Nicolas Kayanakis

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Nicolas Kayanakis
Nicolas Kayanakis (1931-2008), militant monarchiste et solidariste, engagé dans la lutte pour l'Algérie française.

Biographie

Engagement royaliste

Nicolas Kayakanis naît en Tunisie, le 1er mai 1931, d'un père français employé des Chemins de fer de Tunis et d'une mère sicilienne. Chargé très jeune de responsabilités aux Scouts de France où il encadre les prisonniers allemands en AFN, il rejoint Paris à 16 ans pour y poursuivre ses études supérieures (il est diplômé de Sciences Po en 1951). Durant celles-ci, il milite au Rassemblement du peuple français (RPF), puis rejoint la Restauration nationale, devenant secrétaire général des étudiants d'Action française de 1951 à 1954, secondé par Jean-Marc Varaut et Vladimir Volkoff. Il contribue à mettre en place le premier Camp Maxime Real del Sarte, l'université d’été des jeunes royalistes qui existe encore, en juillet 1953 à Saint André de Sangonis dans l’Hérault. Il anime alors un mouvement qui, par son dynamisme sur fond de guerre d'Indochine et d'anticommunisme, non seulement tient tête au Quartier Latin, avec les Indépendants de Paris de Le Pen, aux communistes et aux progressistes chrétiens, mais rivalise et dépasse les étudiants RPF qui n’hésitèrent pas à dénoncer ces « fascistes » [1]. Refusant de choisir entre Pierre Juhel et Pierre Boutang dans le conflit qui aboutit à la création de La Nation française, Nicolas Kayanakis démissionne de ses responsabilités et s'éloigne du mouvement monarchiste.

La voie des armes

En 1954, Nicolas Kayanakis rejoint l’Armée d’Afrique, d’abord comme officier de réserve de l’Armée de l’Air puis est intégré sur titres, en 1958, dans l’Armée active.

Officier de sécurité aérienne à l'École de Chasse de Meknès, il demande l’Algérie et rejoint au printemps 1956 la Base opérationnelle de Telergma dans le Constantinois. Détaché pour l’expédition de Suez à la 3e Escadre de chasse de Reims, il est envoyé en mission à Brindisi (Italie), en civil, et sous l’apparence d’un officier italien du 2e Bureau, il assure le passage vers Chypre des troupes métropolitaines et surtout des escadres françaises de chasse et de reconnaissance, - ainsi que les vols clandestins des avions et des pilotes français prêtés à Israël [2].

Muté sur sa demande dans l’infanterie, il rejoint en 1959, le 14e RCP (Régiment de chasseurs parachutistes) pour y commander en second la compagnie portée où il est fait Croix de la Valeur militaire. Il se fait aussi remarquer par la Sécurité militaire car il a critiqué violemment l’envoi de régiments paras à Alger pour écraser les barricades « activistes » du 24 janvier 1960.

La Guerre d'Algérie

Dès 1959, le lieutenant Kayanakis s'était rapproché des réseaux Armée-Nation. Lors d'un stage d’observateur-pilote à Dax, il prend contact avec l'Organisation armée secrète et prend part aux préliminaires du putsch prévu en avril 1961 (il en fera le récit dans Derniers Châteaux en Espagne), puis à l’action de l’OAS dans le Sud-Ouest (sous le pseudo de Kakos) après sa mutation en métropole qui le contraint à déserter. « Si nous devions perdre l'Algérie, nous aurions encore tout gagné : le droit de vivre debout et de re­garder nos enfants sans honte » fera-t-il dire à Didier Catalan, le héros révolté de son roman-témoignage.

Début septembre 1961, un coup sévère est porté à l'Organisation : plusieurs membres du réseau de Marcel Bouyer sont arrêtés dont le fils du colonel Lacheroy, Nicolas Kayanakis (« l’officier le plus diplômé de l’Armée Française » note Paris Presse) et Georges Caunes. Bernard Gorostarzu organise le 3 décembre 1961 l'évasion de Luc Céteaux, Nicolas Kayanakis et Jean Caunes détenus à la prison de Mont-de-Marsan. Les évadés seront accueillis à Paris par le capitaine Michel Glasser. Kayanakis prend alors la direction de l'OMJ (OAS Métro-Jeunes), tandis que Caunes est chargé du secrétariat de l'APP. La mission de la section rattachée à Kayanakis est alors de prendre contact avec les intellectuels sympathisants et de diffuser une revue de presse pour l'état-major de l'OAS à Alger.

Il est à nouveau arrêté le 8 mai 1962 après une rencontre imprudente avec l’un des responsables du mouvement Patrie et Progrès. Condamné à dix ans de rétention criminelle il est nommé délégué des prisons par le CNR-OAS, son action pour la fidélité au combat mené le fera muter de prison en prison dont il fera un tour de France : Fresnes et La Santé, Toul, Les Baumettes, Ré.

Nicolas Kayanakis est revenu sur son passé « Algérie Française » dans un recueil publié aux Éditions Dualpha, Témoignages pour un engagement OAS Métropole 61-62. Dans ces pages il explique les raisons qui l’ont poussé, lui et bien d’autres, à sortir de la légalité : « Nous ne pouvions être dépouillés de notre victoire … Nous ne pouvions accepter nos morts pour rien, ni le crime contre nos concitoyens musulmans ». À Rémy Kauffer qui parle de lui avec sympathie dans son livre OAS, Histoire d’une guerre franco-française (Le Seuil 2002), il confie dans un entretien « L’OAS a échoué en raison de la légèreté des personnalités politiques de notre mouvance. Elles ne savaient que parler » (p. 373). Mais il ne donne aucun nom.

Retour à la vie civile

Libéré le 1er avril 1966, il demeure, auprès de Pierre Sergent, membre du Directoire du CNR-OAS, chargé du Bureau politique sous le couvert d’une agence de presse : Méditerrannée Nord-Sud, fonctions exercées jusqu’à l’auto-dissolution du Directoire en 1968. Ensuite il est membre du Mouvement jeune révolution puis, de 1971 à 1973, de la Nouvelle action française dont il est un des fondateurs.

En parallèle, il devient ingénieur en chef à la SEMA au département « Direction Intermédiaire », puis dirigeant libre d’entreprises généralement reprises en difficultés. Il est alors Président, Directeur Général ou Gérant, successivement et parfois simultanément, de plusieurs sociétés industrielles, dans l’électronique, la mécanique, l’orfèvrerie, les matériaux de construction ou la verrerie (il sera ainsi administrateur de Daum). Déployant en parallèle une activité de consultant ou d’ingénierie, il sera ainsi amené à implanter en Arménie soviétique une ligne industrielle mettant en œuvre une méthode innovante de fabrication du verre en première mondiale.

Retour sur l'Histoire

Après avoir pris sa retraite en 1997, il soutint à l'IEP (Institut d’Etudes Politiques) de Paris une thèse d'histoire, sous la direction de Raoul Girardet, sur La Doctrine française de la guerre psychologique et la pacification de l’Algérie. L’ouvrage est articulé par thèmes autour de l’élaboration de la doctrine de guerre à mener en Algérie et en particulier de sa composante psychologique, puis autour de l’application de cette doctrine à la pacification de l’Algérie. C'est pourquoi cette thèse insiste sur l'importance des sections administratives spécialisées (SAS) pour maintenir le lien armée-populations [3]. L’action et les directives du général Raoul Salan, commandant en chef en Algérie, sont largement citées. Cette recherche très documentée dans les archives du SHAT et auprès de nombreux témoins défend une approche ouvrant à débat : la victoire de l’armée en Algérie ne fut pas seulement militaire, mais psychologique. L’échec est attribué au double langage du pouvoir politique, et au fait qu’il n’y eu pas unité de vue entre l’armée et le gouvernement.

Dans une première partie, l’auteur étudie la doctrine de la guerre psychologique (il s’agit plutôt d’action psy) depuis sa découverte en Indochine jusqu’à la parution du TTA 117, en se référant aux conceptions américaines et soviétiques.

Dans la deuxième partie, est exposée l’adaptation de la doctrine à l’Algérie, fondée sur l’instruction Challe du 10 décembre 1959 et appliquée ensuite par les autres commandants supérieurs. Des exemples de réussite sont décrits : la SAS de Bou Djebaa, l’opération Pilote du Dahra, le quartier de Seddouk, la harka de JP Soisson, la DBFM, les regroupements, les quartiers de pacification confiés aux SAS par Challe et Delouvrier, et la justice expéditive d’Antoine Argoud.

La troisième partie présente le bilan positif de cette politique, en particulier le succès de l’action sociale de l’armée et de l’engagement des musulmans dans l’armée et dans les formations supplétives. L’affaire Si Salah, qui fait l'objet d'un chapitre entier, est considérée par l’auteur comme la grande victoire psychologique, qui aurait pu entraîner plusieurs wilayas à sa suite.

Un condensé de sa thèse à été publié sous le titre Algérie 1960, la victoire trahie imprimé et publié en Allemagne (2000) dans la collection France-Algérie des éditions Atlantis. On peut dire de cet ouvrage qu'il constitue son testament spirituel[4].

L'orientation souverainiste

De 1998 à 2001, Nicolas Kayanakis est secrétaire général puis vice-président du Centre royaliste d'Action française (CRAF), dirigé par Pierre Pujo. Il l'engagera dans le combat souverainiste à l’heure des ratifications des traités d’Amsterdam et de Nice. En 2002, il collabore à La Gazette, bulletin politique du Comte de Paris, puis il devient directeur administratif et financier de la revue royaliste Les Épées.

Nicolas Kayakanis est décédé dans la nuit du dimanche 5 octobre 2008. La messe de funérailles fut célébrée le 10 octobre en l’église Saint Germain de l’Auxerrois, suivie de l’inhumation au cimetière de Saclas (Essonne).

Notes

  1. Cf. « Jalons pour une histoire des étudiants nationalistes sous la IVe République », Olivier Dard, in Historiens & Géographes n°358, été 1997, p. 249-263.)
  2. Cf. ce témoignage de Kayanakis sur cette intervention.
  3. Cf. cet extrait de texte. Sur les S.A.S., cf. Les archives inédites de la politique algérienne : 1958-1962, ch. I - 2, M. Faivre, L'Harmattan, 2000.
  4. Guy Perville y voit « l’œuvre d’un ancien combattant cruellement déçu et révolté par ce qu’il appelle une « victoire trahie », et relève davantage du témoignage que de la recherche distanciée ». [Source]

Bibliographie

Recto
Verso
Œuvres de Nicolas Kayanakis

Études historiques

Littérature

  • L'Officier perdu, Bertrand de Castelbajac, La Table ronde, 1963 (épuisé). Kayanakis sert de modèle à l'un des héros (Kakos) de ce roman dont l'action se déroule uniquement dans les prisons gaullistes.

Liens externes