pays connaît depuis des décennies un chômage de masse, non seulement relève du bon sens, mais participe de la protection des salaires et de notre système social. La position inverse tant de Laurence Parisot que de Dominique Strauss-Kahn ne peut que conforter cette opinion. Quant à vouloir régulariser le moindre « sans-papier », c’est susciter des vocations en Afrique et en Asie, avec tous les risques qu’encourent ceux qui partent ainsi à l’aventure. L’humanisme n’est pas dans la commisération tapageuse, mais dans le réalisme politique.

Ne craignons pas de défendre la laïcité. Les islamistes se battent pied à pied pour introduire leurs pratiques religieuses dans l’espace public et pour contraindre ceux qu’ils considèrent comme leurs coreligionnaires à s’y conformer. Au-delà du chantage que leur permettent les prières de rue, ils cherchent à imposer l’observance du Ramadan ou tentent d’obtenir des salles pour les cinq prières quotidiennes. N’oublions pas non plus que, dans des pays anglo-saxons, de hautes autorités ont proposé que la charia soit appliquée aux ressortissants musulmans. La République doit traiter de cette question complexe, sans fausse pudeur, pour que toutes les religions demeurent dans la seule sphère privée, où elles peuvent alors se pratiquer librement par tout individu qui le souhaite.

Pour le reste, tout choix électoral repose sur un acte de confiance. Pour ma part, le soutien que j’apporte à Marine Le Pen n’est pas aveugle, il est lucide et rationnel. Le Front national n’est pas notre famille politique. Je n’y adhère donc pas. Mais, peut-être, pourrions-nous envisager de fonder notre propre formation ? Nous marcherions côte à côte, et nous gagnerions ainsi ensemble.

Vous voyez, le combat peut continuer dans des formes et avec des partenaires dont la fréquentation nous aurait tous, pour le moins, étonnés, il y a quelques années. Mais, aujourd’hui, ne l’oublions pas, ceux qui menacent, en France, la République et la démocratie sont ceux qui se moquent du résultat d’un référendum qu’ils ont perdu ou qui veulent mettre sous tutelle les peuples qu’ils ont entraînés dans la spirale infernale de la dette pour les river à leur monnaie unique.

Soyez donc sûrs, Chers Camarades, de ma ferme volonté de poursuivre, je l’espère avec vous, le combat que nous avons mené ensemble pour la France et pour la République.

Bertrand Dutheil de La Rochère Premier secrétaire-adjoint de la fédération de Paris du MRC