Région

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Une région est un sous-ensemble géographique et ethnique d'un bloc plus vaste auquel elle appartient néanmoins. Sans constituer à elle seule un Etat ou un peuple, elle est, surtout en Europe, un lieu d'enracinement et d'identité irremplaçable.

La Bundschuh, symbole de la révolte paysanne qui secoua l’Allemagne du Sud, l’Alsace, la Suisse et le nord de la Franche-comté au début du XVIe siècle, était une revendication « organique » dirigée contre un pouvoir central qui se distanciait toujours davantage de ses administrés. Écrasée, cette révolte a brisé toute volonté de liberté. De tous les peuples germaniques, seule la Suisse a échappé au triste destin que Belges et Allemands subirent et subissent encore. Gravure de Georg Sluyterman von Langeweyde.

Une entité organique

« Une individualité géographique ne résulte pas de simples considérations de géologie ou de climat. Ce n'est pas une chose donnée d'avance par la nature. Il faut partir de cette idée qu'une contrée est un réservoir ou dorment des énergies dont la nature a déposé le germe, mais dont l'emploi dépend de l'homme. C'est lui qui, en la pliant à son usage, et en lumière son individualité. Il établit une connexion entre des traits épars ; aux effets incohérents de circonstances locales il substitue un concours systématique de forces. C'est alors qu'une contrée se précise et se différencie, et qu'elle devient à la longue comme une médaille frappée à l'effigie d'un peuple » (Vidal de la Blanche).

Les grands espaces structurés par le maillage régional sont caractéristiques des plus anciennes civilisations sédentaires. C'est en effet avec l'émergence de ces dernières, conséquence directe de la « révolution néolithique », qu'a vraiment commencé le processus d'enracinement de l'homme sur son sol. Les innovations culturelles décisives que représentent les techniques agricoles puis métallurgiques ont permis l'action grandissante des divers groupes humains sur leur environnement. C'est alors, à partir des premiers noyaux développés, devenus greniers et ateliers, qu'a pu démarrer la grande entreprise humaine d'habitabilité du monde.

Il s'agit là d'un phénomène très complexe, marqué dès le départ par un double mouvement évoluant sur un rythme pendulaire : processus d'homogénéisation d'une part, de différenciation d'autre part. En effet, intégration et assimilation (acculturation) ont été des traits permanents de la dynamique d'expansion des grandes civilisations. Mais, par ailleurs, cette logique a toujours subi la triple contrainte des facteurs temps, espace et variabilité culturelle - cette dernière renvoyant à l'élément spécifiquement humain, le plus décisif - qui constituent en fait les trois dimensions fondamentales propres à l'histoire elle-même. C'est le jeu combiné de ces trois facteurs qui est à l'origine du caractère très changeant et très mobile des faits humains, et partant, de leur diversité.

Nous n'insisterons pas sur le facteur temps : conditionnant les deux autres, il introduit immédiatement les notions d'évolution et de mutation. La variabilité culturelle, quant à elle, découle de la nature génétiquement "ouverte", non entièrement déterminée du comportement humain. Face à un milieu changeant, il y a adaptation libre: la nature propose, l'homme dispose. Enfin, retenons le rôle capital de la dimension spatiale, top souvent négligée. Elle est le théâtre de l'action humaine. Or, celui-ci n'est pas indifférencié; la surface terrestre et, par conséquent, les conditions qui y règnent, ne sont pas uniformes. Dès lors, la localisation d'un phénomène en un point particulier de l'espace n'est pas du tout indifférente (cfr. géopolitique). Les grandes civilisations historiques ne se sont pas développées au hasard mais, tout au contraire, dans des zones bien déterminées. Leur éclosion a été favorisée là où un certain nombre de conditions géographiques avantageuses étaient réunies. De même à l'intérieur de ces aires de civilisation, l'habitat s'est établi de préférence dans les contrées les plus propices aux besoins de l'homme. Le peuplement humain n'a donc jamais été uniformément réparti. A l'origine, de vaste zones en friche, quasi vides de toute présence humaine - forêts, landes, montagnes, steppes, etc. - entouraient les noyaux habités. Avec les progrès techniques et démographiques, ces "déserts" se sont peu à peu réduits, mais la distance entre groupes humains, en tant qu'expression de la dimension spatiale, ne saurait être annulée.

Le fait régional est né dans ce contexte : il est le résultat d'une confrontation séculaire, voire millénaire, entre les données géographiques particulières d'un sol et la [culture] spécifique d'une population. Il est à noter que, vu le confinement toujours relatif de celle-ci, les influences extérieures qu'elle subit, lesquelles contribuent pour une bonne part à la maturation de son identité - par une stimulation et une assimilation active -, dépendent également de la situation géographique du territoire considéré.

Les régions et l'Europe

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Le maillage régionalisé du continent européen constitue un de ses traits fondamentaux. La région, entité de taille humaine, héritière d'une longue histoire, permet une identité, une proximité, une communauté, qui est un contrepoids au cosmopolitisme anonyme et aux centralismes bureaucratiques.

Les régions représentent (au-delà des variations géographiques provoquées par les aléas de dizaines de siècles), les briques constitutives de l'Europe, ses éléments fondamentaux, avec et au-dessus desquels se sont faits et défaits les divers Empires ou Etats-nations qui ont marqué notre histoire.

La région est l'expression polycentrée de l'unité globale des peuples européens. Elle est un sous-ensemble organique, un cloisonnement intérieur, une réserve de la mémoire ethnique, qui permet d'éviter la fragilité rigide des « blocs » nationaux. Un exemple pour illustrer ce propos : si, du fait du funeste droit du sol, des allogènes de provenance extra-européenne peuvent toujours plus s'affirmer « Français », « Belges », « Suisses », etc., il leur est beaucoup plus difficile de se dire « Ecossais », « Bourguignons », « Siciliens », « Bernois », « Bavarois », etc.

Pour des raisons ethnologiques, jamais aucune « mondialisation », jamais aucun processus de globalisation de la Terre ne pourra affaiblir l'impératif régional. Il ne pourra que le renforcer[1].

Pierre Vial résume ainsi la question :

« Les identités régionales sont restées bien vivantes et brûlent de se réaffirmer. C'est évidemment plus vrai pour certaines régions que pour d'autres. Mais nier l'identité alsacienne, l'identité bretonne, l'identité basque, l'identité corse est une absurdité et une impasse [...] Il ne faut pas se cantonner à l'état actuel de la France, avec les frilosités, les frigidités du système en place [...] Montrons clairement que nous sommes en faveur d'une confédération européenne reposant sur l'affirmation et la reconnaissance de l'Europe des peuples. L'Europe aux cent drapeaux? Peut-être même un peu plus. En tout cas, l'Europe des patries charnelles »[2]

Tentant de concilier, de manière organique et impériale, les trois idées de région d'enracinement, de nation historique et d'Europe, il poursuit :

« Il ne s'agit pas, comme le disent des contradicteurs de mauvaise foi, de mettre à mal l'identité française, mais au contraire de lui donner une nouvelle chance historique [...] Il faut affirmer une identité qui intègre une double nécessité : dépasser l'Etat-nation, par le haut, avec l'Europe, et, par le bas, avec les régions. » Pierre Vial en appelle à une «  République française confédérée » (la VIe République) sur le modèle des Länder allemands, mais aussi de l'expérience espagnole actuelle et de celle des cantons suisses. Il ajoute : «  c'est dans cette proximité régionale que l'on pourrait assister à un retour du politique, c'est-à-dire des citoyens agissant directement sur leur propre destin. Ce serait un bel exemple d'application du principe de subsidiarité

Il conclut par la nécessité d'un regroupement, dans le futur, de toutes ces patries charnelles, de toutes ces entités régionales organiques dans un ensemble continental eurosibérien, d'origine indo-européenne, doué d'un destin de puissance commun, qui n'aura évidemment rien à voir avec la parodie d'Europe qu'offre le spectacle des institutions européennes actuelles.

Les ambiguïtés du régionalisme

« Dans la partie occidentale de l’Europe, des mouvements séparatistes sont médiatiquement entretenus, comme en Catalogne, pour promouvoir des idéologies néo-libérales (face à d’anciens Etats jugés trop protectionnistes ou trop « rigides ») ou des gauchismes inconsistants, correspondant parfaitement aux stratégies déconstructivistes du festivisme ambiant, stratégies favorisées par l’hégémon nord-américain, car elles permettent de consolider les effets du Wilsonisme. Ce festivisme est pleinement favorisé car il se révèle l’instrument idéal pour couler les polities traditionnelles, pourtant déjà solidement battues en brèche par soixante ou septante ans de matraquage médiatique abrutissant, mais jugées encore trop « politiques » pour plaire à l’hégémon, qui, sans discontinuer, fabrique à la carte des cocktails affaiblissants, chaque fois adaptés à la dimension vernaculaire où pointent des dissensus exploitables. Cette adaptation du discours fait croire, dans une fraction importante des masses, à l’existence d’une « identité » solide et inébranlable, ce qui permet alors de diffuser un discours sournois où la population imagine qu’elle défend cette identité, parce qu’on lui fabrique toutes sortes de gadgets à coloration vernaculaire ; en réalité, derrière ce théâtre de marionnettes qui capte toutes les attentions des frivoles, on branche des provinces importantes des anciens Etats non pas sur une Europe des ethnies charnelles, ainsi que l’imaginent les naïfs, mais sur les réseaux mondiaux de dépolitisation générale que sont les dispositif néo-libéraux et/ou festivistes, afin qu’in fine tous communient, affublés d’un tee-shirt et d’un chapeau de paille catalan ou basque, flamand ou wallon, etc. à la grande messe néo-libérale ou festiviste, sans jamais critiquer sérieusement l’inféodation à l’OTAN. »[3]

Principes pour un régionalisme sain

La vision des choses présentée par Pierre Vial, la seule véritablement réaliste, ambitieuse et conforme à la stratégie de défense des Européens, repose sur les principes suivants :

1) Il existe des régions avec une forte identité et des régions avec une moindre identité. Toutefois l'identité peut se construire. Elle n'est pas seulement un héritage, mais une œuvre. Le principe organique et impérial n'est pas mécaniste.

2) Le « régionalisme de gauche », imposture trotskiste et mondialiste, est exactement de même nature que le jacobinisme centralisateur et cosmopolite. Ces « régionalistes » sont aussi tolérants envers l'immigration colonisatrice que les jacobins universalistes parisiens.

3) L'attachement régional ne peut pas être sécessionniste ni indépendantiste. Il doit s'inscrire dans un ensemble plus vaste, là où résident la puissance et le principe souverain : « l'union fait la force ». Un Etat central (et non pas centralisateur), doué de volonté et de projets, est plus que jamais nécessaire.

4) Le « problème français » ne saurait être résolu de manière affective, mais constructive. Un réenracinement dans les régions ne devrait en rien menacer l'identité culturelle française, ni ces entités historiques incontournables que sont l'Allemagne, l'Espagne, la Pologne, la Russie, etc.

5) A terne, les régions pourraient se substituer aux actuels « départements », héritages du rationalisme abstrait de la Révolution, destructeur d'identités.

6) Il faut dénonce les ambiguïtés de certains régionalistes : les autonomistes savoisiens, par exemple, à l'imitation de beaucoup de leurs confrères bretons, accordent leur identité régionale à tous les résidents, même extra-européens.

Or, la région n'est pas une panacée, une solution miraculeuse ; c'est une réalité mouvante mais incontournable, qui marque l'attachement à un territoire bien identifié. La régionalisation permet, d'une manière générale, un meilleur gouvernement d'une entité politique et renforce (paradoxalement) la liberté d'action de la fonction politique et souveraine centrale, en la « dégraissant » de préoccupations de gestion locale. Il est un exemple que l'on oublie trop souvent : c'est l'efficacité de l'instance centrale américaine de Washington qui, se déchargeant sur les Etats de toutes les questions de gestion intérieure, peut d'autant mieux défendre la puissance globale de l'Union[4].

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Guillaume Faye, Pourquoi nous combattons : Manifeste de la Résistance européenne, Paris, L'AEncre, 2002, 292 p., p. 255-258.
  2. Pierre Vial, Une Terre, un Peuple,
  3. Robert Steuckers, Valeurs et racines profondes de l'Europe, EUROPA, tome I, éditions BIOS, Lille, 2017.
  4. Guillaume Faye, ibidem