Non-conformistes

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On désigne sous le nom de « non-conformistes de années 30 » une nébuleuse d'inspiration «personnaliste», apparue dans les années 1930-1934 et animée par de jeunes intellectuels qui avaient la volonté de situer leur « engagement » en marge des mouvements établis.

On peut y distinguer trois courants :

  1. celui de la revue Esprit qui se constitue à partir de 1931 autour d'Emmanuel Mounier.
  2. celui de L'Ordre nouveau créé sous l'impulsion d'Alexandre Marc fondé sur la réflexion de Robert Aron et d'Arnaud Dandieu, mort subitement en 1933.
  3. ce que Mounier appellera la Jeune Droite rassemblera de jeunes intellectuels formés à l'Ecole de l'Action française, Jean de Fabrègues, Jean-Pierre Maxence,Thierry Maulnier, autour des revues Les Cahiers, Réaction, La Revue Française, La Revue du Siècle.

Face à ce qu'ils percevaient comme une "crise de civilisation", ces jeunes intellectuels présentaient, malgré certaines divergences, un "front commun", en rupture avec le "désordre établi" que leur semblaient représenter les institutions capitalistes et parlementaires d'une société libérale et individualiste. Les institutions leur paraissaient aussi fragiles et "inhumaines" que les fondements culturels en proie à un matérialisme et un nihilisme destructeurs. Refusant parallèlement les tentatives "étatistes" de réponse "totale" du communisme ou du fascisme, ils avaient l'ambition de susciter une "révolution spirituelle", transformant simultanément les choses et les hommes. Ils développèrent une conception "personnaliste" de l'homme et de ses rapports avec la nature et la société, devant déboucher sur la construction d'un "ordre nouveau", au-delà de l'individualisme et du collectivisme, orienté vers une organisation "fédéraliste", "personnaliste et communautaire" des rapports sociaux.

Après 1934, face aux événements, les itinéraires de ces intellectuels divergeront. Pourtant leur influence ultérieure n'est pas négligeable, quoiqu'un peu diffuse. Sur la lancée des débats intellectuels de l'avant-guerre, certaines des expériences "communautaires" du régime de Vichy (politique de la jeunesse, Jeune France, Uriage) comme certains programmes de la Résistance (Combat, Défense de la France, l'OCM) ne seront pas sans voir reparaître les hommes et les idées des années 30.

Après la guerre, nombre de ces non-conformistes, marqués par l'antitotalitarisme et la division du monde en blocs, verseront dans les mouvements atlantistes et fédéralistes européens. Esprit, tout en prenant ses distances avec une partie de son héritage, contribuera à l'avènement d'une "nouvelle gauche" et ne sera pas sans influence sur ce que dans les années 1980 on appellera la "deuxième gauche". De même qu'après 1968, certains courants écologistes se rattacheront à cet "esprit des années 30" avec Denis de Rougemont ou Jacques Ellul. Cette influence s'est aussi exercée sur le courant de la démocratie chrétienne et ses prolongements. Au-delà de la France, les non-conformistes trouveront aussi une audience, au Québec ou parmi les milieux de dissidents de l'Europe de l'Est, tandis qu'il ne sera pas étranger à l'évolution de la réflexion des milieux catholiques durant la seconde moitié du XXe siècle.

Les orientations intellectuelles et politiques des non-conformistes des années 30 et leur engagement ultérieur ont fait l'objet d'interprétations diverses et controversées. Certains (Zeev Sternhell, Bernard-Henri Lévy) y ont vu notamment une forme particulièrement sophistiquée de "fascisme français". Cette thèse, qui a bénéficié d'une certaine audience médiatique, a été anéantie par la recherche en raison de son caractère paranoïaque, négligeant et reconstruit.

Bibliographie

  • Les non-conformistes des années 30, Jean-Louis Loubet Del Bayle, Seuil/Point Histoire, 2001.
  • Jean de Fabrègue et la jeune droite, V. Auzépy-Chavagnac, PU du Septentrion, 2002.
  • Thierry Maulnier, Biographie, E. de Montety, Julliard.
  • La Révolution nécessaire, Robert Aron, A. Dandieu, JM Place
  • Histoire politique de la Jeune Droite, Nicolas Kessler