Armées blanches

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Garde blanche
Avance maximale des armées blanches
Par Armée blanche (Белая Армия), ou armées blanches, voire Garde blanche, on désigne ordinairement les diverses formations militaires ayant combattu le pouvoir bolchevique en Russie de 1918 à 1922 lors de la guerre civile. Si leur but premier était le renversement du nouveau régime, certains de leurs chefs continuaient à se référer au pouvoir issu de la révolution de Février, tandis que la majorité d'entre eux aspiraient au retour à l'autocratie.


Présentation

Le mouvement blanc va rassembler des gens de tous bords unis sur deux idées maîtresses : 1) l’opposition à la révolution bolchevique et à la prise du pouvoir par des criminels internationaux ; 2) le maintien de l’entité territoriale du pays. Ces principes se sont incarnés dans le vaste et en fait unique slogan du Mouvement blanc : « Pour la Grande Russie, Une et Indivisible ! » Après leur prise du pouvoir, les bolcheviques disposent de l’ensemble des énormes réserves de l’armée russe, de toute l’industrie militaire et des principales ressources humaines. Ils vont disposer d’une capacité illimitée de mobilisation et de transport des forces sur les lignes intérieures, d’un front vers l’autre. C’est bien pourquoi le Mouvement blanc n’avait que fort peu de chances de succès. Il va commencer par s’organiser spontanément aux frontières du pays, sans moyens financiers ni matériels. Au début, les Blancs n’ont que les armes prises aux bolcheviques, et leur mouvement tient seulement grâce à l’exaltation de ses membres. Dans ces conditions, ce n’est pas leur défaite qui est étonnante, mais le fait qu’ils aient pu résister plusieurs années à un adversaire si puissant et même créer des situations où battre définitivement les bolcheviques s’avérait possible. La création des fronts « blancs » prend place entre la fin de 1917 et l’été 1918, leurs caractéristiques dépendant des conditions locales.

Aux sources. La « campagne de Glace »

Colonel Alexandre Pavlovitch Koutiepov
Le germe de l’Armée blanche du sud de la Russie est l’organisation Alekseiev, créée par le général Mikhaïl Vassilievitch Alekseiev quelque temps avant la révolution bolchevique, lorsque celle-ci apparaît inévitable. Le 30 octobre 1917, le général Alekseiev appelle tous les officiers et les junkers (élèves officiers) à se préparer au combat. Quant à lui, il se rend à Novotcherkassk où il arrive le 2 novembre. Cette date est considérée comme celle de la création de l’Armée des volontaires. À partir de ce jour, la ville va voir affluer les volontaires, principalement des officiers. Le général Alekseiev et les six à douze personnes arrivées avec lui vont loger à l’hôpital n° 2, au 39 de la rue Barotchnaya, qui devient le berceau de l’Armée des volontaires. Le 4 novembre est formée la compagnie combinée d’officiers. Chaque jour, ce sont 75 à 80 volontaires qui viennent s’inscrire. Dans la deuxième moitié de novembre, l’organisation se compose de trois unités : la compagnie combinée d’officiers (environ 200 hommes), le bataillon des junkers (plus de 150 hommes) et la batterie d’artillerie combinée Michel et Konstantin. À ce moment-là, l’organisation se compose d’un tiers d’officiers, d’une moitié de junkers et d’un dixième de jeunes étudiants. Vers la fin novembre-début décembre 1917, à la demande de l’ataman des Cosaques du Don A.M. Kaledine, des groupes de volontaires prennent Rostov et la débarrassent des révolutionnaires bolcheviques. Le 19 décembre arrive à Novotcherkassk un détachement du régiment de choc « Général Kornilov ». Fin décembre sont également mis sur pied les 1er et 2e bataillons d’officiers, ceux de junkers, d’étudiants et de chevaliers de Saint-Georges, la division de cavalerie du colonel Guerchelman ainsi que la compagnie du génie. À partir du 30 décembre, le détachement formé par les compagnies combinées de ces unités est placé sous le commandement du colonel Alexandre Pavlovitch Koutiepov face à Taganrog.

Le 26 décembre, les troupes de l’organisation Alekseiev prennent officiellement le nom d’Armée des volontaires à la tête de laquelle est nommé le général Lavr Gueorguievitch Kornilov arrivé à Novotcherkassk le 6 décembre. Alekseiev, quant à lui, ne s’occupe plus que de la partie financière et politique. Le 27 décembre, l’armée prend ses nouveaux quartiers à Rostov. Jusqu’à la première campagne du Kouban, l’Armée des volontaires est composée de plusieurs unités majoritairement constituées d’officiers. Ce sont : les 1er, 2e et 3e bataillons d’officiers, les 3e (de la Garde) et 4e compagnies d’officiers, le bataillon de Saint-Georges, la compagnie des marins de la flotte, le bataillon des junkers, le détachement du général A.N. Tcherepov, la compagnie des officiers de Rostov, le détachement d’officiers du colonel V.L. Simanovsky, le bataillon indépendant d’étudiants, la compagnie technique, la division de choc des cavaliers du Caucase, la 3e école d’aspirants de Kiev, la division d’officiers de Taganrog et la 1re division de cavalerie.

Le 9 février 1918 (le sud de la Russie et la Crimée jusqu’à l’évacuation vont conserver l’ancien calendrier), l’Armée des volontaires quitte Rostov pour sa légendaire première campagne du Kouban (la campagne de Glace) et marche sur Ekaterinodar. Elle se compose de 3.683 combattants et 8 canons, ce qui, avec le train et les civils, représente plus de quatre mille personnes. Au début de la campagne, l’armée est réorganisée à la stanitsa Olguinskaya (les bataillons sont transformés en compagnies ; les compagnies, en sections) et se compose ainsi : le régiment combiné d’officiers (général S.L. Markov), le régiment de choc Kornilov (colonel M.I. Nejentseff), le régiment de partisans (général A.P. Bogaïevski), le bataillon spécial de junkers (général A.A. Borovski), la division d’artillerie (4 batteries), le bataillon du génie tchèque avec la section russe de Galicie, la compagnie technique, le détachement monté du colonel P.V. Glazenap, le détachement monté du colonel V.S. Guerchelman, le détachement monté du lieutenant-colonel A.A. Kornilov, la compagnie de sécurité de l’état-major de l’armée, l’escorte du commandant de l’armée, l’infirmerie de campagne.

Première campagne du Kouban

C’est au Kouban que naît le deuxième foyer de résistance des Blancs où fin 1917 se forment également des détachements de volontaires pour combattre les bolcheviques. Le 6 décembre, l’adjudant-chef P.A. Galaiev achève de former le premier détachement (135 puis 350 hommes avec 2 canons et 6 mitrailleuses) ; le 2 janvier 1918 voit la formation du détachement du capitaine V.L. Pokrovski (environ 200 puis 350 hommes avec 2 canons et 4 mitrailleuses). À la mi-janvier sont formés la batterie du capitaine de Cosaques A.K. Korsoun et le détachement mixte du colonel S.G. Oulagaï. Le 20 janvier, le « détachement pour le salut du Kouban » est mis sur pied par le colonel N.N. Lessevitsky (800 hommes avec 2 canons et 4 mitrailleuses). Des formations plus modestes voient également le jour. Le premier combat des volontaires contre les Rouges a lieu le 22 janvier aux environs de la stanitsa d’Enem. Le détachement de Pokrovski compte alors 120 à 160 hommes. Plus tard, réuni à celui de Galaieff, il va tenir le front face à la stanitsa Tikhoretskaya tandis que le détachement du colonel Lessevitsky tient celui de la stanitsa Kavkazskaya. Le détachement du capitaine Raïevski avance, lui, en direction de Timachevsk ; les détachements d’Oulagaï et de Sultan Krym Guireï opèrent sur la rive gauche du fleuve Kouban.

Le 22 février, lors d’une réunion chez le colonel A.P. Filimonov, ataman du Kouban, l’abandon d’Ekaterinodar est décidé. Le 1er mars, les unités sortent de la ville et sont réorganisées de façon à former : le 1er régiment de tirailleurs, une batterie, le régiment monté de Tcherkesses, le détachement monté du colonel Kouznetsoff, le détachement monté du colonel N.M. Demianik, le détachement de Plastounes (infanterie cosaque) de S.G. Oulagaï, le détachement du Kouban, la sotnia autonome du génie du Kouban, l’escorte du commandant du détachement, l’infirmerie du Kouban, le train. Le 14 mars, les troupes du Kouban (en tout 3.300 combattants) rejoignent l’Armée des volontaires. Suite à ces ralliements, l’armée est remaniée. La 1re brigade d’infanterie (général Markov) comprend le régiment des officiers et le régiment de tirailleurs du Kouban, la 1re compagnie du génie et la 1re batterie indépendante ; la 2e (général Bogaïevski) comprend le régiment Kornilov et le régiment de partisans, le bataillon de Plastounes (du Kouban), la 2e compagnie du génie (du Kouban) et la 2e batterie autonome ; la brigade de cavalerie comprend le régiment monté et celui des Tcherkesses, la division montée du Kouban (transformée plus tard en régiment) et la batterie d’artillerie à cheval (du Kouban). Du 28 au 31 mars, l’armée tente sans succès de prendre Ekaterinodar (à un contre dix Rouges). Après la mort de Kornilov, le général Anton Ivanovitch Denikine prend le commandement. Combattant sans cesse ses poursuivants, l’armée réussit à s’ouvrir la voie vers le Don où les Cosaques ont commencé à se soulever.

L’Armée des volontaires a entamé la première campagne du Kouban avec environ 4.000 hommes, les détachements du Kouban qui l’ont rejointe comptaient plus de 3 000 hommes. De plus, quelques centaines de Cosaques, de diverses stanitsas, se sont enrôlés. Ainsi, cette Armée des volontaires compte quelque 6.000 combattants sous Ekaterinodar. N’en reviennent qu’environ 5.000 dont près de 1.500 blessés. Les pertes définitives s’élèvent donc à 1.500 hommes au moins (les morts, les disparus et ceux qui ont été laissés dans les stanitsas), le nombre total de participants à la campagne ayant été de 7.000 à 8.000. En 80 jours de campagne (dont 44 jours de combat), du 9 février au 30 avril, l’armée a couvert 1.050 verstes. Pour cette armée en haillons et perpétuellement affamée, aux ordres d’un groupuscule d’officiers, chaque combat était une question de vie ou de mort. En cas de défaite, nulle grâce à espérer. Ils ont marché des dizaines de kilomètres dans la steppe enneigée ou dans la boue gluante, ils ont passé à gué des rivières glacées, ils ont bivouaqué à ciel ouvert dans la boue ou la neige, oui, les Volontaires ont subi de cruelles privations. Par la suite, ils vont acquérir l’auréole des martyrs. Ce sont eux qui vont devenir le cœur et l’âme du Mouvement Blanc dans le sud de la Russie, c’est parmi eux que se sont distingués presque tous les futurs chefs des formations blanches (ceux « de la première campagne » étaient pratiquement tous des commandants de bataillon ou de régiment et la plupart n’étaient que chefs de compagnie de l’Armée des volontaires). Beaucoup d’entre eux atteindront des grades élevés.

Sur le Don

Colonel Michel Gordiéyévitch Drozdovki
Sur le front roumain, les unités de volontaires voient le jour le 16 décembre 1917 avec le colonel M.G. Drozdovski (la 1re brigade de volontaires russes). Après le départ de Rostov de l’Armée des volontaires, les communications sont rompues. Mais Drozdovski ne se laisse pas arrêter par les troupes roumaines qui cherchent à désarmer son détachement et décide de marcher sur le Don, le 26 février 1918. Le détachement comprend un régiment de tirailleurs, une division montée, une batterie d’artillerie à cheval de montagne, une batterie d’artillerie légère, une section d’obusiers, un détachement blindé, une section technique, une infirmerie et le train. Le détachement compte 1.050 hommes dont 667 officiers. Ayant franchi une distance énorme tout en combattant, le détachement Drozdovski s’empare de Rostov le 21 avril 1918 et fait sa jonction avec les Cosaques soulevés. Ensemble, ils prennent Novotcherkassk. Là, le régiment des officiers va recevoir tellement de volontaires qu’en dix jours un bataillon va devoir être divisé en trois, le détachement va totaliser 3.000 hommes.

Le 27 mai, le détachement Drozdovski se joint à l’Armée des volontaires. Au cours de l’hiver 1917-1918, pour ce qui est du commandement des armées du Don, assuré par A.M. Kaledine, compte tenu de l’état d’esprit d’alors des Cosaques, les seules forces dont il dispose sont les détachements de volontaires menés par les officiers les plus décidés. Le plus connu d’entre eux est le détachement du capitaine V.M. Tchernetsov (environ 600 hommes), formé le 30 novembre 1917. Ce dernier va réussir à battre les forces rouges supérieures en nombre à plusieurs reprises, mais, le 21 janvier, il est capturé à Gloubokaya et tué. Suite au suicide de Kaledine et à la chute de Novotcherkassk, le détachement formé par le général P.Kh. Popov (1.727 hommes en état de combattre dont 617 cavaliers avec 5 canons et 39 mitrailleuses) prend la campagne dans la steppe.

Vers la fin mars, le détachement, augmenté de nouvelles recrues, atteint l’effectif de 3.000 hommes (2.850 plus 251 non-combattants). Si les pertes subies pendant cette campagne sont relativement légères (vers la fin mars, on ne compte que 81 tués), ces hommes vont prendre une part de plus en plus active aux combats et il n’est guère surprenant que la plupart (plus de 1.600 hommes) soient déjà tombés avant mai 1919. Lors de l’évacuation de la Crimée, ils ne sont plus qu’environ 400. Au début du mois d’avril 1918, les Cosaques du Don se soulèvent massivement contre les bolcheviques. Leur conseil militaire élit le général Piotr Nikolaïevitch Krasnov comme ataman. Le détachement du général Popov revient des steppes de Salskikh. C’est ainsi qu’est formée l’armée du Don. Tout au long de 1918, elle va agir séparément de l’Armée des volontaires. En avril, l’armée du Don comprend les six régiments d’infanterie et les deux de cavalerie du détachement du Nord du colonel A.P. Fitskhelaourov, un régiment de cavalerie à Rostov et quelques petites unités dispersées sur l’ensemble du territoire.

Les régiments sont organisés par stanitsas, comptant entre 300 à 500 et 2.000 à 3.000 hommes. Vers la fin de l’année, l’armée compte jusqu’à 6 000 hommes, 30 mitrailleuses et 6 canons (7 régiments d’infanterie et 2 régiments de cavalerie). Elle est organisée en trois groupes sous le commandement général (à partir du 12 avril) de P.Kh. Popov : l’armée du Sud, l’armée du Nord (anciennement détachement des Steppes) et l’armée Zadonskaya (au-delà du Don). Au 12 mai 1918, quatorze détachements autonomes se mettent à la disposition de l’état-major, et, le 1er juin, ils sont regroupés en six unités plus fournies : celle de Z.A. Alferov pour le Nord, de K.K. Mamontov à Tsaritsyne, d’I.F. Bykadorov à Bataïsk, de G.A. Kireev à Velikokniajeskaya, d’A.P. Fitskhelaourov au Donetsk et celle du général V.V. Semenov à Rostov. Vers la fin du mois de juin, l’armée aligne 45.000 hommes, 610 mitrailleuses et 150 canons.

À partir d’août 1918, les régiments fournis par les stanitsas sont regroupés, donnant ainsi de nombreux régiments à 2 ou 3 bataillons. Ceux de cavalerie sont à 6 sotnias, répartis en brigades, divisions et corps sur les quatre fronts : le front nord, celui du Nord-Est, celui de l’Est et le front sud-est. C’est alors qu’est créée la Jeune armée des cosaques de 19-20 ans : 2 brigades d’infanterie, 3 divisions montées, un bataillon de sapeurs et de sections techniques avec de l’artillerie. Vers décembre, l’armée au front comprend 31.300 combattants avec 1.282 officiers. La Jeune armée comprend 20.000 hommes.

Vers la fin janvier 1919, l’armée du Don dispose de 76.500 hommes en armes. L’armée du Don compte aussi des détachements des armées du Sud et d’Astrakhan formés à Kiev avec leur hetman, à l’initiative des milieux de droite germanophiles. Le 30 septembre 1918, l’ataman du Don met sur pied l’armée spéciale du Sud aux ordres du général N.I. Ivanov. Elle se compose de 3 corps d’armée : celui de Voronej (anciennement armée du Sud), celui d’Astrakhan (ancienne armée d’Astrakhan) et celui de Saratov (ancienne armée populaire russe), totalisant plus de 20.000 hommes dont 3.000 combattants au front. En février-mars 1919, après restructuration, ils entrent dans la 6e division d’infanterie des Forces de la Russie du Sud.

Deuxième campagne du Kouban

Le général Wrangel
La deuxième campagne du Kouban de l’Armée des volontaires débute le 9 juillet 1918. Cette armée compte près de 9.000 hommes, soit environ dix fois moins que l’Armée rouge qui lui fait face au Kouban et au Caucase du Nord. Mais la qualité des combattants de l’Armée des volontaires est, à cette époque, encore exceptionnellement haute. Parmi ces combattants, 60 à 70 % sont des officiers, les autres volontaires leur sont proches par l’esprit et les qualités guerrières. Préalablement, elle a été scindée en divisions : à la tête de la 1re se trouve le général S.L. Markov (puis le général B.I. Kazanovitch), la 2e est commandée par le général A.A. Borovski et la 3e par le colonel M.G. Drozdovski ; la 1re division de cavalerie est aux ordres du général I.G. Erdély, la 1re brigade de Cosaques du Kouban à ceux du général V.L. Pokrovski. L’objectif de cette campagne est d’éliminer les bolcheviques du Kouban et de s’emparer de la capitale Ekaterinodar et des bords de la mer Noire. Le premier choc a lieu à la stanitsa de Torgavaya ; le 1er juin, celle de Tikhoretskaya est enlevée. Dans la deuxième moitié de juillet, l’armée doit livrer de très durs combats sur la stanitsa de Korenovskaya, mais Ekaterinodar est encerclée le 1er août et libérée le 3.

Cependant subsistent au Caucase du Nord d’importantes forces bolcheviques, supérieures en nombre à l’Armée des volontaires. Les Cosaques du Terek qui se révoltent en juillet sont écrasés en novembre. En septembre-octobre, de violents combats se déroulent à Armavir et Stavropol. Les engagements de la deuxième moitié de 1918 coûtent très cher. Certaines batailles comme la prise de Tikhoretskaya entraînent 25 à 30 % de pertes. L’existence même de l’Armée des volontaires est remise en cause. Grâce à un regroupement des forces et à une manœuvre intelligente, cette armée va retourner à son avantage le cours des événements, et engager une offensive décisive. Le 13 octobre, les divisions du général Kazanovitch prennent Armavir, et, le 1er novembre, le général Pierre Nikolaïevitch Wrangel s’empare de Stavropol. Cette fois, les forces bolcheviques ne peuvent s’échapper, et, début 1919, tout le Caucase du Nord est libéré.

En septembre 1918, l’armée dispose de 35.000 à 40.000 baïonnettes et sabres. En décembre, les effectifs de combattants sont de 32.000 à 34.000 hommes ; on en décompte de 13.000 à 14.000 dans les unités d’instruction et de garnison, soit un total de 48.000 hommes. En novembre 1918, les 1re et 2e divisions sont transformées en 1er et 2e corps d’armée, et un 3e corps d’armée est créé. Les 1re et 2e divisions de cavalerie du Kouban sont réunies dans le 1er corps de cavalerie (P.N. Wrangel). Dès la fin 1918 sont créées en Crimée les composantes de la 4e division. Au début de 1919, l’Armée des volontaires comprend 5 corps : les 1er, 2e et 3e corps d’armée, celui de Crimée-Azov et le 1er corps de cavalerie. En février, ce dernier prend le nom de 1er corps du Kouban tandis que le 2e corps du Kouban est créé.

Les Volontaires en Ukraine et à Odessa

En Ukraine à l’automne 1918 ont lieu la révolte de Simon Petlioura, le départ des troupes allemandes et l’attaque des bolcheviques. Des détachements de volontaires russes commencent à s’organiser. Avec l’hetman Pavlo Skoropadski, les détachements formés d’officiers russes atteignent 2.000 à 4.000 hommes. Les forces de Petlioura qui encerclent Kiev n’ont en face d’elles que ces détachements dont les membres vont connaître le plus souvent un destin tragique. À Ekaterinoslav, où stationne le 8e corps de l’armée de l’hetman, on décide de se joindre à l’Armée des volontaires. Dans la nuit du 27 novembre, le détachement (environ 1.000 hommes avec 4 canons) mené par le général I.M. Vassiltchenko se met en marche vers le sud, et, tout en combattant les forces de Petlioura, atteint Perekop le 22 décembre.

Les participants à la campagne d’Ekaterinoslav représentent la plus grande partie des troupes blanches se trouvant alors en Crimée. Des détachements d’officiers russes voient également le jour dans d’autres villes qui s’efforcent de rejoindre les Armées blanches. C’est le cas en particulier du bataillon indépendant de volontaires de Poltava qui, par l’Allemagne, est transféré vers les régions de la Baltique ; du détachement d’officiers de Starobielsk qui rejoint l’armée du Don ; du détachement d’officiers de Marioupol qui intègre l’Armée des volontaires.

À Odessa en décembre 1918 sont créées sous l’impulsion du général A.N. Grichine-Almazov des unités d’officiers volontaires, qui libèrent la ville des forces de Petlioura. Au début de 1919, le général N.S. Timanovski les transforme en brigade d’Odessa qui, après s’être battue pour la ville, va se retirer en Roumanie puis s’embarquer pour Novorossiysk où elle va servir de noyau à la 7e division des FASR (Forces armées du sud de la Russie).

Création des Forces armées du sud de la Russie - Combats en Ukraine

Le général Anton Denikine
Le 26 décembre 1918, suite à l’accord intervenu entre le chef de l’Armée des volontaires, A.I. Denikine, et l’ataman des Cosaques du Don, P.N. Krasnov, qui consiste à unir leurs forces sous le commandement unique de Denikine, les Forces armées du sud de la Russie (FASR) voient le jour. À cette époque-là, l’armée du Don est acculée au Donetz, en grande difficulté. Suite à la défaite des bolcheviques dans le Caucase du Nord à la fin de 1918, le commandement de l’Armée des volontaires est en mesure de transférer une partie de ses forces vers le bassin du Donetz, couvrant ainsi le flanc gauche de l’armée du Don, et vers la Crimée. Il importait de plus de maintenir sur place une partie des forces face à Touapsin pour se garantir contre l’hostilité des autorités géorgiennes. La Crimée constituait l’un des objectifs essentiels. En Crimée, l’Armée des volontaires de Crimée centrale et le corps de Crimée-Azov sont créés sur place en utilisant essentiellement les détachements de volontaires (entrés en Crimée dès le 10 novembre). Ces unités opèrent aussi dans les provinces de Tauride et d’Ekaterinoslav. Le 10 janvier 1919, le corps de Crimée-Azov sert de base pour la formation de l’Armée des volontaires de Crimée-Azov.

Ainsi l’Armée des volontaires se trouve-t-elle divisée en deux : l’armée de Crimée-Azov et celle des Volontaires du Caucase (comme sont nommés les combattants restés au Caucase du Nord et dans le bassin du Donetz). Début mai 1919, cette armée du Caucase qui comprend les unités les plus aguerries des FASR, est à son tour scindée en deux : Armée des volontaires et Armée du Caucase. La première est surtout composée des unités dites « de couleur » (car portant des uniformes avec différentes couleurs distinctives) : celles de Kornilov, Markov, Drozdovski et Alekseiev. Quant à l’armée du Caucase, elle comprend surtout les unités du Kouban et celles formées à partir des anciennes armées du Sud et d’Astrakhan. Pendant plusieurs mois de l’hiver et du printemps 1919, de durs combats aux issues indécises ont lieu dans le bassin du Donetz où les attaquants bolcheviques font face à des régiments de volontaires aux effectifs réduits mais à l’âme bien trempée. Au prix de lourdes pertes, ceux-ci vont réussir à conserver leurs positions jusqu’à ce que le commandement des FASR soit en mesure de déplacer la cavalerie du Kouban vers le Donbass.

Au printemps 1919, les bolcheviques réussissent à percer en Crimée et à en occuper une grande partie, mais les unités de l’armée de Crimée-Azov se sont, quant à elles, retranchées sur les positions d’Ak-Manaïsk devant Kertch où elles vont pouvoir attendre le retournement général de la situation dans le cadre des opérations. Le 22 mai 1919, l’armée de Crimée-Azov est transformée en 3e corps d’armée. Au même moment, les troupes des FASR achèvent de liquider les forces rouges du Caucase du Nord et avancent victorieusement sur Tsaritsyne et Astrakhan. Fin avril-début mai, les FASR passent à l’offensive sur tous les fronts, du Dniepr à la Volga ; au début de l’été, elles ont rapidement accumulé des victoires décisives. À la mi-juin, les bolcheviques sont définitivement chassés de Crimée et, rapidement, d’une importante partie de la région de Novorossiysk. Les villes de Kharkov et Belgorod sont libérées. Au même moment, les troupes de l’armée du Caucase prennent Tsaritsyne. C’est dans ces circonstances que, le 20 juin 1919, Denikine émet de Tsaritsyne la fameuse « directive de Moscou » qui ordonne à toutes les formations des FASR de se préparer à une offensive décisive dont l’objectif est la prise de Moscou.

Campagne de Moscou. Échec à Orel. Retraite

À ce moment-là, les Forces armées du sud de la Russie comprennent un certain nombre de groupements opérationnels dont les principaux sont l’Armée des Volontaires, celle du Don et celle du Caucase, ainsi que les troupes des régions de Novorossiysk et de Kiev, les troupes du Caucase nord et celles des côtes de la mer Noire. À partir du 22 janvier 1919, les FASR comprennent également les unités autonomes des régions de la Caspienne. Les effectifs ont sensiblement augmenté. Au 5 juillet, on compte 244.890 hommes (dont 23.116 dans les états-majors et les services et 23.463 dans les garnisons) dont 16.765 officiers (4.140 dans les états-majors et services et 1.533 en garnison), 167.625 hommes du rang (dont 4.098 dans les états-majors et services et 14.834 en garnison), 28.932 auxiliaires (6.230 dans les états-majors et services et 4.926 en garnison) et 31.568 non-combattants (dont 8.558 dans les états-majors et services et 2.170 en garnison).

Lors de l’été et de l’automne, la progression des troupes des FASR permet la libération des villes de Kiev, Koursk, Voronej et Orel. L’Armée des volontaires est à la pointe de l’offensive avec ses régiments aux noms célèbres : Kornilov, Markov, Drozdovski, Alekseiev. Lors de la progression, ces derniers sont transformés en divisions à 3 régiments. Au 5 octobre 1919, les effectifs de combattants des FASR se montent à 107.395 baïonnettes, 46.671 sabres, 5.387 sapeurs, 2.813 mitrailleuses, 601 canons (434 légers, 15 de montagne, 69 obusiers, 74 lourds, 9 de petit calibre), 72 avions, 41 trains blindés, 34 véhicules blindés et 38 chars. Mais ces forces relativement modestes sont déployées sur un immense front qui va de l’Ukraine à la Volga. C’est de plus le moment du recul le plus important des armées de l’amiral Alexandre Vassilievitch Koltchak qui ont été repoussées loin à l’est, ce qui permet aux bolcheviques de ramener des renforts et ainsi de concentrer face aux volontaires des forces considérables avec une supériorité en hommes et en armement encore plus forte qu’à l’habitude. Au cours des batailles d’Orel-Kromsk, les unités exsangues des volontaires sont obligées d’amorcer leur repli. À partir de la retraite d’Orel, le cours de la guerre civile se retourne de manière radicale.

Le repli s’effectue dans des conditions très difficiles à cause des gelées précoces et du manque (parfois de l’absence totale) d’effets d’hiver et d’une épidémie de typhus qui décime les troupes. À l’automne 1919, pour la première fois, les FASR commencent à subir de lourdes pertes en prisonniers et déserteurs. Au cours de la retraite, les unités s’amenuisent, les régiments ne comptent plus que quelques dizaines d’hommes, et, en décembre 1919, l’Armée des volontaires est transformée en Corps des volontaires (toute la cavalerie est regroupée en une division) qui, au moment du repli derrière le Don, les 26 et 27 décembre, ne dispose plus que de 3.383 baïonnettes et 1.348 sabres. Le corps combiné du Kouban-Terek se monte à 1.580 sabres et les 4 corps du Don à 7.266 baïonnettes et 11 098 sabres. Le 1er janvier 1920, le Corps des volontaires et celui du Kouban-Terek ne comptent plus que 10.988 combattants, l’armée du Don n’en aligne plus que 36.470. Le 31 décembre 1919, l’armée du Kouban est créée à partir des corps du Kouban et elle reçoit, le 29 janvier 1920, toutes les unités combattantes de l’armée du Caucase dissoute. Au 5 janvier 1920, les FASR ne comptent plus que 81.506 hommes, le Corps des volontaires se montant à 10.000 hommes, et l’ensemble des unités de volontaires représente 30.802 hommes.

Évacuation d’Odessa et de Novorossiysk

Cosaques des armées blanches
Les Forces armées du sud de la Russie sont disloquées. Le gros des forces, les armées des Volontaires et du Don, recule vers le Don, sur Rostov, là où se dirigent également les unités de l’armée du Caucase venant de la Volga. Le plus petit contingent (les troupes des districts de Kiev et de Novorossiysk) se retire sur Odessa et sur la Crimée qu’il a réussi à sauvegarder des bolcheviques au cours des combats de l’hiver. L’évacuation d’Odessa est mal menée (3 généraux, près de 200 officiers et 3.000 soldats dont 1.500 malades et blessés sont laissés et faits prisonniers).

Le gros des forces du district de Novorossiysk est, quant à lui, transféré au groupement du général N.E. Bredov qui, suite au refus des Roumains d’accorder le passage aux troupes russes, doit entamer, dans la nuit du 30 janvier, une marche pénible de deux semaines (appelée « campagne du général Bredov ») vers le nord. Le 12 février 1920, ces hommes rencontrent des troupes polonaises qui les désarment et les envoient en Pologne où, le 3 mars 1920, ces unités sont transformées en Armée indépendante des Volontaires russes et installées dans des camps (à Peremysl, Cracovie et Chtchalkouv).

Le gros des FASR, replié derrière le Don, va mener pendant l’hiver 1920 des combats acharnés sur cette frontière et même, en février, reprendre pour quelque temps Rostov. Mais la chute du moral contraint les troupes du Kouban à entamer, fin février, une pénible retraite à travers le Kouban vers Novorossiysk alors que commence la saison des mauvaises routes de printemps. Novorossiysk n’avait pas de défense organisée, et son évacuation menée n’importe comment sera une des pages les plus pénibles et les plus sombres de l’histoire du combat des Blancs. Environ 20.000 hommes sont capturés (les sources soviétiques indiquent 2.500 officiers et 17.000 soldats et Cosaques).

Les unités de volontaires ont réussi à partir, mais les troupes du Don et du Kouban qui n’ont pu embarquer sont obligées de fuir vers le sud, le long du Caucase, vers la frontière géorgienne, où elles doivent se rendre alors qu’une autre partie peut embarquer sur des navires venus de Crimée. Les pertes des FASR en tués au combat et morts au cours de la retraite se comptent par dizaines de milliers, et 182.895 hommes ont été faits prisonniers lors de leur effondrement. De 35.000 à 40.000 hommes ont été évacués de Novorossiysk vers la Crimée. À la fin mars 1920, l’armée doit nourrir plus de 150.000 bouches dont à peine un sixième de combattants. Le reste est composé de malades, blessés, invalides divers, élèves des corps de cadets, d’un nombre impressionnant de réservistes (des hommes âgés pour la plupart) et de nombreux services des arrières.

Nomination du général Wrangel à la tête des armées. Crimée

Après l’évacuation de Novorossiysk, les unités des FASR se retrouvent en Crimée et, le 22 mars 1920, le commandement est confié au général P.N. Wrangel. Le 28 avril 1920, il baptise ces forces « armée russe ». Immédiatement après l’arrivée en Crimée, les Armées blanches sont réorganisées en 3 corps : le Corps des volontaires, celui de Crimée et celui du Don ; la division combinée de cavalerie et la brigade combinée des Cosaques du Kouban (au début 1920, il y a en Crimée environ 3.500 hommes et diverses troupes comptant de 35.000 à 40.000 hommes) sont ramenées du Caucase du Nord.

Le nouveau chef et son entourage proche vont effectuer un énorme travail de restructuration des troupes démoralisées et remettre sur pied une armée capable de se battre désormais en tant qu’armée régulière. Cette œuvre doit être réalisée dans des conditions de politique extérieure très défavorables. Non seulement le gouvernement britannique refuse formellement de fournir toute aide à l’armée, mais il tente de plus d’obliger les dirigeants blancs à négocier avec les bolcheviques. Quant à la France, la crainte de voir la « révolution mondiale » s’étendre à la Pologne fait qu’elle s’abstient de tels agissements.

Suite à la restructuration du 28 avril 1920, l’armée présente la composition suivante : 1er corps d’armée du général A.P. Koutiepov avec les divisions Kornilov, Markov et Drozdovski ; le 2e corps d’armée du général Y.A. Slachtchev – 13e et 14e division d’infanterie (ces deux corps comprennent également des unités de cavalerie) ; le corps combiné du général P.K. Pisarev – division du Kouban et 3e division de cavalerie ; le corps du Don du général F.F. Abramov – 2e et 3e division et brigade de la Garde. Le 7 juillet 1920 sur la base du corps combiné est créé le corps monté du général I.G. Barbovitch (1re et 2e division), la 6e division d’infanterie est intégrée au 1er corps et la 2e brigade montée combinée indépendante est intégrée au 2e corps. Suite à la mobilisation, au début du mois de juin, l’armée compte 25.000 baïonnettes et sabres.

Dès le début du mois d’avril sont entreprises deux opérations de reconnaissance par des débarquements dans la région de Kirillovka près de Guenitchesk et près du port de Khorly ; fin mai, l’armée entreprend une offensive générale en débouchant de Crimée par les grands espaces de Tauride du Nord. À la fin juin, le groupe monté de Jloba est totalement anéanti, et, lors de l’offensive de juillet, les bolcheviques sont chassés d’une importante portion du territoire, jusqu’à Alexandrovsk. En août se déroule une importante opération de débarquement sur le Kouban (à laquelle sont affectées les forces suivantes : 1re et 2e division de Cosaques du Kouban, la division combinée, la brigade Terek-Astrakhan et un certain nombre d’autres unités, sous le commandement du général S.G. Oulagaï). Les objectifs sont ambitieux (élimination des bolcheviques de tout le Kouban puis dans la région du Don) ; ils ne seront malheureusement pas atteints.

Les derniers combats et l’évacuation de la Crimée

Volontaires blancs posant devant des bolcheviques exécutés à Vladivostok en 1918
Le 4 septembre 1920, l’armée russe se répartit territorialement en 2 corps, la Ire armée sur le flanc droit (général A.P. Koutiepov) et la IIe armée sur le flanc gauche (général D.P. Drastenko), qui englobent pratiquement toutes les unités disponibles (en Pologne est formée une IIIe armée composée des unités russes s’y trouvant, en particulier l’ancienne armée du Nord-Ouest de Youdenitch). Au cours du mois de septembre, elle poursuit avec succès ses attaques, ce qui permet la libération de Marioupol le 15 septembre. Vers la fin septembre, le front s’étend de la mer d’Azov à l’embouchure du Dniepr, en passant par le haut Tokmak, au nord d’Alexandrovsk (actuellement Zaporojie) jusqu’à Bolchaya Znamenka sur le Dniepr, continuant le long du fleuve. Dans la nuit du 24 au 25 septembre, l’opération « au-delà du Dniepr » est lancée, dans laquelle presque toutes les forces de l’armée russe sont engagées. Le manque de mordant de la IIe armée entraîne un échec, et, au soir du 1er octobre, il faut arrêter l’offensive. Les Blancs n’ont pas réussi à liquider le bastion des Rouges à Kakhovsk.

La situation se dégrade d’autant plus qu’à la fin de septembre les bolcheviques concluent un armistice avec la Pologne, ce qui permet le transfert de toutes leurs forces contre l’armée russe. Lorsque, à mi-octobre, la Ire armée de cavalerie rouge est concentrée dans la région de Berislav, ceux-ci sont presque 4 fois plus nombreux que les Blancs, les cavaliers étant même 5 fois plus nombreux. Bientôt, des hordes de cavaliers rouges s’enfoncent sur les arrières de l’armée russe, menaçant de la couper de la Crimée. Le 21 octobre, les unités blanches doivent se replier en hâte en Crimée. Les combats s’étendent alors à l’isthme, et, le 29 octobre, le général Wrangel donne l’ordre de reculer jusqu’aux ports et d’entreprendre l’évacuation.

Cette évacuation, à laquelle le général Wrangel se préparait secrètement dès sa prise de commandement, sera menée de manière exemplaire – autant que le permettaient les circonstances. Elle diffère radicalement de celles d’Odessa et de Novorossiysk au début de 1920. En gros, l’évacuation de la Crimée vers Constantinople, grâce à 126 navires, va permettre d’embarquer 145.693 personnes (sans compter les équipages) dont 50.000 militaires et 6.000 blessés, le reste se composant de civils dont la plupart étaient des membres des familles des officiers et fonctionnaires (parmi les évacués, il y avait environ 30.000 officiers). Ainsi prit fin la lutte des Blancs dans le sud de la Russie.

La lutte des Blancs dans le nord de la Russie - Arkhangelsk, Mourmansk

En Russie du Nord, le rôle principal pour l’organisation des forces blanches est confié à l’officier de marine G.E. Tchapline, capitaine de vaisseau. À la fin du mois de mai 1918, à la tête de 20 officiers, il se rend à Vologda puis à Arkhangelsk où, avec l’accord des alliés, il commence à préparer le soulèvement antibolchevique. Dans la nuit du 1er au 2 août, l’organisation de Tchapline (environ 500 hommes) renverse le pouvoir bolchevique dans la ville où les alliés débarquent rapidement. À Mourmansk, la formation de détachements blancs est étroitement liée à la mise sur pied d’unités destinées à s’opposer aux Finlandais favorables aux Allemands et au débarquement des troupes alliées en ville le 6 mars. Après la prise de Mourmansk, il devient possible de créer des unités régulières. En novembre 1918 opèrent déjà dans les régions septentrionales des détachements de partisans sous le commandement d’officiers du front d’origine locale. Ces officiers, issus pour la plupart de la paysannerie, sont quelques centaines dans les districts du Nord. Le front nord va comprendre les fronts de Mourmansk et d’Arkhangelsk. Ce front, à la fin de 1918, a sept objectifs : 1) la vallée de l’Onega, 2) la voie ferrée vers Vologda, 3) la vallée d’Emts et du Sred-Mekhreng, 4) Chenkoursk, 5) Dvina, 6) la vallée de la Pinega et 7) la vallée de la Mezen.

À partir de mars 1919, les différentes unités au front sont regroupées en régiments réunis en brigades selon une numérotation unique (du 1er au 15e régiment de tirailleurs du Nord) comptant 2 puis par la suite 3 bataillons. De plus existent l’école d’artillerie du district nord, l’école des téléphonistes-télégraphistes du service des transmissions du district nord, l’école des mitrailleurs d’Arkhangelsk, le régiment de tirailleurs de réserve d’Arkhangelogorod, la brigade de garnison d’Arkhangelsk, la territoriale nationale, la 1re division automobile, la division de dragons du Nord, le bataillon de partisans de Chenkoursk, la division aérienne de Mourmansk, les divisions d’artillerie 1 à 4 et, séparément : une batterie de mortiers de tranchées, une batterie d’artillerie lourde et une légère, les compagnies du génie 1 à 3, un bataillon indépendant d’ouvriers, les 2 premières compagnies de chemin de fer. Au plan opérationnel, les troupes sont divisées en secteurs ayant leur propre état-major (la composante principale est en général la brigade de tirailleurs) : district de Mourmansk, d’Arkhangelsk, de Jeleznodorojni, de la Dvina, de l’Onega, de la Petchora, de la Pinega et de la Mezen. Les troupes du Nord comprennent la flottille de l’océan Glacial avec ses différentes composantes : mer Blanche, lac Onega et flottilles fluviales de la Dvina-Nord et de la Petchora.

Fin 1918, les forces blanches comptent 2.715 hommes (1.700 baïonnettes) sur le front d’Arkhangelsk et 4 441 (3500 baïonnettes) pour le front de Mourmansk. Fin janvier, il y a en tout et pour tout 5.300 hommes (5.100 baïonnettes). En janvier 1919, il y a environ 5.400 baïonnettes et sabres dont environ 2.000 à Arkhangelsk, 280 sur le Mourman, 400 dans la vallée de l’Onega, 800 dans la région de Seletzk, 400 sur la Dvina, 400 sur la Pinega et 600 dans la région Mezen-Petchora. Mi-février, les forces d’Arkhangelsk se montent à 3.325 hommes et celles de Mourmansk, à 6.450. En mars, l’armée compte plus de 15.000 baïonnettes et sabres (la région a une capacité de mobilisation de 25.000 hommes). En juillet 1919, l’armée compte près de 50.000 hommes dont un tiers de combattants. À la veille de l’effondrement du front, le 1er février 1920, l’armée compte jusqu’à 55.000 hommes (39.822 combattants et 13.456 non-combattants) avec 1.492 officiers et jusqu’à 10.000 hommes de la territoriale.

Le général Evgueni Karlovitch Miller est le principal dirigeant du mouvement Blanc du Nord. Arrivé en janvier 1919, il est officiellement nommé commandant en chef du front et gouverneur général de la région du Nord. Avant lui ont commandé le capitaine de vaisseau Tchapline, le colonel B.A. Dourov, le contre-amiral N.E. Vikorst puis le général W.W. Marouchevski. Le commandement maritime, comprenant les forces navales et la direction des ports de l’océan Glacial, est dévolu au commandant en chef par délégation du ministre de la Marine. Au début, la flotte est commandée par le contre-amiral Vikorst puis par le contre-amiral L.L. Ivanov. Lors de la percée du front, environ 800 personnes sont évacuées d’Arkhangelsk sur le brise-glace Minine. Les troupes du front de Mourmansk passent la frontière finlandaise au nombre d’environ 1.500 après une difficile traversée des marais gelés. Les unités du front Pinej-Petchora sont entièrement capturées. Les combattants de la région de la Dvina se rendent le 19 février à la gare de Kholmogorskaya. Les troupes du front de Jeleznodorojni et les unités n’ayant pas réussi à embarquer à Arkhangelsk (environ 1.000 personnes) vont tenter de se frayer un chemin vers Mourmansk et la frontière finlandaise, mais elles seront encerclées et devront se rendre près de Soroki. Presque tous les officiers faits prisonniers seront fusillés par la suite.

L’armée du Nord-Ouest

Le Général Nicolaï Youdenitch
Le noyau de l’armée du Nord-Ouest est le Corps spécial des volontaires de Pskov mis sur pied en septembre 1918 à Pskov en tant qu’élément de l’armée du Nord par des groupements russes de droite (comme dans le Sud et à Kiev) poursuivant tous le même but. Sont créés les régiments de Pskov, Ostrovo et Regitsk, de 500 hommes chacun, deux batteries, des détachements de sécurité intérieure et extérieure ainsi que les détachements des colonels Nepliouyev, Afanasiev et Bibikoff, du lieutenant Danilov et le détachement de Talab du capitaine de cavalerie Permikine. Le 53e régiment « Volynski » destiné à l’armée du Sud est également à Pskov. Le général A.E. Vandamme est nommé à la tête de l’armée du Nord, le 21 octobre. Le 2 novembre, le détachement monté du capitaine de cavalerie S.N. Boulak-Balakhovitch (2 divisions) passe de l’Armée rouge chez les Blancs, ainsi que la flottille fluviale de Tchoud, composée de 3 navires aux ordres du capitaine de vaisseau D.D. Nelidoff. Avec ces derniers, les effectifs du corps atteignent 3.500 hommes. Au 22 novembre, le commandement est confié au colonel G.G. von Nef.

À la fin de novembre, l’effectif du corps s’élève à 4.500 hommes dont 1.500 officiers (à Pskov se trouvent près de 3.000 hommes dont environ 700 officiers). Il se compose d’une compagnie d’état-major, de 3 régiments de 700 baïonnettes chacun (voir plus haut), du détachement de Boulak-Balakhovitch (800 sabres), du détachement de Talab (400 baïonnettes), du détachement du capitaine L.I. Mikochi (250 baïonnettes), du détachement du colonel A.I. Bibikov (150 sabres) et d’une batterie. Après la reprise de Pskov par les bolcheviques, le corps recule, combattant pas à pas en Estonie (sauf le détachement du colonel Afanasiev qui recule vers Libau). En Estonie, le corps (corps autonome de l’armée du Nord) composé de détachements de l’Est et de l’Ouest est successivement commandé par les colonels A.I. Bibikoff, V.V. von Wal et A.F. Dzerojinski. Les relations entre le régime estonien et le corps, dont, selon l’accord du 4 décembre 1918, l’effectif ne doit pas excéder 3.500 hommes, sont empreintes de méfiance et d’hostilité.

La formation du détachement russe du général V.A. Guennings et de celui du colonel K.G. Badendyk débute à Revel. Au 15 février 1919, il y a 31.920 combattants russes dans les provinces baltiques. Au début de 1919, le corps est constitué des 1re et 2e brigades. La 1re comprend : les régiments d’Ostrov et de Revel, le détachement monté du colonel Bibikoff, le détachement de partisans du lieutenant A.D. Danilov et la compagnie d’officiers du lieutenant-colonel V.A. Alekseiev. La 2e comprend le régiment de Tabalsk, le régiment Volynski et le régiment de cavalerie Boulak-Balakhovitch, le détachement de partisans de S.N. Boulak-Balakhovitch et une batterie d’artillerie à cheval.

En mai, le général A.P. Rodzianko prend la tête du corps (chef d’état-major colonel V.V. Zeidlitz). Pendant l’été 1919, le corps devient l’armée du Nord (puis rapidement l’armée du Nord-Ouest). Le commandement suprême est dévolu au général Nicolaï Nikolaïevitch Youdenitch qui, en juin 1919, est nommé commandant en chef des troupes du front nord-ouest, par décret de l’amiral Koltchak, chef suprême de toutes les Russies. À partir de février 1919, le groupement sud du corps du Nord et, en juillet, l’ensemble du corps ainsi que l’armée du Nord-Ouest sont placés sous le commandement du général A.P. Rodzianko. Fin novembre 1919, ce dernier est remplacé par le général P.V. Glazenap et, en janvier 1920, par le général comte A.P. Pahlen.

Tandis que l’armée du Nord se forme à Pskov, des unités antibolcheviques commencent à voir le jour en Baltique. Le 6 janvier 1919, à Libau, commence l’organisation du détachement du prince sérénissime A.P. Lieven auquel se joint, à la fin du mois de février, la compagnie du capitaine K.I. Dydorov appartenant auparavant à la Landwehr. Début mars, le détachement de Lieven compte 250 hommes ; par la suite, ce dernier (un escadron de 100 hommes, un groupe de mitrailleurs de 125 hommes et une compagnie de 250 baïonnettes) et des unités de l’armée lettone ainsi que la Landwehr balte vont se battre contre les forces rouges en Courlande. En juin, il réunit 3.500 hommes : 3 régiments, une division de tirailleurs, de l’artillerie, 2 blindés et un détachement d’aviation. Avec les détachements des colonels P.R. Bermont-Avalov (détachement « Comte Keller ») et Vyrgolitch, il entre, en tant que division, dans la composition du corps occidental de l’armée du Nord.

Au cours de l’été 1919, le détachement de Lieven est déplacé en Estonie et intègre l’armée du Nord-Ouest comme 5e division (division Lieven). Les détachements de Bermont et Vyrgolitch sont laissés en Lettonie pour y former l’armée russe de l’Ouest. Suite à une entrevue avec le représentant de Youdenitch, il est prévu qu’elle attaquera avec l’armée du Nord-Ouest (elle atteint les 50 000 hommes en y incluant les troupes allemandes demeurées sur place) ; le 5 septembre, Youdenitch nomme Bermont-Avalov chef de l’ensemble des troupes russes mises sur pied en Courlande et en Lettonie. Mais le 8 octobre, Bermont attaque les nationalistes lettons à Riga et, suite à son échec, doit se retirer en Allemagne.

À partir de l’été 1919, l’armée du Nord-Ouest se compose de corps (formés à partir des anciennes brigades) et de divisions. Le 1er corps de tirailleurs comprend la 2e division (régiments d’Ostrovo, de l’Oural, de Tabalsk et Semenov avec le détachement du lieutenant A.D. Danilov) et la 3e division (régiments Volynski, de Revel, de la Baltique et de Krasnogorsk) avec le régiment de chasseurs à cheval (anciennement détachement du colonel Bibikoff). Le 2e corps comprend les troupes de Boulak-Balakhovitch. La 1re division (indépendante) est composée des régiments de Saint-Georges, de Kolyvan et de Gdov.

Début octobre 1919, l’armée est organisée en 2 corps d’armée, 5 divisions d’infanterie, une brigade autonome, un certain nombre de régiments indépendants et autres unités (en tout 2 régiments d’infanterie, 2 de cavalerie, 2 bataillons indépendants et un détachement). Les régiments composant les divisions et les brigades suivent une numérotation unique et disposent de 200 à 1.000 baïonnettes chacun. Chaque division comporte une division d’artillerie légère indépendante (portant le numéro de la division), une compagnie du génie, un détachement du train et une compagnie ou un bataillon de dépôt et divers détachements. En dehors des divisions existe le régiment de chasseurs à cheval, le bataillon de choc de Chouvaloff, un bataillon de chars indépendant, la 1re compagnie automobile, la 1re batterie automobile blindée, la légion suédoise de la Baltique, les 1er et 2e régiments de dépôt et les 1re et 2e divisions de dépôt d’artillerie. L’armée du Nord-Ouest est peu nombreuse. En mai, le corps compte 5.500 hommes. À son apogée (vers le début de l’offensive sur Petrograd en octobre), elle compte 17.800 baïonnettes, 700 sabres, 57 canons, 4 trains blindés, 6 chars, 2 véhicules blindés et 6 avions. Son effectif total atteint à peine 50.000 hommes. Les officiers représentent 10 % de l’armée et comme il se doit ne sont affectés qu’à des postes de commandement. Au début de décembre 1919, on compte 2.723 officiers et gradés (sans que l’on possède d’informations sur certaines unités).

Conformément aux accords entre l’Estonie et les bolcheviques, l’armée du Nord-Ouest doit être dissoute et se transforme en une foule de réfugiés. Elle évite ainsi les affres d’une évacuation par des ports, mais par contre se retrouve dans une situation très pénible en Estonie. Du fait des maladies consécutives aux conditions de vie difficiles de l’armée en Estonie et des relations avec les autorités estoniennes, des milliers de personnes vont mourir. Les régiments comptent de 700 à 900 malades pour 100 à 150 hommes valides, le nombre de malades non hospitalisés atteint 10.000, le nombre total de malades étant de 14.000. La plus grande partie des gradés de l’armée va rapidement se disséminer dans toute l’Europe.

Toutefois, à l’été 1920, le général L.A. Bobochko va faire entrer en Pologne quelques éléments militaires de l’active venant de l’armée du Nord-Ouest où ils vont intégrer la IIIe armée russe du général B.S. Permikine placée sous les ordres du général Wrangel. Elle est composée de la 1re division de tirailleurs du général L.A. Bobochko et de la 2e – général comte Pahlen – (de l’armée du Nord-Ouest) ainsi que de la division combinée de Cosaques (général V.A. Troussov). À Brest-Litovsk, en 1920, S.N. Boulak-Balakhovitch met sur pied l’Armée nationale russe, qui, de 10.000 hommes, va rapidement en compter 20.000. Elle opère au sein des troupes polonaises jusqu’à l’armistice. Par ailleurs pendant l’été 1920 se crée en Pologne un détachement constitué d’unités cosaques transfuges de l’Armée rouge. Constitué en brigade du capitaine Salnikoff, après l’armistice, il intégrera la division combinée de Cosaques.

La Volga

Général Vladimir Kappel
À l’est, les Blancs vont s’organiser en différents centres sur cet immense territoire et dans des conditions très variées ; ce n’est qu’à l’automne 1918 que l’ensemble se structure. De la Volga à l’océan Pacifique, l’éloignement de la capitale et des principaux centres bolcheviques présente des conditions relativement favorables pour les opposants au pouvoir soviétique. Étant donné que dans toutes les grandes villes de la Volga, de l’Oural et de la Sibérie existent des organisations d’officiers, les cadres indispensables à la formation d’une Armée blanche existent lorsqu’en mai débute l’intervention du corps tchèque. Le rôle de ce dernier sera d’autant plus grand lors des premiers combats, que 80 % des combattants rouges en Sibérie sont d’anciens prisonniers allemands et hongrois que les Tchèques haïssent.

À Samara dès la fin 1917 existe l’organisation clandestine du sous-lieutenant N.A. Galkine à qui l’on proposera, lors de la création du cabinet Komoutch, le 8 juin, de prendre la tête du département militaire ; son organisation qui compte entre 200 et 250 hommes sert de base pour la formation de l’« Armée nationale ». Une des premières unités est la batterie d’artillerie à cheval formée par le capitaine V.O. Vyrypaieff. Dès les premiers engagements, grâce aux actions décisives et judicieuses de son détachement, le lieutenant-colonel Vladimir Oskarytch Kappel se distingue tant et si bien que son nom devient légendaire. Les volontaires de Kappel opèrent aux abords et au nord de Samara. Plus au sud se trouvent les unités du colonel F.E. Maxine (Groupe spécial de Khvalinsk). Au début, l’armée se constitue sur la base du volontariat, mais, milieu août, la mobilisation des officiers de moins de trente-cinq ans au 1er août est décrétée (indépendamment de leur âge pour les généraux et les officiers supérieurs). Des compagnies sont formées dans les agglomérations libérées, regroupées par la suite en bataillons. À la fin du mois de juin existent 8 régiments. En juin, le détachement de Kappel est élargi en une brigade indépendante de tirailleurs ; les autres unités sont rassemblées en 3 divisions de tirailleurs vers la mi-août. Courant septembre, 3 nouvelles divisions de tirailleurs sont mises sur pied ; le nombre de régiments de cavalerie est porté à 5.

La Sibérie

En Sibérie comme sur la Volga existent fin 1917 de solides organisations d’officiers. Le nombre total d’organisations militaires sur l’ensemble du territoire sibérien, à l’ouest du Baïkal, atteint 7.000 hommes en mai. La plus importante est celle d’Omsk, dirigée par P.P. Ivanov-Rinov (environ 3.000 hommes), puis viennent selon les effectifs, celles de Tomsk, Irkoutsk et Novonikolaïevsk. Simultanément à l’intervention des Tchèques, dans nombre de villes de Sibérie les organisations d’officiers vont renverser le pouvoir bolchevique et commencer la formation de détachements. La première de ces villes est Petropavlovsk. À Omsk, à l’approche des insurgés, les 6 et 7 juin, entre en action l’organisation du colonel Ivanov-Rinov, soutenue par le conseil des soldats du front. Il va assumer le rôle de commandant de la garnison et en fait administrer tout le territoire débarrassé des bolcheviques. Dans la nuit du 13 au 14 juin, à Irkoutsk, l’organisation locale d’officiers menée par le colonel A.V. Ellertz-Oussoff tente, en vain, d'organiser une insurrection militaire. La plupart des participants seront tués ou fusillés.

L’organisation survit cependant et jouera un rôle important lors de la prise d’Irkoutsk le 10 juillet. Plus tard est formée la 3e division avec les volontaires locaux. Les organisations d’officiers interviennent également dans la région de Tara, à Akmolinsk, Barnaoul, Kamen sur l’Ob, Semipalatinsk, Zaïssan, Pavlodar, Oust-Kamenogorsk, Tomsk, Tobolsk, Tchita et ailleurs. Un gouvernement de la Sibérie est créé à Omsk, qui entreprend la constitution de l’armée de Sibérie autour du corps des steppes de Sibérie (général P.P. Ivanov-Rinov). Le capitaine en second N.N. Casagrandi qui se trouve par hasard en Sibérie va jouer un rôle de premier plan. Le premier jour de la libération d’Omsk, il participe à la formation du 1er détachement d’officiers partisans puis, le lendemain, monte au front avec lui. Un autre détachement similaire est créé à Omsk par le colonel I.S. Smoline. Ces deux détachements plus les régiments des steppes vont constituer le gros de l’armée de Sibérie.

Au début du mois de juin, le nombre de combattants de l’armée indépendante de Sibérie occidentale (devenue armée de Sibérie le 27 juin) atteint 4.000 hommes. Cela permet, au milieu du mois de juin, la création des corps de Sibérie centrale (A.N. Pepelyaiev) et de Sibérie des steppes (Ivanov-Rinov), lesquels corps reçoivent en août les appellations de 1er et 2e corps (plus tard est créé le corps de l’Oural du général M.V. Khanjine). Le 18 juin, l’armée compte 6.047 hommes (dont 4.332 baïonnettes, 1.215 sabres et 500 hommes non armés). Cette armée va se battre contre les Rouges aux côtés des Tchèques et des Cosaques, dans toute la Sibérie. Le 26 août, l’armée est réorganisée en 3 corps (Sibérie centrale, des steppes et de l’Oural) à 2 ou 3 divisions, comprenant 4 régiments chacune.

La formation d’unités sur la Volga s’effectue de façon semblable ; tout d’abord, les officiers locaux forment un bataillon d’officiers qui se développe ensuite en différentes unités. Au début de septembre, plus de 4.500 officiers (c’est-à-dire la moitié du total) combattent encore comme simples soldats ; dans certaines unités, ils sont plus nombreux que les hommes du rang. Le corps de Sibérie centrale est entièrement composé de volontaires, principalement de membres des organisations clandestines d’officiers et, par là, ne se distingue pas des régiments de l’Armée des volontaires aux noms prestigieux. Le 2 septembre, sur 5.261 hommes portant un fusil, il y a 2.929 officiers. Le corps des steppes (qui compte beaucoup de Cosaques) comporte à peu près un quart d’officiers (le 31 juillet, 2.384 officiers pour 7.992 volontaires, dont 1.314 sur 4.502 en première ligne). Par ailleurs, on compte plus de la moitié des effectifs en officiers au sein des régiments et dans toutes les batteries. Au total, vers le 31 juillet, il y a 6.970 officiers et 28.229 volontaires. Après le nettoyage de la Sibérie, l’armée combat avec l’Armée nationale.

Entre Volga et Oural

L'amiral Koltchak
Au cours de l’été, le pouvoir bolchevique en Sibérie est totalement liquidé. Sur la Volga, Kazan est libérée le 7 août, mais doit être abandonnée le 8 septembre suite au déclenchement de la contre-offensive des Rouges ; le 11, Simbirsk tombe, et le 8 octobre c’est au tour de Samara. Les Blancs reculent jusqu’à Oufa et Orenbourg.

Dans l’Oural, la lutte des Blancs prend naissance dans les usines d’Ijevsk et de Votkinsk qui se soulèvent le 8 et le 17 août. À la suite des usines, tout le sud de la province de Viatsk se soulève. Avec l’aide des ouvriers, 80 officiers meneurs du soulèvement accomplissent de véritables miracles : ils mobilisent près de 25.000 hommes et les organisent en unités qui, encerclées, vont se battre près de cent jours (du 7 août au 17 novembre 1918). À la fin de novembre, les hommes d’Ijevsk et de Votkinsk rejoignent l’Armée nationale. Par la suite, ils forment la brigade d’Ijevsk et la division de Votkinsk.

La lutte contre les bolcheviques de l’armée d’Orenbourg commence avec l’ordre de l’ataman A.I. Doutov du 26 octobre 1917 de ne pas reconnaître leur pouvoir. Les opérations militaires débutent le 23 décembre 1917. Le 17 janvier, Orenbourg doit être abandonnée, l’ataman et la direction militaire s’établissent à Verkhneouralsk. Le soulèvement débute le 23 février 1918 et s’étend rapidement sur tout le territoire de l’armée d’Orenbourg. À la suite de la libération d’Orenbourg, le 17 juin, Doutov commence à y former l’armée du Sud-Ouest (rebaptisée le 28 décembre armée autonome d’Orenbourg).

Dans la région de l’Oural, les combats débutent en mars 1918. Le chef des Cosaques de l’Oural est le général V.I. Akoutine, les premières opérations s'étant déroulées sous les ordres du général M.F. Martynov. À la fin du mois de décembre 1918, les troupes de l’Oural forment l’armée autonome de l’Oural.

Koltchak, chef suprême de la Russie

Au-delà du Baïkal, la lutte est menée par le capitaine cosaque Grigori Semenov qui, dès le 18 novembre 1917, à Verkhneoudinsk, se lance dans la lutte contre les bolcheviques à la tête du régiment mongolo-bouriate. En décembre, il combat au Transbaïkal à la tête du détachement spécial de Mandchourie qu’il a créé. Après avoir nettoyé le Transbaïkal et l’Extrême-Orient, Semenov forme l’armée autonome de Sibérie orientale qui comprend le 5e corps autonome de l’Amour et le corps de Touzem plus un certain nombre d’unités cosaques.

En mai 1919, l’amiral Koltchak ordonne la création du 6e corps d’armée de Sibérie orientale comprenant l’armée de Mandchourie de l’ataman Semenov, l’armée cosaque du Transbaïkal et la division montée de Touzem. Le capitaine de Cosaques I.P. Kalmykov, ennemi acharné des bolcheviques est nommé ataman des troupes cosaques de l’Oussouri. Ainsi, à l’automne 1918, les forces blanches d’Orient comprennent l’Armée nationale (de Komoutch), celle de Sibérie (du gouvernement provisoire de Sibérie), qui opèrent de manière autonome, les unités de Cosaques insurgés des troupes d’Orenbourg, de l’Oural, de Sibérie, de Sémirétchié, du Transbaïkal, de l’Amour, de l’Ienisseï et de l’Oussouri qui sont en principe subordonnées au général V.G. Boldyrev, commandant en chef de toutes les forces maritimes et terrestres de Russie, nommé par le directoire d’Oufa.

L’amiral Koltchak arrive à Omsk le 14 octobre et entre au gouvernement en qualité de ministre de la Guerre. Il bénéficie du soutien total de tous les officiers des deux armées, et le 18 novembre, il est nommé chef suprême de la Russie. En décembre 1918, le quartier général du commandant en chef, l’amiral Koltchak, est créé, l’état-major de ce même Koltchak lui étant subordonné. Les armées nationale et de Sibérie sont supprimées le 24 décembre 1918, leurs troupes sont incorporées dans les armées autonomes de Sibérie, de l’Ouest et d’Orenbourg (au printemps 1919, le groupement Sud en est détaché et subordonné à l’armée de l’Ouest). Le Q.G. exerce également le commandement opérationnel de l’armée autonome de l’Oural. À la mi-décembre, les Armées blanches abandonnent Oufa, mais cet échec est compensé par les succès de l’armée de Sibérie en direction de Perm – Koungour et Perm sont prises respectivement les 21 et 24 décembre. Au début du mois de mars 1919 débute l’offensive générale des armées du front oriental. Oufa est reprise le 13 mars, et, vers la mi-avril, l’armée s’établit sur la ligne Glazov-Tchistoplo-Bougoulma-Bougourousslane-Charlyk. La désertion de certains éléments ayant cédé à la propagande des agitateurs bolcheviques permet à ces derniers de reprendre l’offensive à la fin du mois d’avril. À la fin mai, l’armée de Sibérie entame son repli de Viatka. Elabouga est perdue le 26 mai ; Sarapoul, le 2 juin ; Ijevsk, le 7. Le 9 juillet, l’armée de l’Ouest quitte Oufa et amorce la retraite vers l’Oural et au-delà.

Le 14 juillet 1919, le front oriental est divisé en 3 armées non séparées : la Ire et la IIe qui proviennent de l’ancienne armée de Sibérie, et la IIIe (anciennement armée de l’Ouest). Directement subordonnés au Q.G. se trouvent l’armée du Sud (formée de l’armée d’Orenbourg et du groupe Sud) ainsi que l’armée de l’Oural et le groupement des steppes dans la région de Semipalatinsk, les troupes de Sémirétchié et les fronts antipartisans de l’intérieur. Les armées sont articulées en corps (transformés en groupements avec une quantité variable de divisions à l’été 1919), divisions (avec des brigades à 2 régiments) et régiments à numérotation unique et portant les noms de villes de Sibérie et de l’Oural. À ces corps sont adjointes des brigades d’assaut (bataillons de chasseurs), des brigades cadres et diverses autres unités. À l’est de la Russie, le commandement blanc a l’intention de créer une Grande armée de toutes les Russies et fait appel à la mobilisation à grande échelle qui a pour effet de recruter des contingents de moins en moins sûrs du fait de la propagande bolchevique très bien organisée à l’arrière. Vers la mi-novembre 1918, l’ensemble du front totalise 43.000 baïonnettes et 4.600 sabres. Suite à la mobilisation massive, les unités et services de l’arrière sont les premiers à prendre une ampleur excessive.

Au printemps 1919, l’armée grossit jusqu’à 400.000 hommes (dont 130.000 à 140.000 baïonnettes et sabres sur le front). Vers l’été, ce nombre atteint 500.000. Les plans du QG prévoient d’atteindre le nombre de 52.800 officiers et fonctionnaires et 1.231.000 soldats. Cependant, aussi bien à l’armée active que dans les régions militaires (au 1er juillet 1919), les effectifs n’excèdent pas 19.600 officiers et fonctionnaires et 416.000 soldats. Mais, parmi ceux-ci, on ne trouve directement au front pour les armées de Sibérie, de l’Ouest et du Sud, que 94.500 baïonnettes, 22.500 sabres, 8.800 hommes non armés, avec 1.400 mitrailleuses, 325 canons, 3 véhicules blindés, 10 trains blindés et 15 avions. La conséquence de cet accroissement démesuré des effectifs est que les officiers, déjà peu nombreux, sont totalement fondus dans la masse des recrues. L’armée manque parfois même de cadres sous-officiers, si bien qu’en 1918 et 1919 un nombre relativement élevé d’écoles militaires doivent prendre part aux opérations.

La grande retraite « de glace » de Sibérie

L’ataman Semenov
Après la tentative avortée de passer à l’offensive à Tcheliabinsk, les Armées blanches se sont retirées sur Tobol. Le 4 août, après la prise de Troïts par les Rouges, l’armée du Sud se trouve coupée et bat en retraite seule. Au cours du mois de septembre, une offensive est lancée sur Tobol, la dernière tentative de changer le cours des événements. Mais, le 14 octobre, les Rouges contre-attaquent et la retraite ininterrompue vers l’est débute alors. Omsk est abandonnée le 14 novembre, et la grande marche « de glace » de Sibérie commence : cette retraite tragique des Armées blanches du front oriental va durer 3 mois, jusqu’à mi-février 1920, quand les survivants, ayant traversé le Baïkal, atteignent la région de Tchita et se mettent à la disposition de l’ataman Semenov.

En décembre 1919, la Ire armée du front oriental, qui a été ramenée à l’arrière pour assurer la protection du Transsibérien, subit plusieurs mutineries et se décompose jusqu’à cesser d’exister. Ses restes – environ 500 à 600 hommes – sont incorporés dans la IIe armée ; quant aux troupes des IIe et IIIe armées, elles sont contraintes d’effectuer une marche pénible le long du chemin de fer transsibérien en direction de l’outre-Baïkal (les unités de la IIe armée marchent généralement plus au nord et celles de la IIIe marchent plus au sud de la ligne de chemin de fer).

À la tête des troupes se trouve le général K.V. Sakharov ; à partir du 9 décembre 1919 et jusqu’à sa mort fin janvier 1920, ce sera le général W.O. Kappel. Cette retraite de Sibérie entraînera de lourdes pertes. Dès la deuxième moitié de novembre, elles atteignent de un à deux tiers de l’effectif combattant ; souvent, un régiment ne compte plus que 150 à 200 hommes en état de combattre. Le plus dur sera la traversée de la taïga de Chtcheglovsk qui va devenir véritablement le cimetière de la IIIe armée. Outre les unités rouges et les partisans qui les poursuivent, les hommes affamés et gelés sont victimes du typhus qui frappe la majeure partie des participants. Avant la traversée de la taïga de Chtcheglovsk, les IIe et IIIe armées comptent de 100.000 à 120.000 hommes (d’autres sources indiquent environ 150.000 hommes) et d’après des estimations approximatives, il y a autant de fuyards. Après Krasnoïarsk où une mutinerie à l’arrière provoque une catastrophe, le nombre d’hommes marchant vers l’est est d’environ 25.000 dont au maximum 5.000 à 6.000 combattants. On sait que les hôpitaux de Verkhneoudinsk et Tchita accueilleront près de 11.000 malades du typhus au cours des mois de février et mars.

À leur arrivée outre-Baïkal, le général Semenov devient commandant en chef et chef du gouvernement (après la mort de l’amiral Koltchak trahi par les Tchèques et fusillé par les bolcheviques à Irkoutsk le 7 février 1920). Quant à l’armée (qui, après la mort du général Kappel, est successivement commandée par les généraux S.N. Voïtsekhovski, N.A. Lokhvitski et G.A. Verjbitski), elle est réduite à 3 corps : le 1er (constitué des troupes d’outre-Baïkal de Semenov), le 2e (les troupes de Sibérie, d’Oufa et les chasseurs) et le 3e (les troupes de la Volga, d’Ijevsk et de Votkinsk). Les anciens corps sont transformés en divisions et les divisions en régiments. À Tchita, l’armée compte 40.000 hommes dont 10.000 combattants (les troupes de Semenov d’outre-Baïkal comptent de 11.000 à 16.000 hommes en janvier-février 1920) ; en mai on y compte jusqu’à 45.000 hommes dont 20.000 prêts à faire campagne pour les 3 corps. En novembre 1920, l’armée est chassée d’outre-Baïkal et s’établit dans la province Maritime.

Les unités cosaques d’Orenbourg et de l’Oural vont reculer séparément des forces principales du front oriental ; leur destin n’en sera pas moins tragique. À la fin de 1919, alors que l’armée de l’Oural reflue vers le sud, certaines unités sont totalement anéanties par les combats et le typhus. En 2 mois de marche, l’armée de l’Oural qui comptait de 12.000 à 15.000 hommes, en compte moins de 3.000 lorsque, début 1920, elle atteint le fort d’Alexandrovsk où plus de 1.600 hommes sont faits prisonniers ; ils seront moins de 200 à rejoindre l’Iran.

Sur l’Amour et dans la province Maritime

À la suite de la perte de l’outre-Baïkal en novembre 1920, les troupes d’Extrême-Orient s’établissent dans la province Maritime. Là, ces quelque 30.000 hommes se retrouvent dans une situation politique compliquée et, dans les débuts, sont de fait dans l’illégalité. Les bolcheviques ayant le pouvoir sur tout l’Extrême-Orient, à Vladivostok a été mis en place un gouvernement très à gauche pour l’administration territoriale de la province Maritime qui, uniquement du fait de la présence des troupes japonaises, n’est pas purement bolchevique.

En outre, suite à la rupture de l’ataman Semenov avec le commandant de l’armée d’Extrême-Orient, le général Verjbitski, les Armées blanches sont en fait divisées en deux groupes isolés. Celui de Semenov (essentiellement les unités du 1er corps de l’armée d’Extrême-Orient composées des troupes de Semenov arrivées en outre-Baïkal avant le début de 1920) à Grodekovo et celui de « Kappel » du nom du dernier commandant en chef du front oriental (nom donné aux armées qui, début 1920, venant de Sibérie, avaient rejoint l’outre-Baïkal en accomplissant la grande marche « de glace » de Sibérie, et qui composaient les 2e et 3e corps de l’armée d’Extrême-Orient) à Nikolsk-Oussouriysk et Razdolny.

Après le départ de l’ataman Semenov (13 septembre 1921), le groupe d’unités de Grodekovo fait sa soumission au gouvernement provisoire de l’Amour et s’incorpore dans l’armée, tout en conservant l’essentiel de son organisation. Dans la province Maritime, les divisions et les brigades de l’armée sont en règle générale transformées en régiments tout en conservant leur ancienne dénomination territoriale. Notons que c’est également le cas pour les bataillons, les compagnies et escadrons qui conservent le nom des régiments qui étaient les leurs dans les années 1918 et 1919. Les nouvelles brigades formées par la fusion des brigades en régiments reçoivent des noms génériques.

Bien que, du fait de la position du gouvernement socialiste-révolutionnaire, la situation soit très ambiguë (l’armée n’existe officiellement pas et se trouve pratiquement désarmée), le pouvoir « rose » n’ose pas la supprimer. Après le remplacement, le 26 mai 1921, du gouvernement « rose » par le gouvernement provisoire de l’Amour (dirigé par les frères Merkouloff) l’armée prend le nom de « réserve de la milice » et, à partir de l’été, s’appelle armée du gouvernement provisoire de l’Amour. Au 6 novembre 1921, cette armée compte 27.000 bouches, mais elle ne peut aligner au front que 6.000 combattants et, avec un effort suprême, 9.000 au maximum. En novembre 1921 et au début de 1922, l’armée (6.000 baïonnettes et sabres) a l’intention de lancer un grand mouvement insurrectionnel dans la région de l’Amour et entame la campagne de Khabarovsk (sous le nom d’« Insurrection blanche »). Khabarovsk est libérée, mais les espoirs d’un soulèvement général contre les bolcheviques ne se réalisent pas et il faut rebrousser chemin.

Au cours de l’été, sur fond de dégradation des relations entre le gouvernement et le commandement de l’armée, se réunit l’« assemblée territoriale de l’Amour » qui met en place en juin 1922 le gouvernement « de la région territoriale de l’Amour » présidé par le général M.K. Dieterichs, ancien commandant en chef du front oriental sous l’amiral Koltchak, invité à venir dans la province Maritime. L’armée prend le nom d’ost (armée) territoriale de la région de l’Amour (au 1er septembre elle compte jusqu’à 8.000 baïonnettes et sabres, 19 canons et 3 trains blindés). Elle se compose de 4 groupements (ost) : l’ost de la Volga (anciennement 3e corps), l’ost de Sibérie (ex-2e corps), l’ost des Cosaques de Sibérie (ex-1er corps) et l’ost d’Extrême-Orient (composé de troupes des 1er et 2e corps), divisés en régiments (détachements) formés à partir des anciennes brigades. Quant aux anciens régiments, ils deviennent bataillons et divisions. Début novembre 1922, l’armée est évacuée en Chine, par mer à partir de Vladivostok et par la frontière avec la Chine au sud de la province Maritime. Au 2 novembre 1922, plus de 20.000 personnes au total ont été évacuées dont 14.000 militaires.

Après l’évacuation de l’Extrême-Orient, de petits foyers de résistance vont perdurer jusqu’en 1923. Les dernières actions militaires d’importance en 1922-1923 se déroulent en Yakoutie où le soulèvement avait débuté en 1921. À Okhotsk se trouve depuis avril 1920 un petit détachement blanc ayant participé à ce dernier soulèvement (Okhotsk va tomber le 5 juin 1923). En septembre 1922, le 1er détachement de volontaires de Sibérie (740 hommes) débarque à Ayan sous les ordres des généraux A.N. Pepelyaiev et E.K. Vichnievsky et se dirige sur Yakoutsk. À la suite de durs combats sous Amga en mars 1923, il faut retraiter vers la côte et, les 17-18 juin, les restes du détachement de Pepelyaiev et des insurgés périssent à Ayan.

Une geste patriotique

Les cosaques du Kouban, avec à leur tête l'ataman Bogaevsky sur la tombe du soldat inconnu à Paris, le 6 septembre 1930
Les raisons de l'échec des armées blanches sont d'ordre politique et militaire. La supériorité numérique de l'Armée rouge était encore renforcée par l'unité et la qualité de son commandement ; face à elles, les armées blanches souffrirent de défaillances du commandement et des dissensions. Mais ce qui fut sans doute déterminant, ce fut l'absence de tout programme politique et social qui aurait pu rallier les populations autour de la contre-révolution. Au contraire, les mesures impopulaires telles que la mobilisation dans les régions occupées et la restitution des grands domaines à leurs propriétaires éloignèrent des blancs la masse des paysans qui espéraient enfin accéder à la propriété du sol.

En émigrant, des Blancs emportaient la certitude que la lutte pour la Russie n’était pas terminée. Dans les années 1920 et 1930, plusieurs organisations blanches, dont la plus importante fut l'Association des anciens combattants russes, se formèrent hors de la Russie avec l'intention de renverser le gouvernement soviétique par la guérilla. Des corps de cadets russes furent créés dans plusieurs pays en vue de préparer la prochaine génération à la « campagne de printemps » (un terme inventé par des émigrés blancs, signifiant le renouvellement espéré de leur campagne contre les bolcheviques). Pendant la deuxième guerre mondiale, de nombreux Russes blancs ont souhaité participer à l'Armée de libération de la Russie du général Andreï Vlassov. À l'inverse, d'autres émigrés russes blancs comme Dénikine ont soutenu l'armée rouge et l'URSS contre l'Allemagne hitlérienne, par réaction nationaliste face à ce qui apparaissait comme une agression étrangère.

Bibliographie

  • Les Blancs et les Rouges. Histoire de la guerre civile russe (1917-1921), Dominique Venner, éd. du Rocher, 2007.

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