Saint-Loup

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Alpiniste, motard, explorateur ou soldat perdu, Saint-Loup, pseudonyme de Marc Augier (19 mars 1908 - 16 décembre 1990), s'est lancé à corps perdu dans toutes les aventures de ce siècle. Militant de gauche et pionnier des Auberges de Jeunesse, ayant rejoint les rangs de la LVF sur le front de l'Est tout en se démarquant de l’idée d'une Europe une-et-indivisible à la mode jacobine telle que la voyaient les dirigeants du Reich national-socialiste, il mènera après la seconde guerre mondiale une carrière de journaliste et d'écrivain. Magnifique romancier à l’imagination fertile, Marc Augier avait fait de la matière historique une vision épique : il inventa littéralement une Europe des "Patries charnelles", autrement dit une Europe des régions, pour laquelle chaque province d’Europe « recevait son autonomie culturelle totale et restait dépendante de la fédération pour l’économie, la politique étrangère et la défense ».


Biographie

Marc Augier naît le 19 mars 1908 au sein d’une famille de la bourgeoisie bordelaise. Sa prime jeunesse se déroule sans événement notable. Élève au lycée Victor Hugo de Bordeaux, il est un assez bon élève, mais ne sollicite pas particulièrement l’intérêt de ses maîtres. Pourtant, il manifeste déjà un goût certain pour le sport. Mais celui-ci ne joue pas un rôle important dans l’éducation des lycéens de l’époque et ne retient donc pas l’attention des professeurs.

Un sportif accompli et audacieux

Après le baccalauréat (1926), il « fait son droit », comme on disait alors, pour satisfaire aux attentes de sa famille, désireuse de le voir accéder à une situation de notable. Mais c’est dans le sport qu’il trouve sa raison de vivre et de se mettre en valeur. Il éprouve une passion brûlante pour l’aviation. Il suit donc une formation de pilote. Devenu un aviateur accompli, il effectue quelque vingt vols. Son ardeur le rend cependant oublieux des règles élémentaires de précaution. Ainsi, au cours d’un vol, il tombe en panne de carburant. Sa compétence d’aviateur lui permet d’éviter le pire grâce à un atterrissage périlleux, mais l’alerte a été chaude. Le détourne-t-elle des routes du ciel ? On ne sait. Mais, à la suite de cet accident, il se tourne vers la moto, et il crée le moto-club de Bordeaux en 1928. Il participera alors à maintes épreuves de motard : Dunkerque-Perpignan en moins de vingt-quatre heures, rallye de Monte-Carlo, raid Paris-Athènes, exploration du Sahara occidental jusqu’à Colomb-Béchar, traversée de l’Atlas, au Maroc, dont il sillonne les crêtes à moto, à 4 000 mètres d’altitude. Il lui arrive de partager l’existence des légionnaires.

Il abandonne alors ses études de droit pour se consacrer totalement au sport et au journalisme : ses pérégrinations marocaines deviendront matière à un reportage pour L’Illustration. Il collabore aussi à La Dépêche du Midi, le grand quotidien radical du Sud-Ouest. Après la découverte de l’avion et de la moto, il s’éprend de la montagne. Il se perfectionne dans la pratique du ski qu’il avait quelque peu pratiqué dans sa prime jeunesse. Surtout, il s’enthousiasme pour l’alpinisme, auquel il s’initie avant d’en devenir un adepte beaucoup plus qu’honorable. Les hauteurs alpines ne sont pas seules à l’emballer. Il connaît un attrait, et même une fascination, pour la neige et les paysages qui en sont couverts, ce qui l’amène à entreprendre une exploration en Laponie. Ce genre d’initiative comportait alors plus de risques qu’aujourd’hui.

Ses prouesses sportives, celles de motard comme celles d’alpiniste et de randonneur polaire (on ne peut tout de même pas le qualifier d’explorateur) suscitent l’intérêt de la presse, l’admiration du public, et lui offrent donc une flatteuse renommée. Marc Augier a une conception élevée du sport. Ce dernier n’est pas seulement un plaisir, une distraction, un loisir, qui permet à ses praticiens de se dérouiller les muscles, de se détendre, de se “défouler” (dirait-on aujourd’hui) et de s’aérer. Il y voit une éducation de l’âme et de tout l’être de l’homme. Il réprouve absolument le système scolaire français de son temps, qui réduit l’éducation physique à de simples et brèves séances hebdomadaires de gymnastique ou de pratiques sportives récréatives et à quelques « promenades de santé », trop rares et trop peu organisées pour être bénéfiques. L’éducation physique et sportive est pour lui partie intégrante de l’éducation tout court, au point d’en constituer l’élément essentiel. Fondée sur l’effort, sollicitant la volonté, tendant les muscles, elle permet seule d’élever réellement le jeune être humain et d’insuffler en lui l’aspiration à l’idéal, et donc à l’accès aux plus hautes et plus pures valeurs morales, en l’arrachant à la trivialité d’une existence quotidienne marquée par la propension au quant-à-soi (sinon au repli sur soi), au désintérêt vis-à-vis des autres et du monde, et à la stérilité mentale.

En se désintéressant de l’éducation physique, en ne sollicitant pas le corps, en attachant une importance exclusive à l’intelligence, qu’on identifie à la capacité de mémoriser un nombre impressionnant d’informations de savoir et à l’aptitude à satisfaire à des examens et exercices rituels, le système scolaire français dessèche et étiole les jeunes dont il a la charge, et fait d’eux des individus timorés, soucieux de leurs seuls intérêts à courte vue, sans ambition et sans idéal. Par là, Marc Augier s’apparente à Edmond Demolins, promoteur d’un système scolaire original et créateur, au début du XXe siècle, de l’École des Roches, en laquelle l’éducation physique et sportive joue un rôle de premier plan.

Une conception humaniste de la pratique sportive

Cette conception de l’éducation physique et sportive n’a alors, à son esprit, rien de nietzschéen, même Cette conception de l’éducation physique et sportive n’a alors, à son esprit, rien de nietzschéen, même si elle appelle au dépassement de soi et vise volontiers l’exploit. Elle est plutôt humaniste. Marc Augier a surtout en vue une formation propre à faire du jeune un homme moralement épanoui, épris d’idéal et vertueux grâce à une éducation physique et sportive conçue comme le substrat indispensable et la sève vivifiante de l’éducation morale et intellectuelle. Mens sana in corpore sana pourrait lui tenir lieu de devise.

Il est alors républicain, laïc, progressiste et pacifiste, bien qu’il ne se livre à aucune activité militante, encore moins partisane. D’abord proche de l’aile gauche de la mouvance radicale, il se sent des affinités croissantes avec la SFIO dont il approuve le socialisme humaniste, l’orientation pacifiste et les conceptions éducatives modernes. Et c’est avec transport qu’il accueille le gouvernement de Front populaire, dirigé par le socialiste Léon Blum, le 4 juin 1936. Au sein de ce gouvernement, le socialiste Léo Lagrange assume les fonctions de secrétaire d’État aux Sports et à l’Organisation des Loisirs[1]. Il donne une vive impulsion morale, politique et financière aux auberges de jeunesse, conçues pour favoriser les excursions, randonnées et loisirs des jeunes, et met au point une véritable politique du sport en France. Marc Augier se sent en plein accord avec cette ambition. Comme Léo Lagrange, il souhaite un vigoureux développement du sport de masse, la généralisation des pratiques sportives au sein de la population française, et l’attribution d’une place importante à l’éducation physique à l’école et au lycée. Il est littéralement conquis par les discours prononcés alors par Lagrange en juin 1936. Ce dernier déclare haut et fort : « Notre but simple et humain est de permettre aux masses de la jeunesse française de trouver dans la pratique des sports, la joie et la santé, et de construire une organisation des loisirs telle que les travailleurs puissent trouver une détente et une récompense à leur dur labeur … Notre souci est moins de créer des champions et de conduire sur le stade 22 acteurs devant 40 000 ou 100 000 spectateurs, que d’incliner la jeunesse de notre pays à aller régulièrement sur le stade, sur le terrain de jeux, à la piscine ».

Augier se montre tellement séduit qu’il accepte de devenir conseiller de Léo Lagrange et membre de son équipe ministérielle. Il s’efforce alors, à son échelle, de promouvoir et de multiplier les auberges de jeunesse, de développer la pratique du sport, de l’alpinisme, des randonnées et autres excursions auprès de la jeunesse. Il devient le directeur d’un périodique intitulé Le Cri des Auberges de Jeunesse. Comme Léo Lagrange, il souhaite obtenir une place importante à l’éducation physique dans notre système d’enseignement, mais se heurte à une certaine réserve du ministre de l’Éducation nationale, Jean Zay, et, plus encore, à celle de Léon Blum, président du Conseil et pur produit d’excellence de l’Université républicaine, fondée exclusivement sur la formation intellectuelle et la culture de l’esprit. Les deux hommes estiment que cette innovation n’est pas une priorité. Cette relative réticence douche un peu l’enthousiasme de Marc Augier pour la SFIO. Il comprend que, pour les socialistes, l’éducation physique et sportive n’est que le complément, certes important mais secondaire, d’une éducation qui doit demeurer avant tout intellectuelle et axée sur l’acquisition du savoir abstrait tel que le dispensent les lycées et les universités. Ces établissements, leur maîtres, avant tout intellectuels, érudits et savants, et très peu sportifs, doivent rester les premiers des éducateurs de la jeunesse. Blum, Jean Zay et autres caciques socialistes entendent démocratiser un type d’enseignement, de savoir et de culture jusqu’alors réservé à la bourgeoisie, mais non le remettre en cause et lui substituer une éducation combinant étroitement la formation du corps et celle de l’esprit, et aboutissant à l’édification d’un homme nouveau différent à la fois du notable passé par l’Université[2], pétri d’humanités gréco-latines, d’histoire et d’algèbre, et de l’homme du peuple, lesté pour tout bagage des leçons de l’école primaire ferryste, deux types d’individus incomplets et comme mutilés car n’ayant pas reçu l’apprentissage de la maîtrise corporelle qui aurait donné vie à l’ingurgitation des valeurs morales transmises abstraitement par leurs maîtres et leurs livres. Entre leurs mains, l’éducation physique et sportive sera le simple supplément d’âme de l’enseignement scolaire traditionnel, certes démocratisé. Réduite à cela, elle ne changera ni l’homme, ni la communauté.

L’homme, toujours formé suivant un type d’enseignement académique, restera un être fragmenté, en lequel l’esprit et le corps ne vivront pas en harmonie, et même s’opposeront, le premier dédaignant le second et s’efforçant de le dominer, le second protestant contre ce joug. À cet égard, le socialisme humaniste de Blum et de la SFIO n’est que l’extension du radicalisme, si caractéristique de la IIIe République, celui des Ferry et des Jules Steeg, des Félix Pécaut et des Ferdinand Buisson, surtout. Non pas un esprit sain dans un corps sain, mais un esprit gavé de savoir dans un corps dominé et bridé, avec, pour conséquence, une âme racornie, timorée, oscillant entre conformisme d’habitude, fait de passivité soumise, et aigreur confinant quelquefois à la révolte larvée, le tout aboutissant à l’éclosion d’un individu replié sur lui-même, égoïste, sans foi ni idéal, sans dévouement à la communauté. En 1938, âgé alors de 30 ans, Marc Augier est bien revenu de son enthousiasme pour le socialisme humaniste de la SFIO. Il y est cependant retenu par l’exemple de Léo Lagrange et de quelques autres qui partagent son idéal rénovateur. Il tient plus que jamais à sa conception de l’éducation physique et sportive comme instrument de façonnement d’un homme nouveau, c’est-à-dire d’un homme capable du plus parfait épanouissement grâce à la symbiose du corps et de l’esprit.

Une tell conception est évidemment beaucoup plus exigeante que celle qui consiste simplement à accroître le nombre d’heures d’éducation physique dans les emplois du temps des élèves. Et elle se démarque aussi de celle qui vise à faire émerger une élite de sportifs de haut niveau à des fins de prestige national et de profits financiers, ce qui mènerait à une instrumentalisation politique et à une marchandisation du sport. À cet égard, Augier est d’accord avec Lagrange, quand celui-ci déclare, devant les députés, en 1937 : « Si nous avons à faire un effort commun dans le domaine sportif, comme dans bien d’autres, c’est un effort de moralité. J’ai écouté avec grand intérêt M. Temple qui a fait apparaître les dangers redoutables du développement du sport professionnel. Hélas ! lorsqu’on accepte qu’un geste humain qui, par nature doit être désintéressé, devienne la source de profits importants, la juste mesure est très difficile à déterminer. Je crois que le jour où l’on a admis que le jeu sur le stade pouvait être l’occasion de profits importants, on a fortement atteint la moralité du sport. Aussi, de toutes mes forces et quelles que soient les critiques, parfois sévères, dont mon action pourra être l’objet, je m’opposerai au développement du sport professionnel dans notre pays. Je détiens au Parlement la charge de servir les intérêts de toute la jeunesse française, et non de créer un nouveau spectacle de cirque ».

Il existe pourtant, à ce niveau, une différence entre Marc Augier et son ministre. La critique de ce dernier, à l’encontre de la professionnalisation et de la marchandisation du sport, s’inscrit dans une perspective anticapitaliste, tout à fait normale de la part d’un socialiste. Lagrange refuse de voir le sport se transformer en business. Il ne dit rien d’autre dans ce discours. Il n’aspire à rien d’autre qu’à développer le sport de masse afin d’apporter aux jeunes et aux travailleurs « la joie et la santé » et de leur offrir « une détente » susceptible de compenser leurs moments de « dur labeur », ainsi qu’il le déclarait un an plus tôt. Socialiste conséquent, il oppose le “labeur” au plaisir des loisirs, de la détente, et, finalement, du repos. Selon lui, les hommes sont faits pour travailler, mais aussi pour se détendre et se consacrer aux loisirs, dont le sport fait partie, et auxquels il apporte le bienfait de sa fonction d’hygiène du corps et de l’esprit. Une vision socialiste, voire marxiste, du sport, donc. Ce n’est pas celle de Marc Augier. Certes, les deux visions se recoupent, présentent donc des points communs. Mais leurs différences sont importantes, et elles le deviendront de plus en plus, peut-être jusqu’à les opposer.

La recherche d'exemples étrangers. La découverte du national-socialisme

Dès cette époque, Augier abolit, sans le dire ni l’écrire, l’opposition que Lagrange établit entre le “labeur” et le loisir, et il ne conçoit pas le sport comme une simple “détente” offerte, à titre de “récompense” aux travailleurs, et devant leur permettre d’entretenir leur forme physique en même temps que de se refaire une santé mentale en se dérouillant les membres et s’oxygénant l’esprit. Le rôle du sport ne consiste pas à permettre aux hommes de “récupérer” après une dure journée de labeur (s’ils sont adultes) ou d’études arides (s’ils sont élèves du primaire ou du secondaire). Sa fonction réelle est éminemment formatrice, et elle implique donc l’effort, et donc la tension de l’être humain, et non sa détente. Diverses expériences vont le confirmer dans cette idée exigeante du sport comme instrument d’éducation morale et d’élément primordial de formation complète de l’homme visant son total épanouissement et sa quête constante d’idéal.

En premier lieu, ses séjours en Allemagne. Augier avait découvert ce pays lors d’un premier voyage outre-Rhin en 1929. Il avait alors été séduit par les mouvements de jeunesse d’alors, comme les Wandervögel, ainsi que par les sociétés de gymnastique. Mais c’est lorsqu’il découvre les Hitler Jugend qu’il est conquis. Il trouve dans ces mouvements des exemples de formation éthique de l’homme par la pratique des exercices physiques.

Cette découverte des Jeunesses hitlériennes n’aurait sans doute pas suffi à susciter l’enthousiasme sans bornes de notre héros. Marc Augier demeure encore un républicain démocrate, fondamentalement pacifiste, épris de liberté, progressiste, et attentif au mieux-être des masses. Or, le régime national-socialiste lui semble aux antipodes de cette sensibilité humaniste. En 1936, lorsqu’il intègre le cabinet de Léo Lagrange, il le perçoit comme une dictature étroitement nationaliste, obscurantiste, barbare et belliciste. La lecture du livre d’Alphonse de Châteaubriant, La Gerbe des Forces, paru en 1937, va totalement bouleverser cette vision et le convertir littéralement à la foi nationale-socialiste, qu’il ne reniera jamais par la suite. Châteaubriant voit dans le national-socialisme le ferment nécessaire à la saine réorientation du christianisme anémié et vicié, selon lui, par la vulgate humaniste, libérale et démocratique qui domine la France et l’Europe, et qui est le legs de la Renaissance, de la Réforme, des “Lumières” du XVIIIe siècle, de la Révolution française et du capitalisme débridé. Selon lui, le national-socialisme libérera le christianisme de son affadissement compassionnel et misérabiliste et lui fera retrouver le sens de la grandeur, de l’héroïsme, du sacrifice, de l’exigence de la foi la plus élevée et de la destinée surnaturelle de l’homme. Ainsi restauré dans son authenticité, le christianisme sera en mesure de régénérer les peuples et la civilisation européenne, enlisée dans un matérialisme mortifère, et promise à la déchéance ou à la révolution bolchevique. Le national-socialisme est, selon lui, l’instrument idéologique nécessaire à cette régénération du christianisme et de la civilisation, en même temps qu’il est adapté au génie allemand. Le christianisme doit se faire national-socialiste pour se sauver et sauver les peuples. « Il est dans la nature divine du Christianisme de pouvoir se transformer à l’infini selon les besoins des êtres »[3]. « La Révolution nationale-socialiste est une révolution de l’homme »[4]. Hitler, lui, « est avant tout un poète… un génie de race qui incarne son peuple entier… Il est la conscience populaire élevé à son plus haut degré d’aristocratisme »[5].

Marc Augier est complètement subjugué, enivré, par ce jugement de Châteaubriant sur le régime de Hitler, et il devient proprement national-socialiste. On peut même affirmer qu’il le devient encore plus que l’auteur de La Gerbe des Forces. Car ce dernier, aristocrate français, reste catholique — fût-ce avec quelques tendances gnostiques — et voit dans le national-socialisme l’instrument de régénération de la civilisation chrétienne, et en ignore délibérément l’orientation plutôt païenne et germanique. Augier, au contraire, se rallie d’emblée à cette conception païenne de l’homme ; et, bientôt, il en viendra à considérer qu’elle doit devenir celle de la civilisation européenne. Celle-ci, va-t-il penser, doit se ressourcer à ses origines païennes de l’Antiquité gréco-romaine et de la Germanie primitive. Châteaubriant et plus encore Mgr Mayol de Lupé demeureront indéfectiblement catholiques. Le premier verra dans le national-socialisme l’instrument de la régénération de l’Europe chrétienne ; le second identifiera la Wehrmacht et les Waffen SS à de modernes croisés, voire à de nouveaux Chevaliers teutoniques, défenseurs de la civilisation occidentale et chrétienne contre la barbarie communiste et le matérialisme anglo-saxon. Marc Augier, lui, considérera le national-socialisme comme le facteur d’un retour de la civilisation européenne au paganisme Il devenait ainsi pour beaucoup le plus authentique national-socialiste français, collant de près à l’idéologie nationale-socialiste, dont il se réclamait ouvertement.

En cela, il rompait, bien évidemment, avec son passé de sympathisant socialiste humaniste, membre du cabinet de Léo Lagrange, ministre du gouvernement de Front populaire dirigé par un juif. Cette rupture avec la gauche, avec l’“humanisme” traditionnel et avec la démocratie en général, fut complète lorsque, au cours d’un congrès mondial de la Jeunesse, tenu à New York en 1938, il entendit, de la bouche de représentants de la SFIO et de divers représentants de partis de gauche occidentaux, des critiques acerbes formulées contre les Jeunesses hitlériennes et le régime national-socialiste. Marc Augier rompit alors définitivement avec la SFIO, la gauche en général, et la démocratie elle-même.

Un partisan convaincu et très actif de la Collaboration

Lorsque la guerre éclate, en septembre 1939, Augier se trouve en Grèce, à la fois comme touriste et comme journaliste. Il rentre en France, mais ne participe guère aux combats. En juillet 1940, il se rallie au régime de Vichy. Il voit dans la défaite et l’établissement d’un régime politique fondé sur des valeurs et principes opposés à ceux de la République l’occasion d’une régénération morale de la France. Il se différencie donc des hommes de Vichy, bien français, soucieux de refonder notre pays sur des traditions et des valeurs exclusivement natio nales et hostiles aux influences germaniques, Augier pense que la renaissance française ne pourra être opérée que par l’apport de ces influences et de celles du national-socialisme, la philosophie morale et politique de notre vainqueur. Avant la guerre, il déclarait que c’est « parce que la France ne répond plus aux espoirs [d’une régénération morale]… que quelques-uns s’adressent à l’Allemagne ». En juillet 1940, il voit dans l’Occupation l’occasion unique pour notre pays de se relever en se mettant à l’école de l’Allemagne nationale-socialiste. Aussi va-t-il être, dès cette époque, un partisan convaincu de la collaboration avec le Reich. Conséquemment, il va seconder Châteaubriant, qui est devenu son ami, dans ses efforts pour la promotion de cette politique. Il écrit des articles dans La Gerbe, l’hebdomadaire que vient de fonder, en juillet, Châteaubriant. Et surtout, à l’automne 1940, il aide ce dernier à lancer le groupe Collaboration[6], ensemble d’intellectuels et d’artistes favorables à une politique de réconciliation et de coopération avec l’Allemagne, ainsi qu’à l’introduction, dans notre pays, au niveau de l’enseignement, de la presse et de la vie culturelle, et grâce à la tenue de conférences et la publication de livres et de brochures, des valeurs morales cultivées par le Reich national-socialiste. Au côtés de Châteaubriant, qui en est le président, Marc Augier côtoie alors des écrivains comme Pierre Benoit, Abel Bonnard, Pierre Drieu La Rochelle, le chimiste Georges Claude, Abel Hermant, et des personnalités telles que René Pichard du Page, le cardinal Baudrillart, Fernand de Brinon. Comme Châteaubriant, devenu son maître, il se bat pour une Europe nationale-socialiste au sein de laquelle la France trouverait sa place.

Afin de gagner les jeunes à la cause de la Collaboration, il crée, en mai 1941, un autre mouvement, les Jeunes de l’Europe nouvelle (JEN), qui se propose d’organiser des échanges et contacts entre les jeunesses française et allemande. Augier préside tout naturellement ce mouvement, avant d’en céder la direction, à la fin de 1941, à Jacques Schweizer[7]. Lors d’une conférence au théâtre du Grand-Palais, le 25 octobre 1941, devant les JEN, il explicite les raisons de son adhésion au national-socialisme : « Ce qui m’intéresse dans l’Allemagne nationale-socialiste et dans son action, c’est uniquement le socialisme. Français, je suis, Français, je reste. Mais je ne veux pas rester citoyen d’un État bourgeois et réactionnaire. Pour l’édification du socialisme en Europe, je suis prêt à conclure une alliance avec le diable lui-même ». Et, le 29 octobre de la même année, il écrit à Châteaubriant : « Si je consens à certains sacrifices en partant à la guerre alors que je n’aime pas la guerre, c’est parce que j’ai la conviction que le national-socialisme apporte enfin à l’Europe la réalisation du socialisme ». Ce sont là des déclarations typiques de la pensée collaborationniste, mais qui distinguent tout de même quelque peu Augier de certains de ses amis. Ainsi, Châteaubriant, fondateur et président du groupe Collaboration, ou Abel Bonnard, autre figure importante de ce groupe, nationaux-socialistes eux aussi, apparaissent comme plus réactionnaires et aristocrates que socialistes de par leur caractère et leur inclination personnelle. Par ailleurs, des hommes comme Fernand de Brinon ou Jean Luchaire sont, eux, européens et pacifistes plutôt que socialistes. Et, bien entendu, son orientation paganisante démarque Augier d’un Mayol de Lupé, d’un Philippe Henriot (voire d’un Châteaubriant), tous profondément catholiques. En fait, cette déclaration rapprocherait Marc Augier de Marcel Déat, venu de la SFIO (dont il fut exclu) — parti dont Augier lui-même fut très proche —, resté profondément socialiste et considérant le fascisme comme un bien meilleur instrument d’édification du socialisme que le marxisme, désuet. Tous les fervents collaborationnistes ont ardemment souhaité l’avènement d’une Europe unie sous la houlette de l’Allemagne, à la fois aristocratique et socialiste, et donc anti-libérale, anti-démocratique, anti-bourgeoise, et hostile à l’humanitarisme misérabiliste d’inspiration chrétienne et inspiré par un dévoiement de l’esprit de charité. Mais ils venaient d’horizons moraux et politiques différents et, malgré leur communion en un idéal commun sous l’Occupation, ils conservaient des marques de leurs familles de pensée originelles, et entendaient le national-socialisme selon leur sensibilité propre. Marc Augier, lui, venait du socialisme humaniste de la SFIO, et avait donc, nonobstant son goût de l’effort et du dépassement de soi visant l’idéal, une conception du national-socialisme plus socialiste qu’aristocratique.

Combattant sur le front russe aux côtés des Allemands

Augier est également un homme de plume. Nous avons vu qu’il était journaliste. Pendant la guerre, il écrit aussi des livres. Les uns relatent ses expéditions d’avant-guerre : Solstices en Laponie (1940), Les skieurs de la nuit. Un raid de ski-camping hivernal en Laponie finlandaise (1944). Les autres visent à stimuler l’ardeur des jeunes pour l’Allemagne et la collaboration : Le dialogue franco-allemand. Jeunesses d’Europe, unissez-vous (1941), J’ai vu l’Allemagne (1941).

Mais il est avant tout un homme d’action. Et il entend servir activement la cause de la collaboration franco-allemande. D’autant plus que toute son éthique personnelle repose sur un engagement non pas seulement de la pensée, de la parole et de l’écriture, mais de l’être tout entier, et, en conséquence, ne se manifeste vraiment avec éclat que dans des actes forts impliquant la personne concrète, c’est-à-dire son corps, et engageant donc sa vie. Le sport, rappelons-le, est pour lui, l’initiation à ce don total de soi. Aussi il approuve sans réserve la création, le 8 juillet 1941, de la Légion des Volontaires français contre le bolchevisme (LVF) et part combattre sur le front russe. Se battre en uniforme et les armes à la main lui semble donner la preuve de la sincérité et de l’esprit de sacrifice des partisans de la collaboration. Cela lui paraît essentiel également dans la mesure où c’est du sort des armes, lui-même tributaire du dévouement, de l’ardeur et de la foi des combattants, que dépendra l’issue de la guerre, laquelle se terminera soit par la double victoire de la dictature bolchevique russe et du libéralisme bourgeois et mercantile des Anglo-Saxons, soit par celle d’une civilisation étayée sur les plus élevées des valeurs morales. « Le combat est là-bas [sur le front de l’Est], et non pas à la terrasse des cafés parisiens », déclare-t-il alors. Sur le front russe, Augier est correspondant de guerre pour La Gerbe, hebdomadaire de son ami Châteaubriant. Il se bat vaillamment, participe à des actions de commandos contre les résistants russes, et participe aux offensives de front contre l’Armée rouge. Mais, blessé, il est rapatrié en juin 1943. Il dirige alors Le Combattant européen, le journal de la LVF, puis un autre périodique, Devenir, lorsque celle-ci intègre la Waffen SS, dont elle constituera la division Charlemagne.

Revenu en France et rendu à la vie civile, Augier se consacre à ses activités de propagandiste de la Collaboration par ses articles, mais également par ses livres : Les copains de la Belle Étoile (1941) et Les Partisans (1943). Nous l’avons vu, Augier reste indéfectiblement socialiste, et national-socialiste parce que viscéralement socialiste. Son adhésion au national-socialisme n’est en rien réactionnaire. Et s’il se bat aux côtés de la Wehrmacht et des SS, c’est pour contribuer à l’avènement d’une ère définitive de paix en Europe. Il a donc conservé beaucoup de l’humanisme socialiste de sa jeunesse et de sa période de compagnonnage avec la SFIO et la gauche pacifiste de l’entre-deux-guerres.

Cependant, le national-socialisme l’a transformé. S’il reste très sincèrement socialiste, il n’en a pas moins versé dans le système moral propre à la réaction en général, qu’elle soit fasciste ou traditionnelle du type catholique ou monarchiste. Cette évolution est d’ailleurs on ne peut plus logique. Augier critique tellement la démocratie libérale bourgeoise et son prosaïsme matérialiste, qu’il a retrouvé jusque dans la SFIO, et il aspire à une telle hauteur d’idéal accessible seulement à une élite capable d’héroïsme allant jusqu’au sacrifice suprême et largement tributaire d’une culture exigeante du corps conçue comme indispensable à l’élévation de l’âme, qu’il aboutit inévitablement à une éthique aristocratique, virile et potentiellement guerrière, assez éloignée de toute forme de socialisme sauf à considérer Sparte comme une cité socialiste. Il est plus proche de Nietzsche que de Blanqui, Marx ou Jaurès ; et l’on sait de quel mépris Nietzsche accablait les socialistes. Par ailleurs, soldat de la LVF (plus tard incorporée à la Waffen SS), chantre de la guerre contre l’URSS, conçue comme une croisade, il n’est guère crédible, en dépit de sa sincérité, lorsqu’il se pose en amoureux inconditionnel de la paix. Hitler et les SS étaient nationalistes, tout le contraire de pacifistes convaincus et éprouvaient d’ailleurs le plus profond mépris pour ces derniers.

En définitive, malgré ses dénégations sur ce point, Augier, se réclamant d’une éthique de type aristocratique, rejoignait la droite réactionnaire (lato sensu) de laquelle il prétendait se démarquer résolument, allant jusqu’à s’opposer à elle. Ce socialiste pacifiste devenait un aristocrate d’âme, de cœur et de corps, cultivant un héroïsme intégral. À partir de 1941, il ne conçoit le sport que comme une préparation au service armé, et la compétition comme une simulation du combat militaire. Et les échanges entre jeunes de différentes nations, naguère fondés sur l’amitié et la fraternité des âmes et des cœurs, sur une camaraderie bon enfant, est désormais, pour lui, l’occasion de rencontres viriles, prêtes à l’affrontement. Rencontres viriles car, désormais Marc Augier exclut les femmes de ses communautés de jeunes. L’édification d’une Europe unie autour d’un idéal socialiste est une affaire d’hommes. Des hommes faits pour la guerre, seule capable de réaliser concrètement cet idéal. Marc Augier est devenu pleinement national-socialiste.

Augier devenu Saint-Loup: une brillante carrière littéraire après la guerre

Cependant, les Anglo-Saxons et les Français Libres du général de Gaulle “libèrent” la France en août 1944, et l’Allemagne hitlérienne est écrasée par les Alliés et les Soviétiques, et capitule les 7 et 8 mai 1945. À l’automne de 1944, des poursuites judiciaires sont engagées contre Augier, caché par des moines, rue de la Source[8]. La cour de justice de la Seine le condamnera à mort par contumace le 15 octobre 1948.

Contraint à la clandestinité, il fait éditer, par Arthaud, un ouvrage consacré à sa passion et son expérience de la montagne, Face Nord. Il choisit alors le pseudonyme de M. A. de Saint-Loup pour échapper à la justice. Saint-Loup sera désormais son nom d’auteur. Ayant obtenu de son éditeur une avance substantielle sur ses droits d’auteur, il quitte la France pour le Brésil, et se fixe à Rio de Janeiro où il a des appuis. Puis il passe en Argentine, où il sera un moment instructeur dans l’armée[9]. En 1952, il fait paraître en France un roman, La Nuit commence au Cap Horn, qui rencontre un grand succès et reçoit les éloges de tout le milieu littéraire. L’académie Goncourt envisage de lui décerner son prix, mais y renonce lorsque Le Figaro littéraire révèle l’identité de son auteur[10].

De retour en France, il se voit condamné à deux ans de détention, mais reste libre car il bénéficie de la loi d’amnistie de 1953. Marc Augier, devenu Saint-Loup, travaille comme journaliste pour divers périodiques. Il poursuit une brillante carrière littéraire. Il écrira des livres consacrés à ses souvenirs de militant et de collaborateur et à la justification de son engagement militaire et de l’existence de la Waffen SS (Les Volontaires, 1963, Les Hérétiques, 1965, Les Nostalgiques, 1967, Les voiliers fantômes d’Hitler, 1973, Les SS de la Toison d’Or. Flamands et Wallons au combat, 1975, Götterdämmerung. Rencontres avec la bête : témoignage 1944-1945, 1986), des ouvrages relatifs à la confrontation des hommes virils avec les éléments naturels (Monts pacifiques, de l’Aconcagua au Cap Horn, 1951, Montagne sans Dieu, 1955, La Montagne n’a pas voulu, 1953, La peau de l’aurochs, 1999), des ouvrages consacrés à des régions dotées d’une forte identité géographique et culturelle, volontiers rebelles et riches de passé (Nouveaux Cathares pour Montségur, 1969, Plus de pardons pour les Bretons, 1971, La République du Mont-Blanc, 1982, Corse, terre insoumise, 2023, édition posthume), un livre sur le peuple juif et Israël (Le sang d’Israël, 1970), un récit de la vie d’Antoine de Tounens, qui se voulut roi d’Araucanie et de Patagonie (Un roi blanc pour les Patagons, 1996), entre beaucoup d’autres. Considéré comme un maître à penser et un modèle accompli de vie et d’engagement par toute la mouvance de la Nouvelle Droite, il s’éteindra à Balainvilliers, dans l’Essonne, le 10 décembre 1990[11].

Fait divers

Le 20 avril 1991 à la Maison des Mines (Paris Ve), des nervis sionistes agressèrent les participants d’une conférence sur l’écrivain organisée par l’association Les Amis de Saint-Loup, agression dont Libération du 22 avril 1991 sous la signature d'Alain Léauthier se félicita. Une femme de 71 ans succombera à ses blessures après un coma et un court réveil.

Citations

« Notre nomadisme moderne doit être un retour aux sources, une confrontation violente avec les forces naturelles, et non une pratique du loisir aimable. »

Les skieurs de la nuit

Oeuvres

Cycle des Patries charnelles :

  • La nuit commence au Cap Horn, Un génocide de droit divin, Presses de la Cité, 1965, Avalon, 1986.
  • Nouveaux cathares pour Montségur, Presses de la Cité, 1969, Avalon, 1986.
  • Plus de pardon pour les Bretons, Presses de la Cité, 1971, Irminsul, 1998.
  • La République du Mont-Blanc, La Table Ronde, 1982, Irminsul, 2001.
  • Les Patries charnelles, Irminsul, 1998.
  • Corse terre insoumise. Tableau d'une lutte patriotique, Les amis de la culture européenne, 2023. [1]

Sur la guerre :

  • J'ai vu l'Allemagne, Marc Augier, Sorlot, 1941, Le Flambeau, 1986.
  • Les Partisans, Choses vues en Russie, 1941-1942, Denoël, 1943, Irminsul, 2000.
  • Sergent Karacho, 1945, Le Flambeau, 1994.
  • Les Volontaires, Presses de la Cité, 1963.
  • Les Hérétiques, Presses de la Cité, 1965, Trident, 1986.
  • Les Nostalgiques, Presses de la Cité, 1967, Trident, 1986.
  • Le Sang d'Israël, Presses de la Cité, 1970.
  • Les voiliers fantômes d'Hitler, Aventures vécues, Presses de la Cité, 1973.
  • La Division Azul, Croisade Espagnole de Léningrad au goulag, Presses de la Cité, 1978, Trident, 1987.
  • Les SS de la Toison d'Or, Flamands et Wallons au combat 1941-1945, Presses de la Cité, 1975.
  • Le Boer attaque ! Commandos sud-africains au combat, 1881-1978, Presses de la Cité, 1981.
  • Götterdämmerung ou Rencontre avec la Bête. Témoignage 1944-1945, Art et Histoire d'Europe, 1986; rééd. avec présentation par Henri Fenet, Editions de l'Homme libre, 224 p.
  • Préface à : Otto Skorzeny, Opérations secrètes, Déterna, 2002.

Sur l'industrie :

  • Renault de Billancourt, de la 1ère voiture (1898) à la 4 cv de la clandestinité, une destinée hors mesure, Amiot-Dumond, 1955.
  • Marius Berliet, l'inflexible, Presses de la Cité, 1962.
  • Dix millions de coccinelles, Presses de La cité, 1968.

Sur la montagne :

  • Face Nord, Plon, 1946, Art et Histoire d'Europe, 1986.
  • La montagne n'a pas voulu..., Arthaud, 1949, rééd. augm. 1953, Slatkine, 1978.
  • Monts pacifiques, de l'Aconcagua au Cap Horn, Arthaud, 1951.
  • Le pays d'Aoste, Arthaud, 1952.
  • La peau de l'aurochs, Plon, 1954.
  • Montagne sans Dieu, Amiot Dumont, 1955.

Sur les randonnées-excursions :

  • Solstice en Laponie, Marc Augier, éd. du Contadour, 1940, l'Aencre, 1995.
  • Les copains de la belle étoile, Marc Augier, Denoël 1941, Le Flambeau, 1992.
  • Les Skieurs de la nuit, Marc Augier, Stock, 1944 (refonte de Solstice en Laponie).

Autres :

  • L'enfant en plein air, Aux Horizons de France, Marc Augier, éd Horizons de France, 1937, éd. Gergovie, 1998.
  • Le Roi Blanc des Patagons, éd. André Bonne, 1964.
  • Une Moto pour Barbara, Presses de la Cité, 1973.
  • La Mer n'a pas voulu... Histoires de naufrages heureux, Arthaud, 1978.
  • Le Ciel n'a pas voulu, Accidents fabuleux, Presses de la Cité, 1979 (sur l'aviation).
  • « Alphonse de Châteaubriant », Marc Augier in Les survivants de l'aventure hitlérienne (t. 1), Famot, Genève, 1978.
  • La Montagne n'a pas voulu... La Mer n'a pas voulu... Le Ciel n'a pas voulu..., Gergovie, 1998.

Bibliographie

  • Francis Bergeron, Saint-Loup, Pardès, coll.« Qui suis-je ? », 2010.
  • Éric Simon-Marienne, Rencontres avec Saint-Loup, "Le monastère des hommes en noir", Les amis de Saint-Loup, Paris, 1991.
  • Jérôme Moreau, Sous le signe de la roue solaire, itinéraire politique de Saint-Loup, L'Aencre, 2002.
  • Pierrick Deschamps, Une mythologie européenne sous le signe de la croix gammée. L’imaginaire européen des patries charnelles dans les romans de Saint-Loup, Mémoire de Master, 2007. Lire en ligne : [2]

Liens externes

  • « Ecrivains et plumes libres », sur Panorama Europa : [3].

Textes à l'appui

► SAINT-LOUP LE PAÏEN

Marc Augier
Couverture de la 1ère édition
C'est dans le Grand-Nord, loin de la civilisation des marchands, des banquiers et des professeurs de morale, que le fondateur des Auberges laïques de la jeunesse a découvert, au solstice d'hiver de 1938, cette grande santé qui a pour nom paganisme. Il nous a quittés, le 16 décembre 1990, après un long parcours initiatique à la conquête du Graal.


Au temps où il s'appelait encore Marc Augier, Saint-Loup publia un petit livre, aujourd'hui très recherché, Les skieurs de la nuit (1944). Le sous-titre précisait : Un raid de ski-camping en Laponie finlandaise. C'est le récit d'une aventure, vécue au solstice d'hiver 1938, qui entraîna deux Français au-delà du cercle polaire. Le but ? « Il fallait, se souvient Marc Augier, dégager le sens de l'amour que je dois porter à telle ou telle conception de vie, déterminer le lieu où se situent les véritables richesses ». Le titre du premier chapitre est, en soi, un manifeste : Conseils aux campeurs pour la conquête du Graal. Tout Saint-Loup est déjà là. En fondant en 1935, avec ses amis de la SFIO et du Syndicat National des Instituteurs, les Auberges laïques de la Jeunesse [cette aventure est évoquée dans Nouveaux cathares pour Montségur], il avait en effet en tête bien autre chose que ce que nous appelons aujourd'hui "les loisirs" - terme dérisoire et, même, nauséabond depuis qu'il a été pollué par Trigano [créateur du Club Med].

Au temps béni du solstice d'hiver

Marc Augier s'en explique, en interpellant la bêtise bourgeoise : « Vous qui avez souri, souvent avec bienveillance, au spectacle de ces jeunes cohortes s'éloignant de la ville, sac au dos, solidement chaussées, sommairement vêtues et qui donnaient à partir de 1930 un visage absolument inédit aux routes françaises, pensiez-vous que ce spectacle était non pas le produit d'une fantaisie passagère, mais bel et bien un de ces faits en apparence tout à fait secondaires qui vont modifier toute une civilisation ? La chose est vraiment indiscutable. Ce départ spontané vers les grands espaces, plaines, mers, montagnes, ce recours au moyen de transport élémentaire comme la marche à pied, cet exode de la cité, c'est la grande réaction du XXe siècle contre les formes d'habitat et de vie perfectionnées devenues à la longue intolérables parce que privées de joies, d'émotions, de richesses naturelles. J'en puise la certitude en moi-même. À la veille de la guerre, dans les rues de New York ou de Paris, il m'arrivait soudain d'étouffer, d'avoir en l'espace d'une seconde la conscience aiguë de ma pauvreté sensorielle entre ces murs uniformément laids de la construction moderne, et particulièrement lorsqu'au volant de ma voiture j'étais prisonnier, immobilisé pendant de longues minutes, enserré par d'autres machines inhumaines qui distillaient dans l'air leurs poisons silencieux. Il m'arrivait de penser et de dire tout haut : "Il faut que ça change... cette vie ne peut pas durer" ».

Conquérir le Graal, donc. En partant à ski, sac au dos, pour mettre ses pas dans des traces millénaires. Car, rappelle Marc Augier, « au cours des migrations des peuples indo-européens vers les terres arctiques, le ski fut avant tout un instrument de voyage ». Et il ajoute : « En chaussant les skis de fond au nom d'un idéal nettement réactionnaire, j'ai cherché à laisser derrière moi, dans la neige, des traces nettes menant vers les hauts lieux où toute joie est solidement gagnée par ceux qui s'y aventurent ». En choisissant de monter, loin, vers le Nord, au temps béni du solstice d'hiver, Marc Augier fait un choix initiatique. « L'homme, rappelle-t-il, retrouve à ces latitudes, à cette époque de l'année, des conditions de vie aussi voisines que possible des époques primitives. Comme nous sommes quelques-uns à savoir que l'homme occidental a tout perdu en se mettant de plus en plus à l'abri du combat élémentaire, seule garantie certaine pour la survivance de l’espèce, nous avons retiré une joie profonde de cette confrontation (...) Les inspirés ont raison. La lumière vient du Nord... (...) Quand je me tourne vers le Nord, je sens, comme l'aiguille aimantée qui se fixe sur tel point et non tel autre point de l'espace, se rassembler les meilleures et les plus nobles forces qui sont en moi ».

Dans le grand Nord, Marc Augier rencontre des hommes qui n'ont pas encore été pollués par la civilisation des marchands, des banquiers et des professeurs de morale. Les Lapons nomades baignent dans le chant du monde, vivent sans état d'âme un panthéisme tranquille, car ils sont « en contact étroit avec tout un complexe de forces naturelles qui nous échappent complètement, soit que nos sens aient perdu leur acuité soit que notre esprit se soit engagé dans le domaine des valeurs fallacieuses. Toute la gamme des croyances lapones (nous disons aujourd'hui "superstitions" avec un orgueil que le spectacle de notre propre civilisation ne paraît pas justifier) révèle une richesse de sentiments, une sûreté dans le choix des valeurs du bien et du mal et, en définitive, une connaissance de Dieu et de l'homme qui me paraissent admirables. Ces valeurs religieuses sont infiniment plus vivantes et, partant, plus efficaces que les nôtres, parce qu'incluses dans la nature, tout à fait à portée des sens, s’exprimant au moyen d'un jeu de dangers, de châtiments et de récompenses fort précis, et riches de tout ce paganisme poétique et populaire auquel le christianisme n'a que trop faiblement emprunté, avant de se réfugier dans les pures abstractions de l'âme ».

Contre la Loi de Moïse... ou de George Bush

Le Lapon manifeste une attitude respectueuse à l'égard des génies bienfaisants, les Uldra, qui vivent sous terre, et des génies malfaisants, les Stalo, qui vivent au fond des lacs. Il s'agit d’être en accord avec l'harmonie du monde : « Passant du monde invisible à l’univers matériel, le Lapon porte un respect et un amour tout particulier aux bêtes. Il sait parfaitement qu'autrefois toutes les bêtes étaient douées de la parole et aussi les fleurs, les arbres de la taïga et les blocs erratiques... C'est pourquoi l'homme doit être bon pour les animaux, soigneux pour les arbres, respectueux des pierres sur lesquelles il pose le pied ». C'est par les longues marches et les nuits sous la tente, le contact avec l'air, l'eau, la terre, le feu, que Marc Augier a découvert cette grande santé qui a pour nom paganisme. On comprend quelle cohérence a marqué sa trajectoire... Après avoir traversé, en 1945, le crépuscule des dieux, Marc Augier a choisi de vivre pour témoigner. Ainsi est né Saint-Loup. Auteur prolifique, dont les livres ont joué, pour la génération à laquelle j’appartiens, un rôle décisif. Car, en lisant Saint-Loup, bien des jeunes, dans les années 60, ont entendu un appel. Appel des cimes. Appel des sentes sinuant au cœur des forêts. Appel des sources. Appel de ce soleil Invaincu qui, malgré tous les inquisiteurs, a été, est et sera toujours le signe de ralliement de garçons et filles de notre peuple.

Cet enseignement, infiniment plus précieux plus enrichissant, plus tonique que ceux dispensés dans les tristes et grises universités, Saint-Loup l'a placé au cœur de la plupart de ses livres. Mais avec une force toute particulière dans La peau de l'aurochs (1954). Ce livre est un roman initiatique, dans la tradition arthurienne : Saint-Loup est membre de ce compagnonnage qui, depuis des siècles, veille sur le Graal. Il conte l'histoire d'une communauté montagnarde, enracinée au pays d'Aoste, qui entre en résistance lorsque les prétoriens de César - un César dont les armées sont mécanisées - veulent lui imposer leur loi, la Loi unique dont rêvent tous les totalitarismes, de Moïse à George Bush. Les Valdotains, murés dans leur réduit montagnard, sont contraints, pour survivre, de retrouver les vieux principes élémentaires : se battre, se procurer de la nourriture, procréer. Face au froid, à la faim, à la nuit, à la solitude, réfugiés dans une grotte, protégés par le feu qu'il ne faut jamais laisser mourir, revenus à l'âge de pierre, ils retrouvent la Grande Santé : leur curé fait faire à sa religion le chemin inverse de celui qu'elle a effectué en deux millénaires et, revenant aux sources païennes, il redécouvre, du coup, les secrets de l’harmonie entre l'homme et la terre, entre le sang et le sol. En célébrant, sur un dolmen, le sacrifice rituel du bouquetin - animal sacré dont la chair a permis la survie de la communauté, il est symbole des forces de la terre maternelle et du ciel père, unies par et dans la montagne - le curé retrouve spontanément les gestes et les mots qui calment le cœur des hommes, en paix avec eux-mêmes car unis au cosmos, intégrés - réintégrés - dans la grande roue de l'Éternel Retour. De son côté, l'instituteur apprend aux enfants des nouvelles et dures générations qui ils sont, car la conscience de son identité est le plus précieux des biens : « Nos ancêtres les Salasses qui étaient de race celtique habitaient déjà les vallées du pays d'Aoste ». Et le médecin retrouve la vertu des simples, les vieux secrets des femmes sages, des sourcières : la tisane de violettes contre les refroidissements, la graisse de marmotte fondue contre la pneumonie, la graisse de vipère pour faciliter la délivrance des femmes... Quant au paysan, il va s'agenouiller chaque soir sur ses terres ensemencées, aux approches du solstice d'hiver, et prie pour le retour de la lumière.

Ainsi, fidèle à ses racines, la communauté montagnarde survit dans un isolement total, pendant plusieurs générations, en ne comptant que sur ses propres forces - et sur l'aide des anciens dieux. Jusqu'au jour où, César vaincu, la société marchande triomphante impose partout son "nouvel ordre mondial". Et détruit, au nom de la morale et des droits de l'homme, l'identité, maintenue jusqu'alors à grands périls, du pays d'Aoste. Seul, un groupe de montagnards, fidèles à leur terre, choisit de gagner les hautes altitudes, pour retrouver le droit de vivre debout, dans un dépouillement spartiate, loin d'une "civilisation" frelatée qui pourrit tout ce qu'elle touche car y règne la loi du fric. Avec La peau de l'aurochs, qui annonce son cycle romanesque des patries charnelles [Plus de pardon pour les Bretons, Nouveaux cathares pour Montségur, La République du Mont-Blanc], Saint-Loup a fait œuvre de grand inspiré. Aux garçons et filles qui, fascinés par l'appel du paganisme, s'interrogent sur le meilleur guide pour découvrir l'éternelle âme païenne, il faut remettre, comme un viatique, ce testament spirituel. Aujourd'hui, Saint-Loup est parti vers le soleil. Au revoir, camarade ! Du paradis des guerriers, où tu festoies aux côtés des porteurs d'épée de nos combats millénaires, adresse-nous un fraternel salut ! Nous en avons besoin pour continuer encore un peu la route.

Avant de te rejoindre. Quand les dieux voudront.





► VERS UNE EUROPE DES "PATRIES CHARNELLES" ?


Marc Augier âgé
Péguy trouva cette admirable définition et personne n'eut l'idée de l'accuser de racisme. L'honnête homme, en ce temps-là, ne s'effaçait pas encore devant les dialecticiens qui, manipulés par les sectes, les partis politiques, les loges, les syndicats, sont arrivés à dévitaliser le mot lui-même qui, maintenant, désigne aussi bien un CRS frappeur qu'un patron refusant une prime de farniente à son personnel, alors que le racisme n'est qu'une prise de conscience de la différenciation raciale. Il n'implique en aucune manière la volonté d'opprimer ou détruire une race sous prétexte qu'elle présente des caractères différents de la nôtre. Bien au contraire ! Nous sommes racistes pour les Noirs autant que pour les Ariens et les Juifs. Pour reprendre en le transformant quelque peu un slogan qui fit fortune : « Nous sommes tous des Israéliens » ! Car pour nous, les SS, comme pour les Sabras, le ventre de la mère détient le privilège de définir, en la produisant, une race d'hommes, au même titre que celui de la louve définissant l'espèce des loups qui ne sont pas des chiens. Si elle commet le péché qui sera un jour reconnu comme le véritable péché originel en s'accouplant avec un chien, ses descendants ne seront plus tout à fait des loups et pas tout à fait des chiens. Les lois qui régissent l'évolution de l'homme et celle des animaux sont exactement les mêmes.

À la base de l'Europe dont nous restons les porteurs lucides, apparaît donc la notion raciale dans toute la mesure où un millénaire d'obscurantisme ne l'a pas diluée dans l’indifférenciation biologique du « monde gris » qui se prépare. Le second impératif qui s'impose à l'Europe s'appelle la notion de territoire. C'est la plus puissante de toutes celles qui conditionnent le comportement des hommes et des animaux. Konrad Lorenz et Hardrey l'ont démontré et Heinz Heidiger a dit : « L'histoire du territorialisme dans le règne animal est le premier chapitre de l'histoire de la propriété dans l'espèce humaine ». Le rouge-gorge qui sautille dans votre jardin se trouve sur son territoire et ne le partage pas avec d'autres, sauf sa femelle. Ce même jardin, ou ce parc, ou ce domaine, est aussi votre territoire. L'instinct du lieu d'origine se rattache directement à celui du territoire, celui de la procréation également. Les saumons traversent les océans pour venir frayer dans le fleuve où ils sont nés et y mourir d'épuisement. Méconnaître cet instinct que la philo-genèse a ancré profondément dans toutes les espèces de vertébrés, hommes compris, aboutit aux aberrations politiques et sociales débouchant sur le communisme. Or, l'homme communiste ne possédant plus de territoire personnel, a cessé d'aimer la terre et de la cultiver, plaçant ainsi l'URSS au bord de la famine. En pays communiste, c'est aussi la grisaille de la vie, l'apathie du prolétaire qui, moins heureux que les bêtes, ne possède plus une parcelle de terre bien à lui. Mais l'évolution actuelle des pays dits capitalistes aboutit au même résultat. Bien nourris cependant, les mains pleines d'objets dits de consommation, les hommes de l'Occident déracinés végètent dans les soixante mètres carrés de leurs appartements HLM, tristes, hargneux, prêts à casser n'importe quoi, molester n'importe qui, parce qu'ils ne possèdent plus l'espace réclamé par leur instinct animal.

L'Europe doit donc être repensée à partir de la notion biologiquement fondée du sang, donc des races, et des impératifs telluriques, donc du sol. Voilà quel est le contenu des « patries charnelles ». Il ne peut exister que de petites patries charnelles nourries de cette double force. En effet, plus l'espace unifié s'étend, plus la réalité raciale se dilue par mélange et plus le territoire échappe à la propriété de l'individu au profit du groupe. En gros, nous devrons choisir entre l’URSS et la Bretagne, le destin continental ou le destin régional. La grenouille peut bien se faire aussi grosse que le bœuf et en crever, mais elle peut aussi rester grenouille. C’est là que je me sépare de mes nombreux amis nationalistes, tout en partageant beaucoup de leurs opinions de base. C'est là que je me sépare de mes nombreux amis catholiques tout en partageant aussi une bonne partie de leur morale. Car la France qui portait dignement ce nom, celle des rois, qui représenta la plus brillante réussite de toute l'histoire de l’Occident, s'est suicidée en assassinant Louis XVI et ne renaîtra plus. Elle achèvera de disparaître dans un continent soviétisé, entraînant avec elle la disparition des noyaux qui firent sa force, les Germains, les Celtes, et les Alpins.

La SS pourrait aujourd'hui, comme il y a trente ans, sauver l'Europe, mais elle n'existe plus au plan temporel. Comme je l'ai montré dans mon dernier livre Les SS de la Toison d'Or, elle avait en 1944, galvanisé tout ce qui restait de vrais guerriers et de penseurs audacieux sur le vieux continent. Porteuse de la plus antique croix du monde, descendue du Nord avec les Aryens primitifs, la Waffen SS n'était plus allemande au sens restreint et nationaliste du terme. Elle était européenne et en humeur de ressusciter les valeurs de base du sang et du sol. Au Centre d'Etudes de Hildesheim, au monastère SS « Haus Germania », nous avions dressé la carte des « patries charnelles » que nous prétendions faire reconnaître par notre combat et imposer aux pangermanistes qui ne nous suivaient pas – et il y en avait – avec l'appui des armes que nous aurions, si nécessaire, conservées au~delà d'une victoire militaire. C'était une Europe racialement fondée et dénationalisée. Je la considère comme parfaitement valable aujourd'hui car, aujourd'hui comme hier, les Bretons ne sont pas des Niçois, les Basques des Andalous, les Bavarois des Prussiens, les Corses des Picards et les Piémontais des Siciliens ! Nous disions : chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Mais gardées par la SS, bien entendu, car la masse reste incapable de s'autogérer. Car nous étions les libérateurs des ethnies prisonnières des nations, les porteurs de croix d'une nouvelle religion qui enseignait ceci : L'homme n'a pas été créé à l’image de Dieu mais doit se soumettre à l’évolution que Dieu dirige depuis six cents millions d'années car, seule elle nous permettra de découvrir un jour son image à travers le surhumain conquis et non octroyé.

De toute manière, les nations historiquement fondées sont condamnées. Elles ont fait leur temps et coûté trop de sang pur. Exemple : le vent tourne aujourd'hui au mariage d'amour entre la France et l’Allemagne ? Apparence seulement que sous-tendent les grands intérêts économiques. Il n'y aura jamais de véritable entente franco~allemande. Le contentieux historique entre les deux nations est trop lourd. Mais entre la Bretagne et la Bavière il n'existe pas de contentieux historique. La SS voulait sauver les ethnies à dominance raciale encore évidente, leur donner la souveraineté culturelle, c'est-à-dire un niveau supérieur de liberté, les laisser s'administrer selon les us et coutumes du lieu. La France disparaissait. Mais l’Allemagne aussi! L'Europe se diversifiait, donc retrouvait son génie et reprenait son évolution ascendante car l'évolution réside dans une diversification de plus en plus accentuée.

Fédérées, toutes ces provinces s'effaçaient devant la collectivisation des moyens de défense et de l’économie. Cinquante millions de Waffen SS commandés par l’élite raciale du continent tenaient facilement en respect les deux milliards d'Asiates et d'Africains qui fatalement, vont nous donner l’assaut au cours du siècle prochain. L'économie qui, elle, ne pouvait être « régionalisée » aurait été planifiée car on ne voit pas une 5 CV Renault conçue selon une technique basque, entrant sur la chaîne selon une méthode poméranienne et recevant une finition scandinave. Problème mineur. Depuis l'âge des cavernes l'homme reste en mesure de se donner l'économie qui lui plaît et il n'est d'autre richesse que d'hommes. Avec ceux des patries charnelles, pris en main par les porteurs de la nouvelle croix, l'Europe redevenait l'objet d'admiration, d'envie et de crainte salutaire qu'elle inspira au monde entier pendant mille ans. En luttant à contre-courant, de 1939 à 1945, les Européens ont perdu cette chance qui, peut-être, aura été la dernière.

Aujourd'hui cependant, la tendance centrifuge des ethnies qu'oppriment les nations est plus accusée que voici trente ans. L'espace germanique constitue une république fédérale où Munich ne dépend pas de Hambourg comme Nice ou Bordeaux de Paris. Si un référendum populaire posait aux Piémontais, Bergamasques, Vénitiens, Lombards, la question : « préférez-vous un régime d'autonomie à la domination républicaine de Rome ? », les « OUI » représenteraient 80 % des réponses et, déjà, le Val d'Aoste, le Sud Tyrol, la Sicile, ont gagné leur indépendance culturelle. Les Flamands désirent se séparer des Wallons et de l'État royal belge. Et si Franco avait donné l'autonomie aux Basques et aux Catalans, il aurait empêché les marxistes de se faire leurs porte-parole.

L'Europe ancienne sera fatalement contrainte de rendre leur liberté à ses ethnies ou de les décimer. Car on ne voit pas qui, dans l'immédiat, pourrait détenir les moyens de fédérer ces « patries charnelles ». La liberté par le suffrage universel ? C'est le chaos, la lutte à couteau tiré pour délimiter les zones d'influences respectives; adopter une langue communautaire complétant les langues régionales (quelle bagarre entre le Français, l'Anglais et l'Allemand ! ).

Le marché commun peut-il devenir autre chose qu'une affaire de gros sous jouant au profit de quelques puissances internationales ? Les Loges qui pourraient trouver dans cette libération des peuples un idéal humaniste n'oseraient la promouvoir. Alors, qui ? Mais peut-être les Russes, Messieurs ! N'oubliez pas que l'URSS est dotée d'une constitution fédérale qui sert de drapeau à la dictature raciste des Grands Russes Moscovites ! Alors, un continent de peuples fédérés de Gibraltar à Vladivostock ? Avec un Czar fédérateur et communiste comme le grand Staline ? Après tout, pourquoi pas, puisque une partie de l'Europe a craché sur le prophète que les dieux lui avaient envoyé et qui était tout de même « bien de chez nous ? » Mais il faudra payer !





► LES SOLDATS POLITIQUES


Sur le Front de l'Est
L'éthique guerrière et aristocratique a sans doute été dans l'histoire européenne l'incarnation la plus vivace des anciennes valeurs païennes face à l'ascension au pouvoir de l'humanisme bourgeois. Au XXe siècle, le guerrier, chassé des guerres devenues de grandes boucheries insensées, écœuré par les écoles militaires devenues refuges pour fonctionnaire en uniforme, s'est converti en soldat politique, revêtant tantôt le masque du militant révolutionnaire, tantôt celui du chef de guérilla ou du capitaine de corps d'élite motivé par une vision du monde et de l'homme, et souvent par une idéologie politique.

Ernst Jünger, Pierre Drieu La Rochelle, Ernst von Salomon et André Malraux, venus d'horizons idéologiques divers, ont été des frères d'armes de cette nouvelle chevalerie intellectuelle et guerrière. Au sujet de Drieu, Julien Hervier écrit : « Il est entièrement d'accord avec Jünger sur le fait que le pouvoir appartient aux minorités agissantes : ce qu'il nomme élite est très proche de ce que Jünger appela le type actif du travailleur. Son rêve d'une aristocratie pauvre rejoint même étroitement chez Jünger l'apologie d'anciennes classes spirituellement dirigeantes : les ordres allemands de chevalerie, la compagnie de Jésus, l'armée prussienne » (in Deux individus contre l'histoire : Drieu La Rochelle, Ernst Jünger, Klincksieck, 1978, p. 339).

Ernst von Salomon, dans Les réprouvés (1928) décrit l'épopée héroïque des corps-francs qui en 1919 libèrent une partie des terres baltes de la domination bolchevique, puis, sans grand succès, s'aventurent dans la guérilla politique. Alain de Benoist déclare au sujet de ce livre : « Bien avant L'espoir de Malraux, des militants politiques de tous bords y découvrent l'éternel romantisme de l'action » (in Vu de droite).

À propos de son roman "adolescent", Les conquérants, également publié en 1928, André Malraux commente dans une postface écrite une vingtaine d'années plus tard : « Ce livre n'appartient que bien superficiellement à l'Histoire. S'il a surnagé, ce n'est pas pour avoir peint tels épisodes de la révolution chinoise, c'est pour avoir montré un type de héros en qui s'unissent l'aptitude à l'action, la culture et la lucidité. Ces valeurs étaient indirectement liées à celles de l'Europe d'alors ». L'Europe d'alors, ou l'Europe éternelle, lorsqu'elle se retrouve, débarrassée de son vernis bourgeois, dans le dénuement de la guerre et de l’aventure ? L'un des héros de La Voie Royale, sur le point de mourir de ses blessures, face à des assaillants « se souvint d'un de ses oncles, hobereau danois qui après mille folies s'était fait ensevelir sur son cheval mort soutenu par des pieux, en roi hun ».

Qu'importent, en fait, les idées pour lesquelles ces jeunes gens se sont battus dans une Europe divisée contre elle-même jusqu’à l'absurde suicide ! Qu'importent les camps s'ils étaient inévitables ! Fascistes et communistes, républicains et nationalistes, avaient en commun le courage face à la mort, la nostalgie d'un ordre nouveau au-delà de la société marchande, la camaraderie virile, le réalisme tragique des hommes entièrement voués à l'action. Jean Mabire, lui-même historien des corps d'élite, Normand et fidèle héritier des Vikings, écrivait à l'occasion du décès d'André Malraux : « Il faut dire, maintenant et ici, ce que personne n'a osé dire en ces jours trompeurs qui ont suivi sa mort : la lecture des Conquérants a "fabriqué" autant de fascistes que de communistes. Les jeunes gens qui lisaient Malraux dans cette période exaltante et pipée de l'immédiat avant-guerre, lisaient aussi Les réprouvés ; le seul écrivain avec lequel ils aimaient comparer Malraux était von Salomon, cet autre terroriste » (« André Malraux parmi les siens » in Éléments n° 19).

Et au Malraux des années 30 et 40, chantre des héros de la révolution rouge, puis colonel de la Résistance, dont Jean Plumyène dira qu'il était représentatif d'un "nationalisme de transfert" (« Littérature et nationalisme" in Magazine Littéraire n°87), Mabire rend ce vibrant hommage : « L'univers de Malraux était celui du pessimisme héroïque des vieilles légendes nordiques, celui où l'homme solitaire affronte un destin impitoyable (...) Malgré les artifices de la littérature, malgré ses truquages et ses complaisances, Malraux apparaissait comme le dernier survivant d'un univers tout entier dominé par la lutte éternelle. Il était salutaire qu'un romancier se dresse pour proclamer que la vie, c'est d'abord le combat, encore le combat et toujours le combat » (op. cit.).

Dans l'euphorie de l'immédiat après-guerre, le soldat politique s'éclipse ; il se suicide avec Drieu en 1945 ; il s'efface avec Malraux devenu politicien et dilettante... Mais il reviendra un peu plus tard avec Saint-Loup et Mabire.

Dans Face Nord (1950), Marc Augier, sous le pseudonyme de Saint-Loup, écrit le beau roman d'un groupe d'adolescents qui apprennent la rude école de l'alpinisme. Leur instructeur, Guido, oppose les anciens dieux scandinaves du ski et du combat à la mollesse de l'enseignement chrétien. Cette aventure destinée à un public jeune est sans doute le premier ouvrage consciemment païen de l’après-guerre. Son auteur parle en connaissance de cause, ayant été l'un des fondateurs du mouvement Auberges de Jeunesse sous le Front populaire, grand dévoreur d'aventures qui a traversé la Finlande à ski et le Maroc sur une moto, exploits inédits à l'époque (les années 30). Plus tard, Saint-Loup deviendra journaliste-combattant sur le Front de l'Est, d’où il puisera l'inspiration et les thèmes de ses deux grands romans de guerre, Les Volontaires (1963) et Les Hérétiques (1965). Les droits d'auteur qui lui reviennent après le succès relatif de Face Nord lui permettent de sortir de la clandestinité à laquelle il était condamné en Europe - pour avoir choisi le camp des vaincus pendant la Seconde Guerre mondiale - et de partir pour l'Argentine, où il deviendra instructeur des unités de montagne de l'armée de Juan Perón, avec le grade de colonel.

De son séjour en Amérique du Sud, Saint-Loup ramènera son plus beau roman, La nuit commence au Cap Horn, ouvrage qui lui aurait valu un prestigieux prix littéraire si quelqu'un n'avait pas fait remarquer au dernier moment aux membres du jury que derrière ce nom de plume proustien se cachait la personnalité "inquiétante" de Marc Augier, qui avait osé accrocher ses idées au bout d'un fusil, comme Malraux, Jean Prévost, Saint-Exupéry... mais pas du même côté. Quatre idées maîtresses traversent cette tragique histoire de la christianisation de l'âpre et froide Terre de Feu :

  1. L'idéal chrétien n'a pas triomphé parce qu'il était le plus juste ou le plus "civilisé", mais parce qu'il était servi par l'indomptable volonté de puissance des missionnaires, tel ce Duncan Mac Isaac que l'on peut sans hésiter comparer à un chef viking.
  2. Christianisme et paganisme se sont mêlés partout où le christianisme a triomphé. Le christianisme pur, l'éthique du Nouveau Testament, n'a jamais trouvé d'application pratique. À ses heures de mélancolie, le pasteur Mac Isaac se console en se récitant une vieille légende celtique, « la terrible vache Dun », qu'il évoque en ce termes : « Rien qu'une légende de nos vieilles terres. On distingue mal à travers elle la ligne de partage entre christianisme et paganisme. Ou plutôt il n'y en a point. Christianisme et paganisme sont intimement mêlés comme ici sur notre terre violente ».
  3. L'idéal d'amour et d'égalité propagé par la doctrine chrétienne est irréaliste et inadapté à la vie, comme le signale un sorcier Ona au pasteur méthodiste qui essaie de le convertir : « Makon-Auk dit que les hommes ne sont pas frères, parce que chacun doit défendre son terrain de chasse pour ne pas mourir de faim. Il dit encore que les hommes ne sont pas égaux parce que les uns sont nés forts et les autres faibles, et le Pasteur ne pourra rien changer à cela... »
  4. La conversion par la force, la séduction et le chantage économique de peuples étrangers à la mentalité chrétienne européenne se sont traduits par un génocide flagrant. De même que leurs frères de race plus au Nord, les Indiens de la Terre de Feu ont succombé à la colonisation chrétienne non seulement en tant que païens, mais en tant que peuple. En leur déniant le droit à la différence, c'est le droit à l'existence qu'on leur a ôté. La nuit commence au Cap Horn, en même temps qu'un passionnant récit d’aventures, offre un plaidoyer ardent pour la cause des peuples victimes des colonisations culturelles et économiques, qui font parfois plus de victimes que les brutales conquêtes militaires.

Revenu en France, Saint-Loup s'emploie, à partir des années 60, à justifier son engagement sur le front de l'Est, dans la croisade contre le bolchevisme, aux côtés des ressortissants d'une vingtaine d'autres nations, dans ses romans Les Volontaires et Les Hérétiques. Il met en scène un personnage nietzschéen, Le Fauconnier, qui incarne le moine-soldat au service d'un nouvel ordre européen. Les valeurs qui se dégagent de ces fictions historiques, comme d'ailleurs de toutes les œuvres de Saint-Loup, sont incontestablement et consciemment païennes.

Dans une récente thèse de doctorat, Myron Kok les résume ainsi : « Ces thèmes de base sont le principe ethnique et le fondement biologique de la civilisation (l'éternité par le sang) ; la fidélité ; la persévérance devant les difficultés ; la santé ; l'aristocratie (l'homme bien né, biologiquement parlant) ; le respect pour un ennemi honorable ; la joie de vivre, l'horreur de la société de consommation ; la position de la femme ; la vraie démocratie (la communauté de destin) ; le refus de capituler ; la voix des ancêtres » (Le thème de l'ethnie et l'idéologie nietzschéenne dans les romans historiques de Saint-Loup, thèse soutenue devant l'université de Port Elizabeth [non publiée], p. 21). On y reconnaîtra le code de l'honneur et de la "race", qui caractérise toutes les aristocraties guerrières. En outre, Saint-Loup épice ses récits de gauloiseries scabreuses, qui en rendent la lecture agréable en même temps qu'éducative dans le plein sens du mot.

Les romans qui suivront garderont la dimension mythique, mais, à mon avis, ils n'ont plus le grand souffle épique des quatre œuvres mentionnées plus haut, qui placent Saint-Loup aux côtés des plus grands narrateurs d'aventures de notre siècle, tels Hemingway, Jack London, Joseph Conrad et André Malraux.

Une autre limitation de Saint-Loup, du point de vue de la renaissance païenne, provient de ce qu'il rattache essentiellement les valeurs guerrières dont il se fait le chantre à une période historique extrêmement courte et, dans ce cadre, au camp vaincu. Si une telle attitude est fort compréhensible du point de vue de la fidélité à un engagement personnel, elle est beaucoup moins acceptable lorsqu'on se place dans la perspective païenne qui, pour triompher, doit être en mesure de surmonter les affrontements localisés dans le temps et dans l'espace (ce que Valéry appelait « jouer aux Armagnacs et aux Bourguignons ») et de prendre en compte l'ensemble de l'histoire européenne en partant de l'état de fait tel qu'on le trouve. Cette objection s'applique également à ceux qui, suivant une démarche inverse, continuent de culpabiliser l'Europe en refusant de porter un regard lucide et objectif sur l'Allemagne nazie, la Collaboration, la Résistance, le judaïsme, le communisme, le christianisme, les accords de Yalta, etc. [12]. La nostalgie romantique n'est pas de mise lorsque la survie et le renouvellement d'une grande culture sont en jeu.

Cela dit, la vision du soldat politique, nouvelle et très ancienne à la fois, que l'on peut extraire de Saint-Loup, est authentiquement païenne. Elle est tout entière résumée dans ces paroles de Pierre Drieu La Rochelle : « L'homme nouveau a réuni les vertus qui étaient depuis longtemps gravement dissociées et souvent opposées les unes aux autres : les propriétés de l’athlète et du moine, du soldat et du militant. Un moine - ou un saint - est un athlète qui pousse jusqu'à la démesure ou plutôt qui fait éclater jusque dans une autre sphère les efforts et les mérites de l’athlète - ou du héros. Pas d’athlète donc qui ne soit un moine en puissance. Le moine et l’athlète, le saint et le héros se retrouvent dans le soldat. Tout cela prend un sens terrestre vraiment plein si l'on y joint les directions philosophiques, politiques du militant. Pas non plus de militant qui puisse donner une plénitude à sa direction terrestre si elle ne se hausse à une attitude métaphysique » (in Notes pour comprendre le siècle).


  • Jacques Marlaud, Le Renouveau païen de la pensée française, Labyrinthe, 1986, p. 220-224.


Notes et références

  1. Auprès du ministre de la Santé publique, Henri Sellier, lui-même socialiste.
  2. À l’époque, ce terme englobait à la fois les collèges, les lycées et les facultés.
  3. La Gerbe des Forces, p. 230.
  4. Idem, p. 205.
  5. Idem, p. 267.
  6. Créé à l’automne 1940, le groupe Collaboration sera officiellement autorisé par les Allemands en février 1941.
  7. (1904-1981), avocat, venu des Jeunesses patriotes (JP).
  8. Dans le XVIe arrondissement de Paris.
  9. D’aucuns affirment qu’il donna également des cours à Evita Perón, mais cela n’a jamais été prouvé.
  10. Lors du vote décisif, seule Colette confirmera sa préférence pour Saint-Loup.
  11. Paul-André Delorme, « Saint-Loup, promoteur d’une éducation de l’âme et du corps fondée sur le sport », Rivarol, no 3568, 31 mai 2023, p. 14-15.
  12. Lier le sort du paganisme européen à l'aventure nationale-socialiste est contestable non seulement d'un point de vue stratégique, mais aussi du point de vue des faits : de nombreux penseurs de l'époque qui désiraient avec ferveur une renaissance de l'Europe dans le sens où la Nouvelle Droite le souhaite aujourd'hui, ont méprisé le nazisme en qui ils voyaient un mouvement plébéien jouant l'avenir d'une grande culture pour des motifs démagogiques et nationalistes primaires. Notons à ce propos que le principal théoricien national-socialiste, Alfred Rosenberg, oppose la "Lumière" apollinienne, qui symbolise pour lui l'idéal grec et nordique, aux forces chthoniennes de la sensualité représentées par Dionysos et en qui il voit le symbole de l'Asie (Le Mythe du XXe siècle, tr. P. Grosclaude, Sorlot, 1980, p. 26). Ce manichéisme simpliste, qui s'apparente au moralisme judéo-chrétien, est à l'opposé du principe de conciliation des contraires qui a toujours alimenté la conception tragique de la vie chez les Européens, et qui a inspiré La Naissance de la Tragédie de Nietzsche (1872).

Présent du 26 septembre 2020 Présent du 11 septembre 2021