Léon de Montesquiou

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Comte Léon Odon Marie Anatole de Montesquiou-Fezendac (Brüs-sous-Forge 14 juillet 1873 - Souain 25 septembre 1915), militant royaliste et cadre de l'Action française.

Les années de formation

Le père de Léon de Montesquiou était officier et sa mère, la princesse Marie Bibesco, appartenait à la haute noblesse roumaine. Il fut élevé dans le château familial de Courtanvaux jusqu'à l'âge de dix ans puis fit ses études au lycée Stanislas de Paris, avant de faire son droit et d'obtenir un doctorat en 1899 avec une thèse titrée Étude sur la suppression du duel.

Il effectua son service militaire comme simple soldat en 1894-1895, puis, après plusieurs rappels pour des périodes d'exercice, il fut nommé sous-lieutenant de réserve en 1900.

L'engagement politique

Léon de Montesquiou était présent le 20 juin 1899, à la salle des agriculteurs, pour la première réunion publique organisée par le comité d'Action française et il y adhéra publiquement à cette occasion.

En 1900, il adhéra aussi à la Ligue de la patrie française. Dans le même temps il collabora dès cette date à la Revue d'Action française (dite Revue grise) et répondit à l'Enquête sur la monarchie.

En décembre 1002, il devint président du conseil d'administration de l'Action française, puis, en janvier 1905, secrétaire-général de la Ligue d'Action française. A partir de février 1906, il eut en charge la chaire Auguste Comte de l'Institut d'Action française.

Suite à l'arrêt de la Cour de cassation du 12 juillet 1906 annulant la condamnation du capitaine Dreyfus, l'Action française entama une vive campagne anti-dreyfusarde. La violence de celle-ci eut pour conséquence que, le 16 mai 1907, Léon de Montesquiou fut suspendu de ses fonctions d'officier de réserve pendant un an pour avoir adopté une "attitude politique trop militante". Refusant de se soumettre, il utilisa son cas personnel pour continuer la campagne contre l'arrêt de cassation. Il organisa ainsi, avec le commandant Louis Cuignet, le 18 mai 1907, une réunion qui réunit 5.000 personnes salle Wagram. En conséquence de quoi il fut, le 3 septembre 1907, révoqué de son grade et de son emploi par décision ministérielle.

Par la suite, Léon de Montesquiou joua un rôle majeur dans le lancement du quotidien L'Action française.

Le combattant de la Grande guerre

A la déclaration de guerre, Léon de Montesquiou s'engagea comme soldat dans l'armée territoriale, puis fut officiellement réintégré - à la suite d'une intervention de Charles Maurras auprès de Poincaré - le 17 septembre 1914 dans l'armée d'active. Il fut promu lieutenant et affecté au 2° régiment de la Légion étrangère. Il combattit dans l'est de la France puis en Champagne et retourna à la foi de son enfance. Il fut tué le 25 septembre en sortant d'une tranchée pour monter à l'assaut. Il fut cité à l'ordre de l'Armée.

Texte à l'appui

Léon de Montesquiou, le système politique d'Auguste Comte

Le comte Léon de Montesquiou (1873-1915) fut une des personnalités les plus remarquables et les plus attachantes de la jeune Action Française dont il devint un dirigeant émérite (notamment en qualité de secrétaire général de la Ligue d’AF) et un propagandiste zélé et relevé, tant par l’écrit que par la parole (notamment à l’Institut d’Action française dont nous célébrerons le centenaire cet automne) : penseur exigeant, il écrivit de nombreux ouvrages politiques théoriques d’importance (parmi lesquels Le Salut public, en 1902, et La raison d’État, en 1902) et plusieurs textes de "défense et illustration" de la doctrine d’Action française, qu’il contribua à définir (par exemple Les origines et la doctrine de l’Action française).

Son parcours, exemplaire, fut celui de nombreux patriotes que fit réagir, d’abord d’instinct, ensuite de raison – une raison éclairée notamment par l’irréfutable Charles Maurras –, cette dangereuse flambée destructrice, toute trempée des « dogmes révolutionnaires », que l’on a appelée le dreyfusisme (en lequel Montesquiou décelait un caractère religieux prononcé). Montesquiou, dont l’excellent biographe, Coudekerque-Lambrecht, dit qu’il était « l’un des esprits les moins influençables qui soient », refit les démonstrations de Maurras au même moment où Henri Vaugeois, Maurice Pujo, Octave Tauxier et tant d’autres reconnaissaient eux-mêmes que seule la Monarchie « traditionnelle, héréditaire, anti-parlementaire et décentralisée » pouvait refaire une France qui se défaisait horriblement.

Il s’y adonna avec une rigueur qui non seulement force l’admiration (et convainc la raison) mais une honnêteté qui paraît être un de ses traits les plus saillants : c’est ainsi qu’il inventa une méthode consistant à ajouter à la fin de ses chapitres une note où il indiquait sa pensée antérieure, ses erreurs et ce qu’il avait acquis depuis. Il avait aussi le talent de concevoir de plaisants apologues qui permettaient d’illustrer des vérités abstraites.

Nécessité de la Patrie

Au sein d’une œuvre relativement importante, choisissons de mentionner le premier livre qu’il consacra à Auguste Comte : Le Système politique d’Auguste Comte (le livre, publié en 1907 à la Nouvelle Librairie nationale, ne faisait que recueillir une série de conférences données à l’Institut d’Action française l’année précédente). Pourquoi ce choix ? Parce que, outre la qualité de l’ouvrage – une excellente introduction à l’œuvre politique de Comte – il nous rappelle plusieurs faits d’ordre historique dont peuvent sans doute être dégagés quelques principes. Maurras affirme avoir introduit Montesquiou à Comte. On sait, par son remarquable Auguste Comte, la reconnaissance qu’il nourrissait envers ce « bon maître ».

La leçon qui est à retenir est que Maurras, tout en déployant sa propre pensée, ne négligeait nullement les autres "grands ancêtres" (comme Joseph de Maistre, Bonald…) ou contemporains (Taine, Renan…) auxquels il renvoyait sans négliger d’éprouver et de critiquer, quand nécessaire, leur pensée. Nombreux furent en tout cas les disciples de l’AF qui "fréquentèrent" Comte ; Montesquiou fut le plus enthousiaste pour des raisons qui ne tinrent d’ailleurs pas seulement à sa critique de l’individualisme révolutionnaire et à son approche organiciste du fait social, au fait aussi que Comte établissait la « nécessité de la patrie pour le bien de l’Humanité », mais à l’homme Auguste Comte, à la noblesse et à la bonté (méconnues) de son âme, à son désintéressement, à son culte émouvant de Clotilde de Vaux aussi, lequel fut au principe d’une remarquable et féconde refondation, tout à fait inattendue, et certainement unique dans l’histoire de la philosophie, d'une pensée déjà élaborée – en l'occurrence sa politique positive – sur le sentiment (de type non rousseauiste, cela va sans dire).

En fait, tout en restant centrée sur sa doctrine, l’Action française tout entière, à l’exemple de son maître, savait multiplier les références et diffuser son influence.

Catholiques et positivistes

C’est sur ce point que nous voudrions insister. L’ouvrage de Montesquiou s’ouvrait sur un chapitre (objet de la première conférence) ayant pour titre : Catholiques et Positivistes : l’accord. Montesquiou ne faisait en fait que renouer avec le souhait ultime de Comte : réconcilier les "conservateurs", au premier rang desquels se trouvaient les catholiques, avec une doctrine positiviste toute pénétrée d’une sincère admiration pour la grande synthèse catholique et l’éminence de son magistère spirituel (auquel Comte, tout de même, voulait que lui soit progressivement substituée cette « religion de l’Humanité » (dont Montesquiou établit sans conteste qu’elle n’a pas le caractère ridicule qu’on lui prête). Or le fait est que Montesquiou réussit à concilier Paul Ritti, l’exécuteur testamentaire de Comte et bien d’autres positivistes d’importance. Il n’était pas négligeable qu’après la trahison de Littré (qui déclara son maître fou) et la dérive de nombre de positivistes vers le camp de la Révolution, Montesquiou obtînt un tel résultat "de propagande".

Mais le mieux est peut-être de laisser parler Ritti lui-même : « Le livre sur Auguste Comte que vient de publier le comte Léon de Montesquiou est certainement un des faits les plus marquants de ce commencement de siècle. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler à quel point le Positivisme était jusque dans ces derniers temps méconnu, même ignoré par les partis qui désirent subordonner la solidarité à la continuité, le principe à la volonté, le progrès à l’ordre. Il ne pouvait d’ailleurs en aller autrement ; car depuis la mort d’Auguste Comte on avait toujours présenté son œuvre comme devant remplacer le passé au lieu de le développer. L’Action française s’est donné pour tâche de dissiper une semblable erreur. C’est M. de Montesquiou qui vient, par la publication que nous annonçons, de faire cesser un si déplorable malentendu. »

Et Ritti ajoutait cet éloge qui témoigne parfaitement du caractère remarquable de l’œuvre en question : « Pour y parvenir, il a cru que le mieux était de nous montrer tout simplement quels sont les véritables services qu’a rendus à l’évolution humaine l’incomparable penseur dont il a exposé la doctrine avec tant de clarté et une si parfaite loyauté. » Ces propos, Ritti n’avait pas hésité à les publier dans L’Action Française (la revue du 1er janvier 1907).

Principes comtiens

Trésor d’enracinement dans la pensée nationale d’Action française, trésor d’ouverture intelligente et féconde, Le système politique d’Auguste Comte de Montesquiou est à relire pour ces deux très bonnes raisons. Elle nous familiarise avec ces principes comtiens dont Montesquiou se faisait une lecture quotidienne et que Maurras a repris dans sa présentation du philosophe : « L’Amour pour principe et l’Ordre pour base ; le Progrès pour but » ; « Induire pour déduire, afin de construire » ; « La soumission est la base du perfectionnement » ; « Les vivants seront toujours et de plus en plus gouvernés nécessairement par les morts » – parmi bien d’autres pierres précieuses.

Francis Venant L'Action française 2000 - 2 juin 2005


Publications

  • Le Salut public, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1901.
  • La Raison d’État, Paris, Plon, 1902.
  • La Thèse sociale de ″l'Étape″. Conférence donnée aux matinées littéraires, artistiques et scientifiques de Bruxelles, le 25 février 1903 (sur le roman L’Étape de Paul Bourget), Paris, F. Levé, 1903.
  • (et al.) Nos Traditions nationales, comment les défendre ? Avec le compte rendu de la 1ère réunion de l'″Entente nationale″ tenue à la salle de la Société de géographie, le 8 juillet 1904. Lettre de M. Paul Bourget. Conférence de M. Léon de Montesquiou. Discours de MM. le Dr Le Fur, Rondeau, Marc Sangnier, Copin-Albancelli, H. de Larègle, de Lamarzelle, Paris, Tardy-Pigelet, 1904.
  • Les Raisons du nationalisme, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1905.
  • Ma révocation, Paris, Éditions de l’Action française, 1907.
  • « Préface », Louis de Bonald, Considérations sur la Révolution française. L'émigration. L'aristocratie et la noblesse. Le gouvernement représentatif. Le traité de Westphalie. L'équilibre européen. La fin de la Pologne. Notice sur Louis XVI. La question du divorce. La société et ses développements. Pensées, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1907.
  • L'Antipatriotisme et la République dans les manuels scolaires. Conférence faite à Lille le 5 mars 1910, Paris, Bureaux de l’Action française, 1910.
  • Le système politique d’Auguste Comte, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1910.
  • Le réalisme de Bonald, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1911.
  • De l'Anarchie à la Monarchie, Paris, Bureaux de l’Action française, 1911.
  • Auguste Comte. Quelques principes de conservation sociale, Paris, Bureaux de l’Action française, 1911.
  • La Noblesse. Suivi d'extraits de Blanc de Saint-Bonnet sur le même sujet, Paris, Bureaux de l’Action française, 1911.
  • L’œuvre de Frédéric Le Play. Suivie de pensées choisies de nos maîtres : Joseph de Maistre - Bonald - Auguste Comte - Honoré de Balzac - Hippolyte Taine – Ernest Renan, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1912.
  • Le Contrat social de J.-J. Rousseau, Paris, Institut d’Action française, 1912.
  • Bonald. Une philosophie contre-révolutionnaire, Paris, Bureaux de l’Action française, 1913.
  • Les consécrations positivistes de la vie humaine, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1913.
  • Notes sur la Roumanie, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1914.
  • 1870. Les causes politiques du désastre, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1914.
  • Les débats sur l’armée en France (1867-1870) et en Prusse (1860-1866), Paris, Ligue d’Action française, 1917.
  • Les origines et la doctrine de l'Action française, Paris, Ligue d’Action française, 1918.

Bibliographie

  • Coudekerque-Lambrecht, Léon de Montesquiou. Sa vie politique. L'Action française, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1925.
  • Ernst Nolte, Der Faschismus in seiner Epoche. Action française - Italienischer Faschismus - Nationalsozialismus, Munich, Piper Verlag, 1963.
  • Jacques Paugam, L’âge d’or du maurrassisme, Paris, Denoël, 1971.
  • Francis Venant, "Léon de Montesquiou. Le système politique d'Auguste Comte", L'Action Française 2000 - 2 juin 2005
  • Eugen Weber, Action française. Royalism and Reaction in Twentieth-century France, Stanford (Californie), Stanford University Press, 1962.

Lien externe

  • Léon de Montesquiou, Le Contrat social de J.-J. Rousseau, Paris, Institut d’Action française, 1912. : Édition électronique [1]