Signal

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Couverture du Signal n°20/1941 montrant un grenadier sur le front russe
Signal est le plus célèbre magazine de la deuxième guerre mondiale. Fleuron de la propagande de guerre allemande durant les années 1940-1945 en dehors du Reich, dans toute l'Europe occupée et même au-delà, cette vitrine de prestige se veut le “magazine de l’Europe nouvelle”.

Présentation

Guerre de l'information

Le Kriegsberichter Meisinger et le Kapitänleutnant Reinhard Hardegen (U-123 Kommandant)
Destiné à l’étranger (il n’est pas diffusé en Allemagne), le magazine a pour mission de glorifier la puissance de la Wehrmacht et de justifier les choix politiques de l’Allemagne. Principalement axé sur les nouvelles militaires, politiques et économiques, on y trouve également des pages sur la mode, l’histoire, les arts ou le cinéma.

D’un point de vue historique et documentaire, Signal, édité par l’entreprise de presse Deutscher Verlag [1], est considéré comme la publication la plus importante paraissant pendant la guerre et sur elle. En effet elle met à disposition un important fonds de photographies uniques sur les puissances de l’Axe, dont certaines sont parmi les plus célèbres de la période, et dont beaucoup seront employées dans les livres ou manuels couvrant cette période, notamment celles en couleur, pratique exceptionnelle pour l'époque (qu'on retrouve dans les revues Die Wehrmacht ou Der Adler). Une très grande partie de ces photographies étaient produites par l’armée elle-même, grâce à de nombreux correspondants de guerre au cœur des différents théâtres d’actions (Propagandatruppe). Ces militaires dédiés à la “guerre de l’information” sont équipés de boîtiers Leica IIIc.

Si la maquette moderne, laissant une large place à la photographie, la bichromie noir-rouge, le format 27 x 36,5 cm, sont très largement inspirées du magazine américain Life et du Match français (ancêtre du Paris-Match de 1949), la qualité d'impression, particulièrement celle des pages en couleurs, est par contre de très loin à cette époque novatrice en ce domaine. Le choix du titre lui-même montre autant de soin que celui apporté à la qualité de la revue. Ce mot est en effet compréhensible et traduisible dans le plus grand nombre possible de langues européennes (Signalet en danois, Signaal en flamand, Sinal en portugais, Signaali en finnois, etc.).

Publié sous le contrôle du commandement des forces armées allemandes (Oberkommando der Wehrmacht), Signal est relativement indépendant du ministère de la propagande de Joseph Goebbels (Reichsministerium für Volksaufklärung und Propaganda). Il est réalisé par la section IV des services de la Wehrmacht Propaganda Abteilung (WPr), chargée de la propagande à l'étranger.

Afin de fournir articles et photos à la propagande, l'OKW s'appuie sur les membres des Propaganda Kompanien (PK). Les PK sont des détachements de correspondants de guerre qui resteront jusqu'à la fin de la guerre, aux ordres de Hasso Von Wedel. On trouve des PK dans toutes les branches des armées. En 1943, on compte 21 PK dans la Wehrmacht, 4 PK dans la Luftwaffe, 4 PK dans la Kriegsmarine. En ce qui concerne la Waffen-SS, le RAD, l'organisation Todt, le NSKK et le DRK chacun dispose de 1 PK, le tout représentant 15.000 hommes. Les hommes incorporés dans les PK étaient principalement des journalistes et des photographes de presse de métier.

Parution

Pages centrales en couleur du Signal n°13 d'octobre 1940 présentant un chasseur allemand longeant les côtes anglaises.
Pour son premier numéro, le 15 avril 1940, soit un mois à peine avant le déclenchement de la Blitzkrieg à l'ouest, Signal est imprimé à Berlin en quatre versions : allemande, française, italienne et anglaise. Par la suite, ce magazine, destiné uniquement à l'exportation, sera traduit en 25 langues différentes et disponible :
  • dans tous les pays occupés : France, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Bohême-Moravie, Slovaquie, Grèce, Norvège. Il y aura même une édition russe à partir de 1942.
  • dans les pays de l'Axe et leurs satellites : Italie, Roumanie, Hongrie, Croatie, Bulgarie, Finlande.
  • dans des pays neutres ou pro-allemands : Turquie, Espagne, Suède, Suisse, Portugal et même aux... États-Unis (en 1940-41).

Entre 100 et 120 traducteurs seront employés à Berlin à cet effet (le numéro en version allemande sert de matrice pour les autres éditions). L’impression sera ensuite délocalisée de Berlin et confiée aux groupes de presse des pays occupés. C’est ainsi l’imprimerie Curial-Archereau à Paris qui assure à partir de 1941 la fabrication des éditions pour la France, la Belgique et la Suisse. La distribution en zone libre et Afrique du Nord est assurée par Hachette.

Le magazine a une pagination de 40 à 48 pages et une périodicité plus ou moins bimensuelle (17 numéros en 1940, 23 en 1941 et 1942, 24 en 1943, 19 en 1944, 5 en 1945). Jusqu’à l’année 1942 incluse, le journal est constitué de deux parties, séparées par une double page centrale de photos en couleurs. La première partie est consacrée à l’actualité et aux succès de l’armée allemande, la seconde, à la mode, l’art, l’histoire, le cinéma, montrant souvent une Allemagne moderniste à la pointe du progrès. On y trouve des publicités pour des produits et entreprises comme l’eau de Cologne 4711, Agfa, Audi, BMW, Commerzbank, Continental, Deutsche Bank, Dresdner Bank, Faber Castell, Henkel, Mauser, Mercedes-Benz, Merck, Olympia, Pelikan, Rolleiflex, Siemens, Telefunken, Zeiss, etc.

Au plus fort de son tirage, en juin 1943, Signal atteint deux millions et demi d'exemplaires, toutes langues confondues, dont 800.000 pour l'édition française qui est la plus importante. Le magazine ne subit que rarement les restrictions de papier et le meilleur lui est toujours réservé. Le dernier numéro paraît en mars 1945, soit un mois et demi avant la fin de la deuxième guerre mondiale.

Ligne éditoriale

Couverture du Signal n°12/1943 en langue slave
Signal se veut un illustré abondant, fournissant des informations exclusives, claires, intelligentes. La vocation internationale du magazine va forcer la rédaction à adopter un ton modéré pour ne pas heurter la sensibilité des nombreux et différents lecteurs. Contrairement aux autres titres de propagande, les allusions à la suprématie de la “race aryenne” et à la politique raciale allemande sont inexistantes.

Dans un premier temps, Signal rend compte des victoires éclatantes de l’armée allemande et de son allié italien. Jusqu’à la mi-1942, l’articulation de Signal est toujours la même, la première moitié du magazine montre la puissance de l’armée allemande et de ses armes alliée à un sens tactique des chefs parfaitement maîtrisé. Il s’agit de glorifier le groupe et on s’arrête rarement aux actions individuelles. Le magazine s’attache à démontrer que s’il y a la guerre, ce n’est pas de la volonté de l’Allemagne, mais la faute de l’Angleterre (puis de la Russie bolchevique après la rupture du pacte germano-soviétique) qui a poussé les nations dans un conflit mondial. La seconde moitié du magazine est culturelle avec des pages sur le cinéma, la mode, l’histoire, l’art en montrant toujours l’Allemagne sous un aspect novateur, moderne, à la pointe du progrès tout en ayant un passé européen important. La double page couleur sert à marquer les deux facettes du magazine. Signal met l’accent sur la jeunesse et la beauté. Le magazine inclut dans ses pages des photos « coquines » pour l’époque afin de monter l’idéal féminin germanique.

À partir du n°17 de 1941, Signal met à disposition des lecteurs une table des matières en début du magazine. Cette table disparaît avec le n°1 de 1942 et permet de remarquer une mutation de la ligne éditoriale. Le magazine parle de plus en plus des volontaires étrangers qui rejoignent les rangs de l’armée allemande comme les Espagnols de la Division Azul ou les Français de la LVF. On commence à parler des combattants de l’Europe et des volontaires étrangers dans la Waffen SS.

Avec la défaite de Stalingrad début 1943, Signal termine sa mutation et se transforme de plus en plus en magazine politique; on voit apparaître de plus en plus de tirages à part qui sont le plus souvent des reprises d’articles à caractère politique. Si l’aspect militaire reste important, les victoires deviennent de plus en plus rares et de fait, les images aussi, ce qui laisse la place à des articles politiques de plus en plus souvent rédigés par Giselher Wirsing. À partir du n°8 de 1943, la table des matières réapparaît avec des parties sans équivoques, « La guerre : une lutte mondiale », « Le nouvel aspect du monde et l’avenir de l’Europe ». La guerre se transforme en croisade européenne contre le bolchevisme et, contrairement au début, l’action individuelle devient très importante et fait la part belle aux volontaires notamment de l’Est. La rubrique « La vie d’aujourd’hui » évolue aussi en montrant le bonheur de venir travailler en Allemagne pour l’industrie, en plus des classiques articles sur les progrès de la science allemande, la mode et l’art allemand qui est menacé par les bombardements. C'est après le débarquement allié en Italie (juillet 1943) que le ton se radicalise pour dénoncer l’invasion de la « forteresse Europe » : l’influence des idées nationales-socialistes devient flagrante - on peut y voir percer des attaques contre la « juiverie internationale » - afin de préparer de plus en plus les lecteurs à l'inexorabilité de la guerre totale.

  • Notes :
  1. Il s’agit en fait de la Ullstein-Verlag, fondée en 1877 par Leopold Ullstein, saisie en 1934 dans le cadre de l’aryanisation économique, et rebaptisée Deutscher Verlag en 1937. Cet éditeur était célèbre entre les deux guerres pour ses nombreux titres, dont le Berliner Illustrirte Zeitung, un quotidien illustré. La Deutscher Verlag publiera également l’hebdomadaire du NSDAP, Das Reich, et l’éphémère Panzerbär. Après-guerre, la famille Ullstein récupérera son bien.

Anecdote

Le photographe français André Zucca (1897-1973) a été réquisitionné en 1941 pour travailler au journal Signal. Il y présente de façon positive l'occupation allemande, ainsi que la création de la LVF (sans que l'on puisse lier ces activités à un quelconque engagement idéologique, même s'il a été parfois qualifié d'anarchiste de droite). Cela a été aussi l'occasion pour lui de photographier dans les rues, les jardins et les gares de Paris. Ces clichés montrent une ville où les pénuries suscitent chez les élégantes des prodiges de créativité et nombre de scènes extraordinaires, les aspects les plus répressifs ou sombres n'apparaissant qu'incidemment. Une exposition organisée par la Bibliothèque de la Ville de Paris organisée en 2008 a révélé ces clichés au grand public.

Bibliographie

Liens externes

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Autres :

Ressources audiovisuelles