Ordres religieux militaires

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Un ordre religieux militaire est une institution dépendant de l'Église latine, destinée principalement à la guerre - physique - contre les ennemis de la Chrétienté. Le premier de ces ordres est créé en 1120 à Jérusalem : l'ordre du Temple (la Chevalerie des Pauvres compagnons du combat du Christ, ou Templiers). Cette nouvelle forme de la vie religieuse (vita religiosa) tire son origine de l'Occident latin. Elle présente trois aspects novateurs.

Les ordres religieux militaires sont une création médiévale. Le plus connu du grand public est l'ordre des Templiers. Aux Templiers, l'on associe quantité de topoi (clichés) : leur richesse fabuleuse, leur savoir ésotérique... Demurger évoque, à propos de la vision actuelle des Templiers par une certaine culture populaire, un "sottisier templier". Il existe de nombreux autres ordres militaires, parmi lesquels les Hospitaliers et les Teutoniques, dont les faits d'armes sont moins repris par les média. L'ordre de Malte en est une survivance contemporaine.

Au Moyen Âge, ces structures appartiennent à un ensemble commun d'ordres religieux militaires. Un ordre militaire (ordo militaris) ne doit pas être confondu avec l'ordre équestre (ordo equester) de l'Empire romain : dix-huit centuries de cavalerie recrutées parmi les riches citoyens devenus, par l'attribution du cheval public (equus publicus), chevaliers romains (equestri romani equo publico). L'ordre équestre eut à son époque pour rôle de dégager une élite. Durant le Dominat (IVe-Ve siècles), ses membres se fondent dans l'aristocratie sénatoriale. Cet ordre n'a pas de postérité, bien que certains scribes médiévaux, férus de latinité, voient dans les Templiers un nouvel ordre équestre.

Le cavalier, à partir du IXe siècle, est appelé miles, la militia étant l'ensemble des chevaliers. Au tournant de l'An mil, ce mot est traduit par "chevalier". Pour autant, le portugais, l'espagnol et l'italien ne distinguent pas le chevalier du cavalier. Les chevaliers sont progressivement appelés l'"ordre des combattants" : ordo bellatorum.

Des ordres chevaliers laïcs apparaissent, par ailleurs, au XIVe siècle. Dans tout l'Occident, les princes ont besoin de la noblesse. Pour rendre confiance aux nobles, ils créent ces ordres accueillant les chevaliers les plus méritants. En 1326, naît l'ordre des Chevaliers de Saint Étienne de Hongrie, puis en 1330 l'ordre de l'Écharpe, en Castille. Ils sont les tout premiers ordres chevaliers laïcs. Leur succèdent la Jarretière (Angleterre), la Toison d'or (Bourgogne)... Certains écrits anglais de la période moderne établissent toutefois des filiations abusives entre ordres laïcs et religieux.

La Terre sainte, creuset des ordres religieux militaires

Le fait que les ordres religieux militaires imiteraient une construction militaire musulmane, le ribat, est désormais discuté. Jusque dans les années 1980, on y voit un couvent fortifié, où les fidèles se livrent au jihad (le "suprême effort"). Quelques témoignages en subsistent en Tunisie, à Sousse et à Monastir. Or, il existe des ribat beaucoup moins architecturaux : le ribat n'a pas forcément de tradition architecturale ou institutionnelle. C'est du monde féodal que les ordres religieux sont nés en réalité, pour répondre aux besoins des États latins d'Orient: le succès des croisades provoqua ce changement.

À cette époque, les trois puissances dominantes au Proche-Orient sont les Byzantins, les Abbassides et les Seldjoukides. Quatre États francs sont créés en Orient; le comté d'Édesse et la principauté d'Antioche le sont dès la Première croisade (1098), avant même l'arrivée des Francs à Jérusalem, qui devient un royaume latin (1099), précédant la mise en place du comté de Tripoli (1104). Selon Riley-Smith, il est attesté qu'une centaine de croisés se sont fixés en Orient une fois Jérusalem conquise sur sept cent cinquante partis du monde latin à l'origine pour l'Orient entre 1096 et 1110, soit une proportion d'un sur sept.

Jérusalem s'organise autour d'un patriarche. Une communauté d'une vingtaine de chanoines l'accompagne. Le système féodal oriental est plus parfait qu'en Occident, car construit ex nihilo. L'Orient latin se structure rapidement, cependant qu'il reste fragile : les Croisés sont minoritaires, même si, politiquement et militairement, l'islam est vaincu. Le premier des ordres militaires, le Temple, est issu d'une confrérie militaire.

Le Saint Sépulcre, après la conquête de Jérusalem, est le pôle politique majeur de la ville. Cette église, où sont organisés des pèlerinages, est détruite par le calife al-Hakim en 1009. Ce n'est pas un événement traumatique : en 1027, Fatimides et Byzantins s'accordent sur sa reconstruction, effective vingt et un ans plus tard. L'arrivée des Seldjoukides (1071) ralentit toutefois les pèlerinages. Ces difficultés constituent dès lors l'une des raisons invoquées par le pape Urbain II pour appeler à la Première croisade. Avec l'entrée des Latins dans la ville, le siège de l'ancien patriarche grec change de mains. À l'origine et jusqu'en 1114, les chanoines autour du patriarche sont séculiers, c'est-à-dire non astreints à une règle de vie particulière. Puis, ils demandent à suivre le rite régulier, et la règle de Saint Augustin (ou plutôt celle qui lui est attribuée). Conséquemment, la communauté canoniale du Saint Sépulcre est formée de réguliers, sans constituer un ordre religieux militaire. Cette confusion est la conséquence du statut actuel du Saint Sépulcre (ordre militaire) depuis le XIXe siècle. Des chevaliers armés n'y siègent qu'à partir de la seconde moitié du XIVe siècle.

Pourtant, du fait des besoins existant en Terre sainte, des hommes d'armes s'associent au Saint Sépulcre. Ils forment une confrérie laïque, un tiers-ordre. Cela apparaît dans une chronique d'un moine rhénan, Albert d'Aix. En 1101, selon lui, le patriarche de Jérusalem enrôle une trentaine de chevaliers pour défendre le Saint Sépulcre. Cette confrérie ne forme pas un ordre militaire. Il se pourrait bien que certains des futurs Templiers aient servi de la sorte. Parmi eux, peut-être, Hugues de Pains, seigneur champenois. Que sait-on de lui avant qu'il ne fonde l'ordre du Temple ? Peu de choses. C'est un seigneur moyen, dont on ne sait s'il a participé à la Première croisade. Il y prend part en revanche en 1104 avec son suzerain, le comte de Champagne. Hugues de Pains s'installe définitivement en Orient dix ans plus tard, après être revenu en Champagne. Il se sépare alors de sa femme, et sert les pèlerins, vraisemblablement auprès du Saint Sépulcre.

Une autre communauté semblable à un ordre militaire, car employant des gens d'armes, apparaît dans le même temps : l'Hôpital de Saint Jean de Jérusalem. Cet ordre est indépendant de l'Église latine et soumis à la papauté par la bulle Pie postulatio voluntatis du 15 février 1113, sous Pascal II. Le Temple procède toutefois d'une initiative vieille de plusieurs décennies, entamée vers 1065 par des commerçants d'Amalfi, à une époque où les Seldjoukides menacent. S'y associe le monastère bénédictin de Sainte Marie latine.

L'indépendance de l'Hôpital est-elle souhaitée dès Urbain II ? Cela est difficile à dire. Une mission de protection des pèlerins apparaît à cette époque. C'est de ces confréries que l'ordre du Temple naît en tant qu'institution autonome de l'Église, en 1112 (datation allemande de 1976, et non 1118-19). C'est le plus ancien des ordres religieux militaires issus de l'Occident. Initialement religieux, sa militarisation, progressive, s'achève au milieu du XIIe siècle, la date d'une militarisation décisive étant débattue par les historiens. Pour autant, les Templiers conçoivent leur tâche comme avant tout caritative.

Des chroniqueurs aux récits parfois contradictoires narrent l'histoire du Temple. Guillaume de Tyr (1130-1185), archevêque de Tyr, prélat, écrivain de l'Histoire d'outre-mer (Historia ultramarinis), est l'un d'eux. Il y présente la naissance de l'ordre du Temple. Son histoire est imitée et suivie par un prélat, Jacques de Vitry (v. 1165-1240), qui rédige l'Histoire orientale (Historia orientalis), inspirée directement de Guillaume de Tyr. Le troisième chroniqueur est un chevalier latin au service de Balian d'Ibelin : Ernioul. Attaché au service de Balian en tant qu'écuyer du défenseur de Jérusalem contre le sultan ayoubbide d'Égypte et de Syrie, Saladin, en 1187, il livre un récit vernaculaire en langue d'oïl. Dans les années 1230, Bernard le Trésorier se propose d'écrire la suite de l'Histoire d'outre-mer, intégrant le propre récit d'Ernoul. Ce texte est une continuation du récit de Guillaume de Tyr. Cependant, dès le deuxième chapitre est relatée l'origine de l'ordre du Temple. Elle diffère des autres développements empruntés à Ernioul. Ce récit est par ailleurs différent de ceux de Guillaume de Tyr et de Jacques de Vitry. Il est peut-être antérieur à l'écriture de l'Histoire de l'outremer, devenu un modèle de référence. Certains auteurs le font remonter aux années 1110, l'époque d'Hugues de Pains. Selon Ernioul, les Templiers seraient issus des chevaliers du Saint Sépulcre (milites Sancti Sepulcri) peut-être hébergés à l'hôpital Saint Jean de Jérusalem. L'Hôpital aurait donné au Temple l'oriflamme du Baucent, enseigne de blanc et de noir. De même, les Templiers auraient reçu un relief : les restes de la table commune de l'Hôpital.

Guillaume de Tyr donne une précision essentielle sur la date de création du Temple. En 1128, le Temple serait dans sa neuvième année. Il est approuvé par le concile de Troyes cette même année, le jour de la saint Hilaire (13 janvier). Cependant, l'année commence à l'époque au jour de l'Annonciation (25 mars). Cela repousse donc ce concile au 13 janvier 1129, et la création du Temple en 1120, entre le 14 janvier et le 14 septembre.

Au Temple, le roi Baudouin II de Jérusalem affecte un bâtiment, au sud du Dôme du Rocher, près de l'al-Aqsa. Le Temple est, dans un premier temps, une simple communauté de chevaliers, neuf selon Guillaume de Tyr. Mais celui-ci est partial à leur égard, leur étant opposé. Parmi ces premiers membres, on compte des princes, dont Hugues de Champagne, suzerain d'Hugues de Payns, en 1125. Le comte d'Anjou Foulques s'associe également au Temple, sans en être membre, et lui fait des donations. Il n'est pas envisageable que de telles figures de la noblesse aient fait confiance à une structure qui aurait comporté seulement neuf membres.

Michel le Syrien évoque, vers 1125, une trentaine de frères regroupés autour d'Hugues de Payns. Entendons bien, à ce titre, une communauté, non un ordre formel comme l'Hôpital. Cependant, Hugues de Payns entend obtenir la reconnaissance de l'Eglise en revenant en Occident en 1127. Dès avant son départ, ou sitôt après avoir débarqué à Marseille, il sollicite l'appui de saint Bernard, le plus haut docteur de l'Eglise de son temps, abbé de Clervaux, homme de Cîteaux. La famille de Payns et celle du saint sont de la noblesse champenoise et, peut-être, alliés. Bernard donne par la suite au Temple son texte fondateur, un Eloge de la chevalerie nouvelle (De Laude nove militie), quelques mois avant la réunion du concile de Troyes (Selwood, 1999). Ce dernier ne fait que ratifier cet état de fait. Cette règle du Temple, après sa mise en forme, semble davantage bénédictine qu'augustinienne.

Les Templiers prônent un ordre de vie nouveau, incluant la promesse d'une lutte contre tout ennemi de l'Eglise. En 1129, Hugues quitte l'Occident, pour regagner Jérusalem. Dans le même temps, le roi Baudouin II attaque Damas : des Templiers participent à cette entreprise contre les musulmans. L'ordre du Temple s'érige dès lors en modèle, rognant les marges de l'Hôpital, et se militarisant. Etant reconnu par l'Eglise, le Temple poursuit ses opérations militaires la décennie suivante, poussant les Hospitaliers, à leur contact, à se militariser eux-mêmes. Une militarisation entérinée successivement dans les statuts de l'Hôpital de 1182, 1203 et 1206. Comment s'opère cette mutation ? On a pu la situer dans un arc chronologique très vaste, couvrant toute la seconde moitié du XIIIe siècle :

  • Certains historiens pensent que l'Hôpital se militarise dès 1126, sous la conduite d'un connétable (terme éminemment martial). Or, le connétable est, à l'époque, le "comte d'estable", celui qui s'occupe des chevaux. En 1126, l'Hôpital ne peut être militaire, il serait alors avant le Temple.
  • D'autres évoquent la concession du château de Beth-Gibelin, en 1136, sur la frontière entre Jérusalem et l'Egypte. Mais sa défense put être assurée par des chevaliers. L'église de Lidda, près de Jaffa, est dans ce cas de figure.

C'est le roi Alphonse II de Portugal qui, notamment, évoque la militarisation de l'Hôpital dans des statuts émis en 1203. Depuis les années 1160, les bulles du pape Alexandre III insistent en priorité sur la nécessité pour les Hospitaliers de se focaliser sur leurs missions caritatives. Ce rappel à l'ordre implique qu'ils en aient déjà eu d'autres à l'époque, bien sûr éminemment militaires. C'est là, sans doute, le signe premier de la véritable transformation de l'Hôpital en ordre militaire. Cette militarisation affecte de même l'ordre de Saint Lazare, basé près de la porte Saint-Etienne, à Jérusalem. Cet ordre naît dans une léproserie ouverte aux chevaliers hospitaliers et templiers ; il aurait fait œuvre de prosélytisme. Là encore, la date de cette transformation est difficile à évaluer. Peut-être vers 1244, conséquemment à la bataille de la Forbie, ou celle de Mansina, en 1250, opposant les croisés aux ayyoubides menés par Baïbars. Toujours est-il qu'en 1252, les frères de Saint Lazare se battent à Ramallah, près de Jérusalem.

La 'Maison de Sainte-Marie-des-Teutoniques, fondée à Acre en octobre 1189, durant la Troisième croisade, est un autre exemple de militarisation d'un ordre. Les Teutoniques s'installent porte Saint Nicolas, dans la Ville sainte. Cette communauté nouvelle est reconnue comme un ordre autonome de l'Eglise en 1196, et comme ordre religieux militaire en 1198, par le pape Innocent III. C'est ensuite sous le magistère germanique de Hermann von Salsa, entre 1220 et 1233, que se développe l'ordre, notamment en Hongrie et dans les territoires baltiques.

De son côté, l'ordre de Saint-Thomas d'Acre, fondé durant les années 1170, s'adresse aux Anglais. C'est un ordre de chanoines réguliers. Pierre des Roches, évêque de Westminster et participant à la croisade, le militarise rapidement. En 1127, cela est officiel, mais cet ordre n'agit pas en dehors de l'Angleterre (notamment aux environs de Cantorbéry). C'est un ordre mineur au final. D'ailleurs, le modèle des ordres religieux militaires essaime dorénavant davantage en péninsule ibérique. Pourquoi, au reste, la papauté a-t-elle avalisé telle militarisation ? Certainement par pragmatisme, croulant sous l'urgence des besoins militaires. La papauté saura à ce sujet faire taire les critiques, ténues.

En péninsule ibérique, des institutions spécifiques

C'est en Terre sainte qu'apparaissent les ordres militaires religieux. Dès avant le XIIIe siècle, ils jouent un rôle essentiel. La Terre sainte n'est pour autant pas le seul espace où doive lutter l'Occident, au titre de la dilatatio christianitatis, l'expansion de la chrétienté. C'est en effet l'époque de la Reconquête (Reconquista) dans les domaines espagnols, encore qu'il ne s'agisse que d'un terme historiographique du XIXe siècle. Le terme médiéval est plutôt celui de Restauration de l'Espagne (Restauratio hispanie), c'est-à-dire celle romaine, chrétienne, et non musulmane.

Autour de l'an 900, sous le règne d'Alphonse III le Grand, souverain des Asturies, les progrès face à al-Andalous tendent à devenir définitifs. Jusqu'au début du XIe siècle, les musulmans dominent pour autant. Mais l'éclatement, entre 1009 et 1031, du califat de Cordoue fragilise la présence musulmane en Occident, au profit des taïfas, principautés régionales nouvelles. Ce rééquilibrage est progressif. Les taïfas, malgré leur désunion, demeurent très puissantes. Les villes de Coïmbre, en 1064, puis Tolède, en 1085, sont définitivement recouvrées par la Chrétienté. Une dynastie berbère, les Almoravides, est appelée dans le même temps à l'aide par les musulmans d'al-Andalous. Elle bat les chrétiens coalisés à Zalaqa (1087) et Uclès (1090) où Sancho Alfonsez, fils unique du roi Alphonse VI de Leon, vainqueur de Tolède, est tué. Pour autant, cette présence almoravide est précaire : les Almoravides sont repoussés par les Aragonnais à Saragosse (1118), puis à Cutanda (1120).

En Espagne chrétienne aussi, l'idée se fait jour d'ordres religieux militaires. Il y existe une longue tradition de contacts entre Islam et Chrétienté, et une bonne connaissance l'un de l'autre, au long de la Frontera (frontière entre les deux territoires) où circulent biens, hommes et idées. Une opinion fait depuis sens. Elle touche au ribat. C'est une thèse des années 1820, liant à ce dernier l'origine des ordres religieux militaires. Or, la péninsule ibérique n'est plus au XIIe siècle une terre de ribat aussi marquée qu'avant. Reste de plus à définir le ribat : moudjahidin des temps médiévaux ? Cela est maintenant contesté, le ribat étant avant tout perçu selon un angle spirituel. Le ribat diffère des ordres religieux quant à la durée d'engagement, non à vie comme l'engagement monastique, mais le temps d'une année ou deux.

Plus proche des ordres religieux militaires que le ribat, mais sans être le "berceau" de ces ordres, les confréries armées se réunissent en divers lieux pour lutter contre l'islam, à Tolède notamment, zones frontalières. Les sources à leur sujet sont rares. Leurs liens sont patents avec les ordres de Carthage et de Santiago, confréries urbaines du XIIe siècle. A leurs côtés se manifestent des confréries de chevaliers, notamment en Aragonnais, Belchite (1122) et Monreal (1124). La confrérie de Belchite sort de terre après la prise par les chrétiens de Saragosse. Tout laïc ou clerc voulant défendre le peuple chrétien pendant un an, ou sa vie durant, peut la rejoindre. Ceux qui sont engagés à vie doivent se confesser comme s'ils voulaient mener la vie du moine ou de l'ermite. L'engagement religieux fonctionne avec la pratique militaire. Mais Belchite se différencie du Temple par son aspect confraternel. Des ordres religieux de Terre sainte, on a trace en péninsule ibérique dès les premières années du XIIe siècle. N'imaginons pas cependant que la péninsule ibérique soit étrangère aux croisades. Le Temple essaime en 1127 - année du voyage d'Hugues de Payns - en Espagne. L'année suivante, la forteresse libanaise de Sour est donnée aux Templiers. En 1131, Raymond-Béranger III, comte de Barcelone, donne au Temple le château frontalier de Granyena, face aux terres musulmanes, puis se fait Templier ad succurenorum - au moment de mourir - pour garantir son salut. Cela témoigne bien de l'aura naissante de l'ordre. Son successeur, Raymond-Béranger IV, poursuit son action contre l'islam.

Le roi d'Aragon Alphonse Ier remet aux Templiers le château de Monreal, en 1131. Il souscrit un testament singulier, prévoyant le don de son royaume aux ordres de Terre sainte qui le gouverneraient ensemble : le Saint Sépulcre, l'Hôpital de Saint Jean de Jérusalem, et l'ordre du Temple lui-même. Pourquoi ce geste ? Par symbole, sans doute. Alphonse Ier craint en effet son absorption par la Castille, d'où ces choix internationaux. Il meurt en 1134, après sa défaite à Fraga. Au nom d'une parenté réelle, Alphonse VII, roi de Leon, fait valoir son droit à l'héritage de la couronne d'Aragon. Est alors décidée l'union de l'Aragon à la Catalogne par les nobles aragonais, lesquels avancent Ramire II, frère cadet d'Alphonse Ier, moine marié de force à la fille du comte de Barcelone, Agnès de Poitiers. Ramire meurt en 1154, en laissant une fille de dix-neuf ans, Pétronille d'Aragon, prémices d'une union dynastique réussie entre Catalogne et Aragon. Raymond-Béranger IV est par la suite proclamé seigneur - non roi - de Catalogne, et se concilie les Templiers. En 1140, est négocié le renoncement de l'Hôpital et du Saint Sépulcre, en échange de châteaux. Puis, en 1143, celui du Temple. Ce dernier combat toutefois pour recouvrer Santerém et Lisbonne (1147), Tortosa (1147) et Lérida (1149). Peut-être s'engage-t-il également en Castille.

Mais pour ces ordres, l'essentiel reste en Terre sainte, qui constitue leur engagement premier. Les souverains hispaniques entreprennent en conséquence d'organiser des milices exclusivement attachées à la défense de la souveraineté ibérique. Calatrava notamment est, pour sa part, de modèle cistercien. Ce type d'ordre est rattaché à Cîteaux. Il est fondé autour de la forteresse de Calatrava, sur un ancienne route de passage entre Cordoue et Tolède, dans la région de la Marche. Sa création remonte à 1158, par l'abbé Raimundo, proche des cisterciens navarrais de Fitero. Selon un chroniqueur quelque peu partial, les Templiers auraient abandonné Calatrava, qu'Alphonse de Castille leur avait attribué. C'est pour pallier les manquements du Temple que Raimundo aurait agi. Une offensive des Almohades, successeurs des Almoravides, est alors redoutée. Cela est sans doute abusif, eu égard à la menace qu'ils représentent vraiment. Mais la communauté de Calatrava s'organise toutefois, autour de chevaliers et de moines. Dans cette communauté atypique, les chevaliers mènent une vie conventuelle et militaire proche de celle du Temple. Le 26 septembre 1164, le Chapitre général de Cîteaux admet les chevaliers de Calatrava non ut familiares sed ut uere fratres, c'est-à-dire "non pas en tant que familiers, mais en tant que véritables frères", avec l'aval de la Papauté.

Cependant, les autorités monastiques sont parfois réticentes. L'intégration achoppe. En 1187, les Calatravans sont finalement affiliés à la juridiction de Morimond - pouvoir confirmé par le pape - soit une création de Cîteaux en Champagne. Mais le monastère cistercien de Gumel, soutenu par la Castille, fait front. A la fin du siècle, différents ordres militaires s'affilient eux aussi à Cîteaux, par le biais de Calatrava : El Pereiro et Evora. Dans les deux cas, il s'agit d'anciennes confréries militaires. Leur développement est globalement parallèle. El Pereiro devient l'ordre d'Alcantara, milice de chevaliers situés entre Leon et Portugal, sur le Côta. Dans la localité léonaise de San Julian del Pereiro - future conquête portugaise - est confirmée cette structure par le roi de Leon Ferdinand II, en janvier 1176.

Une adaptation du modèle en Baltique face aux païens

Le terme de Drang nach Osten ("Marche vers l'est"), historiographique, fait désormais place au Ostbewegung. Tous deux indiquent l'extension orientale des populations slaves, lettones et finno-ougriennes : Sorabes, Obodrites, Wendes, Prutènes, Lettons, Semgalliens, Lives, Coures et Estes. Au Moyen Âge, des principautés russes orthodoxes essaiment autour de Pskov et Novgorod. La Lituanie constitue le dernier Etat païen. Le royaume de Pologne se partage en petites principautés durant le Haut Moyen Âge : Mazurie, Silésie... Malgré les effets des missions, l'effort de colonisation progresse lentement.

On tâche de prêcher, par l'entremise de princes germaniques, une croisade en pays Wende, en 1147. Les résultats sont plutôt médiocres. Entre Elbe et Oder, globalement, le christianisme ne l'emporte que le siècle suivant, grâce aux colons et aux religieux. Des ordres religieux militaires apparaissent dans ces régions. En même temps que l'on attend des frères qu'ils fassent progresser la foi, ils doivent mettre en valeur des terres nouvelles. Comme en péninsule ibérique, Temple et Hôpital sont sollicités, avant que des "créations locales", à partir du XIIIe siècle, n'aient la préférence des Eglises : l'ordre de la Maison de Sainte-Marie-des-Teutoniques.

Le premier ordre militaire baltique est créé en Livonie (actuelle Lettonie). Des marchands germaniques et scandinaves s'y approvisionnent en bois, fourrures et ambre. Des missionnaires cisterciens leur emboîtent le pas. Un premier évêché est installé à Üxküll, en 1184. Mais nombre de Lives restent néanmoins païens. Le troisième évêque d'Üxküll, Albert de Buxhövden (1160-1229), se résout à la croisade, prêchée en 1200. L'année suivante, il fonde Riga (actuelle capitale lettone), et y transfère son duché. Pour défendre cette ville, Albert recrute avec l'aide du moine Théodoric, futur abbé de Dunamünde, des chevaliers germaniques. Dès 1204, Innocent III reconnaît cette nouvelle confrérie ainsi constituée, placée sous la bienveillance du Saint-Siège. Elle devient l'ordre du Christ de Livonie, ce que l'on appelle les chevaliers Porte-glaive ou les Frères de l'Epée (Fratres militiae Christi). Ses membres portent un manteau blanc avec deux glaives rouges croisés sur leur poitrine. Ils peuvent prétendre à un tiers des terres conquises.

Le roi du Danemark Valdemar II le Victorieux et la résistance des populations locales secouent le joug de l'ordre en 1223. L'ordre des Porte-glaive pénètre toutefois en Courlande et Sémigalie. La Lituanie, protégée des influences scandinaves et germaniques, vainc les Porte-glaive près de la frontière actuelle lituano-lettone, le 22 septembre 1236 à Saule. L'ordre est condamné, pour survivre, à intégrer celui des Teutoniques dès l'année suivante. Les Porte-glaive ne sont cependant pas la seule tentative d'un ordre militaire local : que l'on pense à l'ordre polonais des Frères de Dobrin (Bracia Dobrzyńscy).

Fondé en 1228, il s'inspire des Porte-glaive. Il est surnommé l'ordre du Christ de Prusse. Cette structure prône la soumission et la conversion des Prutènes (Prusses). En juin de cette année, le duc de Mazovie Conrad Ier et l'évêque de Plock apportent leur soutien à cette initiative. Ces hommes reçoivent le château de Dobrin et une bande de terre de cinq cents kilomètres carrés près de la Vistule. Les Frères de Dobrin prennent pour habit le manteau blanc orné d'une étoile rouge. La fondation de cet ordre répond aux attaques prutènes contre la Mazovie et ses chrétiens. Le duc Conrad et l'ordre se partagent équitablement les terres conquises. D'après Pierre de Duisbourg, les Teutoniques sont fondés par seulement quatorze hommes d'armes, or les Frères de Dobrin ne sont pas beaucoup plus nombreux. Les activités de l'ordre de Dobrin ne sont guère soutenues par les pouvoirs locaux. Le duc de Mazovie profite de la mort de son frère Ladislas III aux Jambes grêles en 1229 pour revendiquer le duché de Pologne. L'évêque prusse Christian, capturé par les païens en 1233, affaiblit par son absence l'ordre de Dobrin. Après l'abandon de l'évêque de Plock, les Frères de Dobrin se fondent dans l'ordre des Teutoniques. En mars 1238, en luttant contre les Russes, Brunon, un homme d'Eglise, est capturé, puis l'ordre rémanent dissous. Le château de Starograd, sur la Vistule, près de Dobrin, devient le lieu d'implantation de l'Hôpital, en 1198.

Le monastère de Thymau, implanté dans les années 1230, reprend les initiatives de l'ordre de Calatrava, en créant l'ordre de Thymau. C'est une vaine tentative. Les collaborations avec les universités locales, baltes ou slaves, et des historiens germanophones, notamment, nous en disent beaucoup : jusque très récemment, les études sur le sujet spécifique des Porte-glaive furent allemandes.

L'ordre teutonique ne possède pas aux origines un prestige de premier plan. Le Temple leur refuse l'usage du manteau blanc. Hermann von Salza (1179-1239), quatrième grand maître de l'ordre, multiplie les acquisitions en Occident. Grâce à lui, l'institution s'étend partout. Son indépendance est reconnue en 1221 par le pape Honorius III. Dix ans plus tôt, André II Arpad, roi de Hongrie, remet aux Teutoniques une zone montagneuse très étendue, au sud-est de son Etat, le Buizenland (Transylvanie). Cette région est peuplée depuis un demi-siècle par des colons germaniques peu nombreux, que menacent les Turcs Coumans, d'origine kiptchak. Les Teutoniques sont en conséquence chargés de défendre cette région. Ils édifient cinq châteaux. Les plus grands, le Kreuzbourg et le Marienbourg, sont les premiers châteaux en pierre de la région. Ces châteaux de "la Croix" et de "la Vierge" ont évidemment teneur de programme. L'appui militaire satisfait André II. Mais en 1225, l'ordre est expulsé. Entre temps, les attaques des Coumans sont arrêtées par leur propre domination par les Mongols (1222). De plus, les Teutoniques accaparent des terres et frappent désormais monnaie.

Expulsés du royaume de Hongrie, les Teutoniques sont sollicités en Prusse. Von Salza aurait hésité, suite à l'appel du duc de Mazovie, Conrad Ier. Cela est exagéré, car la date de cet appel et sa forme sont méconnues. Conrad veut vaincre les Prusses, peut-être les instrumentaliser. Le texte de la requête de Conrad est inconnu, on ne possède en fait que les documents des Teutoniques consécutifs aux contacts établis avec le pape. La bulle impériale de Rimini de Frédéric II seule renvoie à la fondation de l'Etat monastique des frères teutoniques, à partir de 1224. Elle accorde aux frères, avec droits régaliens coutumiers, en mars 1226, les terres conquisses en Prusse. Toutefois, il semble que cette bulle date en fait de la fin des années 1230. Vraisemblablement antidatée d'une douzaine d'années, elle veut prévenir de tout retournement Conrad, comme l'avait fait le roi de Hongrie. Grégoire IX autorise par la bulle de Rieti, en 1234, les territoires conquis en Prusse à devenir terre de Saint-Pierre. Cette implantation teutonique existe donc déjà à l'époque.

Le maître régional, apparenté à de Salza, Hermann Balk, est chargé de conquérir la Prusse avec des contingents polonais et germaniques, jusqu'en 1242. Des châteaux sortent de terre : Marienwerder et Elbrig notamment, construits comme centres de colonisation. Pour autant, les populations indigènes se révoltent. En 1242, la puissance teutonique est secouée par les Prutènes, aidés par un duc polonais, Świętopełk II de Poméranie. Les Teutoniques cèdent alors l'essentiel de leurs nouvelles possessions, ne conservant que leurs villes fortifiées. Ils mettent six ans à vaincre Świętopełk. En 1249, le traité de Christburg rétablit la paix. Les Teutoniques peuvent maintenant converger vers la Prusse orientale.

Ils doivent alors vaincre de nouvelles résistances païennes, à commencer par l'Etat lituanien. L'aide des Croisés impériaux, à commencer par celle du roi de Bohême Ottokar II (v. 1230-1278), aboutit à la fondation de Königsberg (le "mont du roi"). Mais la progression des frères est lente, entachée de défaites. A Durben (1260), puis Pocarwist (1261), les Teutoniques refluent sous la pression lettone. Même la Prusse occidentale est menacée. Il faut encore vingt ans pour pacifier l'ensemble de la Prusse. Dès avant cette date, les frères tâchent de bâtir une puissance régionale et pérenne, aux confins nord-orientaux de la Chrétienté, et qui durera trois siècles : l'Ordenstaat.

Ce terme signifie "Etat fondé par un ordre", l'Etat d'Ordre. Il s'agit d'une construction politique indépendante de toute souveraineté supérieure, et capable de jouir de sa propre politique étrangère. Dès 1237, de Salza nomme maître de Livonie Balk, déjà maître de Prusse. En l'autorisant à cumuler, de Salza révèle le destin unificateur d'un territoire fort et nouveau en Baltique. Les évêchés de Dorpat, Ösel et Courlande, avec l'archevêché de Riga, constituent les principaux pouvoirs lives. Les Teutoniques doivent également composer avec le roi danois Valdemar II, qui recouvre la partie septentrionale de l'Estonie. Avec des troupes danoises, les Teutoniques combattent les Russes le 5 avril 1242 au Lac des Glaces. Ces princes de Novgorod repoussent la coalition. En Lituanie, la Baltique est atteinte. Etat païen, la Lituanie est unifiée sous le sceptre de Mindaugas, en 1253. Devenu chrétien deux ans plus tôt, le souverain ouvre la Lituanie aux missions, rencontre les Teutoniques. Le soulèvement des Prusses relance toutefois une réaction païenne en Lituanie. La victoire des frères est longue à se dessiner : la Lituanie reste en définitive païenne après l'assassinat de Mindaugas Ier en 1263, par ceux restés fidèles au paganisme. L'"interminable croisade" (Christensen) illustre cet état de fait, peut-être volontaire, à fin de propagande, pour attirer à l'ordre teutonique les soutiens et les cœurs. Cependant, cette politique brouille les frères avec leurs plus proches voisins, à commencer par les Polonais. Au XVe siècle, le chroniqueur polonais Van Dlugosz, bien qu'hostile aux Teutoniques, reconnaît qu'ils luttèrent avec les Polonais. Il est reproché aux Teutoniques de ne plus convertir les Polonais. Un évêché autonome est constitué en Prusse, autour de Culm (Chelmno), indépendant de la métropole religieuse de Gmiezno.

Seul duché polonais en contact avec la Baltique via Dantzig (Gdansk), la Pomérélie est convoitée par les Teutoniques. Les fils de Świętopełk II étant morts, le Brandebourg est intéressé à l'héritage du fait de liens maritaux. Polonais et Allemands combattent, les Teutoniques s'alliant à la Pomérélie, et récupérant Dantzig. Cette alliance est cependant caduque après l'annexion de 1309, privant la Pologne de tout accès à la mer Baltique. Dantzig devient alors une pomme de discorde menaçant le pouvoir teutonique, haï et jalousé de beaucoup, suscitant des coalitions nouvelles contre lui.

Pour l'ordre des Teutoniques, comme pour le Temple et l'Hôpital, la chute d'Acre, en 1291, est très rude. Mais les Teutoniques, bien que s'investissant à Acre par le biais de Heinrich de Boulard, qui y laisse la vie, partent pour Venise. Ce choix manifeste bien la scission entre les frères sur les lieux d'implantation nouveaux de l'ordre déchu, car c'est finalement la Baltique qui est choisie, après l'éviction de Gottfried, en 1309. Les frères bâtissent un Ordenstatt (Etat d'ordre) inédit autour de Marienburg, en Prusse. Ses qualités de centralité au cœur de l'espace prusse sont évidentes. Par l'entremise de cet Etat, les Teutoniques, frères d'armes, deviennent alors de véritables princes territoriaux.

Au moment de quitter la Terre sainte, les Teutoniques se portent bien. Selon les lieux de son implantation, l'ordre revêt des visages distincts. En Occident, dans l'Empire, loin des combats, l'ordre se dote d'une puissance économique considérable : domaines fonciers, commanderies, maisons urbaines, hôpitaux... Son maître est le Deutschsmeister ("Maître allemand"), charge créée dans la première moitié du XIIIe siècle par Hermann von Salza. L'Alsace et l'Autriche lui sont enlevées, au profit du Grand maître, contre des avantages en Méditerranée. Dans les Pouilles, et plus encore en Sicile, les domaines teutoniques surpassent ceux de l'Hôpital et du Temple, dégagent du numéraire pour lutter en Livonie.

En guerre, la Livonie lutte contre les Lituaniens, devenus païens après la soumission de la Prusse. Memel est fondée à cette époque. L'Etat lituanien est régi par la dynastie gédiminide, héritière du père fondateur Gédiminas (v. 1275-1341). Cependant, les Teutoniques sont accusés par la papauté de bellicisme, les Lituaniens pouvant constituer des alliés contre les Mongols. La paix de Kaliz consacre diplomatiquement, en 1343, la perte de la Pomérélie par la Pologne, chrétienne, mais vaincue par les Teutoniques.

Sur la légende d'un shiling teutonique de 1380, est figuré le visage de Weinrich de Kniprode, sous le nom de "Weinrich Ier". De même, Konrad de Jungingen (v. 1355-1407) fait l'objet d'une numérotation sous le titre de Konrad III sur une pièce de monnaie plus tardive. La richesse de l'ordre est assurée par le trafic des grains, des minerais rares, de l'ambre et du bois. Mais la paysannerie est très encadrée. Les colons allemands, petits aristocrates, et jusqu'au patriciat urbain des villes hanséatiques, profitent peu des fruits de la richesse teutonique. L'union polono-lituanienne de la bataille de Grunwald (15 juillet 1410) met fin aux progrès teutoniques. Entre temps, la religion devient un simple prétexte pour de véritables conquêtes : les païens récemment convertis sont ainsi de "faux chrétiens".