Jean Ousset

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Jean Ousset
Jean Ousset, né le 28 juillet 1914 et décédé le 20 avril 1994 à été un théoricien et une personnalité centrale de la mouvance nationale-catholique, fondateur de la Cité catholique.

Biograhie

La jeunesse

Jean Ousset est né en 1914, le 28 juillet, à Porto (Portugal). Il passe sa jeunesse dans le sud de la France, dans un petit village du Bas-Quercy, Montalzat. Ce sont ses grands-parents qui s’occuperont de l’éducation de ce fils unique, ses parents (Eugène et Camille Ousset) étant obligés d’aller travailler à Paris. Le grand-père comme son fils sont des catholiques et des monarchistes convaincus, membres de l’Action française. A 14 ans, au décès de sa grand-mère, sa famille le met en pension chez une femme - Mme Règnier - qui s’occupe d’enfants à la santé fragile. De l’aveu de Jean Ousset c’est elle qui lui donnera «l’orientation de toute sa vie » : elle va lui donner l’amour du Beau qui sera le socle de son combat pour une cité chrétienne.

Jean Ousset avec Jean Madiran

A 16 ans et demi il entre en pension chez les Dominicains. C’est à cette occasion qu’il va faire connaissance avec Jean Masson, futur fondateur avec lui de la Cité catholique. Ce passage de sa vie lui donnera, comme il le dit dans ses mémoires, « (…), un irréductible amour de ma patrie, la France (…) et un grand respect devant l’importance du fait religieux ». Ayant raté son bac, il trouve un travail dans l’artisanat (fabrication de chapeaux). Travail qu’il va abandonner très vite pour se consacrer à sa passion : l’art. Il part pour Bordeaux suivre des cours de peinture et de sculpture, mais son avenir est alors plus qu’incertain.

L’ouvrage d’Ernest Psichari Le voyage du Centurion va donner un élan nouveau à son être, « comme serviteur de vérités enracinées, moralement. Spirituellement. Charnellement ; et historiquement sanctionnées ». Pour réaliser cet objectif il va avancer son service militaire, et passer trois années au sein du 9ème bataillon de chasseurs alpins.

En 1934 -il a 20 ans après ses trois ans de vie militaire-, il va renouer avec ses amis : Jean Masson, Pierre Sournac, Jean Rochet et les frères Maillet… Tous font partie d’une ligue, que ce soit les Jeunesses patriotes, l’Action française, les Croix de feu… Ces jeunes gens sociologiquement, idéologiquement et religieusement disparates se trouvent cristallisés autour d’événements survenus à cette époque, qui sont la « main tendue » par les communistes aux catholiques -ce qu’ils considèrent comme contre-nature- et la guerre d’Espagne.

C’est l’Abbé Choulot qui va prendre en charge la formation doctrinale du groupe et orienter le combat d’une partie des pionniers de la Cité catholique. Malgré des divergences assez nettes au début, Ousset parviendra à rassembler les jeunes hommes autour d’un fond commun, en faisant abstraction des désaccords sur l’accessoire. Ces jeunes gens s’inquiètent de l’influence grandissante de philosophies révolutionnaires qui veulent faire table rase de l’influence chrétienne.

Le déclic va se réaliser à Bordeaux en avril 1939, où Jean Ousset effectue un certificat de capacité en droit. Lors d’un cycle de conférences il se fait remarquer pour la qualité d'un exposé par Charles Maurras qui le place à la une de l’Action française du lendemain. Lors d’un entretien que Jean Ousset a ensuite avec Maurras, celui-ci lui dit : « Si vous cherchez une doctrine, soyez certain qu’il n’y a de doctrine vraie que catholique. Si donc vous êtes catholique, ne le soyez pas à moitié ! » Cette affirmation met fin aux hésitations du petit groupe qui se réunit toujours. Ils sont déterminés à se réclamer ouvertement de la doctrine catholique. Le 15 août 1939, devant la Sainte Vierge, ils forment le vœu de consacrer leur vie « à servir la France et l’Eglise par une œuvre de formation doctrinale et d’éducation à l’action de cadres politiques et sociaux efficaces ».

Pendant la guerre

Mobilisé le 3 octobre 1939, Jean Ousset part sur le front de Lorraine (le 23 mai, pour sa conduite exemplaire, il recevra la Croix de guerre) où il sera fait prisonnier en 1940 à Domrémy. Il passe 18 mois de captivité en Allemagne qu’il met à profit pour parfaire sa formation doctrinale. Il profite des moments de désœuvrement des camps de prisonniers pour continuer le travail auquel il songeait depuis longtemps : la mise sur pied d’une doctrine pour préparer une élite socio-politique.

Durant ce séjour dans les camps allemands il va côtoyer un trotskiste avec lequel il a des débats passionnés qui vont le conforter sur l’essentiel du tour d’esprit marxiste qu’il expliquera plus tard dans la revue Verbe . En 1942, après deux tentatives d’évasion, il parvient à se faire libérer en se faisant passer pour tuberculeux. Il rentre dans le sud de la France et épouse Odette Sournac, issue d’une famille très catholique de Montauban.

Libre, Jean Ousset s'engage en faveur de l'aile la plus réactionnaire et pétainiste de la "Révolution nationale". Il rejoint la Légion française des combattants, et devient le chef de son bureau d’étude, publiant une série de cahiers du nom de Jeune légion [1].

D'après ses disciples d'après-guerre « Il essayait ainsi de faire passer des rudiments de doctrine catholique sans pour autant la nommer.»

En 1944, Jean Masson lui conseille de faire une retraite ignacienne auprès des Coopérateurs paroissiaux du Christ-Roi. Celle-ci est une révélation pour le jeune homme, particulièrement parce que l’insistance des pères de Chabeuil sur la doctrine du Christ-Roi, roi universel des âmes mais aussi des peuples et des nations, le confirme dans la voie qu’il avait choisi de prendre. Avec les Exercices de Saint Ignace il a trouvé l’« alimentation spirituelle » qui lui manquait. De même, il a trouvé un modèle pour construire une œuvre comme les Pères de Chabeuil, mais dans le domaine du temporel.

La fondation de la Cité catholique



C’est le 29 juillet 1946, à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, que trois hommes (Denis Demarque, Jean Masson et Jean Ousset) vont consacrer leur projet au Christ Roi. Le même jour, l’œuvre nouvelle est mise sous la protection de la « Reine du Monde », en la chapelle de la Médaille miraculeuse, rue du Bac. La Cité catholique est née sous son premier nom de « Centre d’études critiques et de synthèse ». La volonté des fondateurs est de créer un organisme de laïcs agissant sous leur responsabilité civique à l’avènement d’un ordre social chrétien. Cette œuvre laïque doit professer et diffuser à travers ses membres la doctrine sociale de l’Eglise catholique plutôt qu’une doctrine personnelle. C’est grâce au droit que reconnaît la hiérarchie romaine à tout catholique de prendre des positions politiques particulières que La Cité catholique exercera cette liberté afin de répandre sa méthode et son action. Jean Ousset et Jean Masson connaissent d’ailleurs des fondements politiques différents: le premier a une formation plutôt traditionnelle et maurrassienne, le second vient de la démocratie chrétienne. Par son activité au sein du monde, l’œuvre ne prétend pas représenter l’Eglise, mais s’en faire l’écho « … au plan de ces affaires sociales, civiques ou politiques que le naturalisme et le laïcisme révolutionnaire ne cessent de pénétrer ».

De 1946 à 1963 la Cité catholique, malgré des débuts difficiles, va se développer constamment. Puis, victimes de son succès et d’attaques incessantes, les fondateurs vont prendre la décision de cesser l’activité de l’organisation et fonder l’« Office international des œuvres de formations civiques et d’action doctrinale selon le droit naturel et chrétien ». Ce nom se veut imprononçable, même par le jeu des initiales, pour éviter que ses membres ne se cachent derrière une étiquette. Après deux années de mise en route, le centre va constituer l’unité doctrinale, le service de formation et de synchronisation autour duquel une multitude d’associations vont graviter. Une autre raison de ce passage de la Cité catholique à l’Office est la volonté d’avoir un dispositif plus adapté au développement international qu’elle connaît. Le but n’a pas varié, néanmoins Jean Ousset s’est rendu compte que l’on ne pouvait se contenter d’éclairer l’intelligence par la doctrine de l’Eglise, mais qu’il fallait la répandre en l’enseignant. La revue aussi va s’adapter: Verbe sera remplacé par Permanences dont le contenu est moins dogmatique et traite plus régulièrement de l’actualité.

L’Office international des œuvres de formations civiques et d’action doctrinale selon le droit naturel et chrétien



L’Office va connaître un grand rayonnement tant en France qu’au niveau international. Le premier congrès a lieu en 1964 en Suisse dans le canton du Valais, à Sion. Puis de 1965 à 1977 ils se dérouleront à Lausanne . Deux mille cinq cents à quatre mille personnes, toutes nationalités confondues (il y en aura jusqu’à 17 représentées en une seule et même fois, 26 si l’on comptabilise tous ceux qui ont participé à l’un des congrès de Lausanne), se retrouvent trois jours durant au palais Beaulieu : occasion pour des animateurs d’œuvres très variées, parfois opposées, d’harmoniser et de concerter leurs actions (tous les mouvements, associations, journaux catholiques et plutôt traditionnels sont représentés par un stand). A ce rassemblement international annuel, l’on peut entendre, en séance plénière, l’élite de l’intelligentsia catholique (surtout francophone) : Marcel de Corte, Jean Madiran, Marcel Clément, Louis Salleron, Gustave Thibon, etc. Le journaliste du Monde lui-même, venu en observateur, constate le 13 avril 1977 : « Trois jours durant, le palais Beaulieu de Lausanne a sans doute renfermé la documentation contre-révolutionnaire la plus importante d’Europe ».

Des remous vont secouer l’Office au cours des années 70/80. Les divisions suscitées par le Concile Vatican II au sein de l’Eglise vont avoir des répercussions chez les militants du combat civique. Un certain nombre de sympathisants demande à Ousset de prendre position sur les querelles liturgiques. Il opposera toujours un non catégorique : « Je refuse de m’engager dans les combats qui se sont développés dans l’Église, l’Office ne croit ni possible ni souhaitable (par son statut et ses structures mêmes) de s’engager en matière de liturgie, d’exégèse, de catéchèse, etc. » Ainsi peu à peu vont s’écarter de l’Office un bon nombre d’hommes et d’associations représentatifs du courant catholique et national, à commencer par Jean Madiran.

Jean Ousset va peu à peu laisser le « commandement du navire » dès 1973. Il fait un constat amer : la subversion, dit-il, a changé de forme. Elle prend de plus en plus l’aspect d’une guerre culturelle dans laquelle tous les moyens de modeler les sensibilités sont mobilisées pour changer la nature même de l’homme et, par voie de conséquence, celle de la société. Ce qui est à combattre n’est donc plus de l’ordre de la vérité ou de l’erreur, c’est un climat corrupteur. « Refusant d’être dupe des succès de Lausanne, j’eus à traverser, je l’avoue, une des plus douloureuses périodes de ma vie (…). N’y voyant pas assez clair, l’idée me vint d’aller dans les milieux les plus divers, étudier comment s’y prendre pour atteindre ceux de nos frères français qu’il nous avait été impossible d’approcher jusque-là. Trop d’affection me retint, je l’avoue. Mais, enfin, je partis ».

Son successeur à la direction de l'Office fut Michel de Penfentenyo qui, en 1974, fut un élément clef de la candidature de Jean Royer.

Mais l’Office justement, après quinze ans d’un travail qui a permis de créer en de multiples domaines des îlots de résistance à la Révolution galopante, est mal en point : les divergences, parfois irréductibles, entre les membres de l’équipe dirigeante sur les moyens à adopter pour faire avancer au mieux la cause du Christ-Roi, dans la France des années 1970, l’ont profondément secoué. Et même si la machine, bien qu’un peu essoufflée, tourne encore, Jean Ousset, perpétuel insatisfait, estime qu’il est préférable de lui porter un coup d’arrêt définitif. L’action culturelle, à laquelle il tient tant, et dont le bien-fondé est contesté par beaucoup, séduit toute une partie de la jeune génération. C’est ainsi qu’en 1981, une équipe de jeunes disciples, groupée autour de Jacques Trémolet de Villers et de Jean-Marie Schmitz, recueille l’ensemble des expériences de Jean Ousset et sous son égide, fonde ICTUS (Institut culturel et technique d’utilité sociale). ICTUS s’attache à renouveler le « cursus » de formation politique et sociale, en développe la dimension historique, et enfin, y ajoute la dimension culturelle par une approche pratique qui soit une « éducation civique, sociale, nationale et religieuse par le Beau ».

Jean Ousset participa jusqu’au bout de ses forces au développement de cette action pour que l’équipe continue l’œuvre dans une stricte fidélité au dessein initial. C’est au cours d’une visite au Louvre, qu’il organisait pour quelques animateurs, qu’il est victime d’une attaque cérébrale. Il meurt le 20 avril 1994.

L’intellectuel ou homme du concret au service du Beau, de l’Amour et de l’Eglise



Jean Ousset fonde son action en faveur de l’Eglise et du règne social du Christ sur terre par son amour du Beau. Son âme d’artiste vient en support au message dispensé par l’Office. Puisque les vérités abstraites rebutent, il faut toucher les cœurs, élever les sentiments, faire admirer et connaître les splendeurs de la civilisation chrétienne. La Beauté a un caractère d’universalité, ainsi toute chose n’est pleinement belle que si elle s’insère totalement dans l’ordre divin, seule perspective dans laquelle elle prend sens et plénitude. Pour lui la Beauté est joie de l’esprit, et il va de soi qu’elle ne doit pas d’abord s’adresser aux sens. Un art passionnel est condamné à n’être qu’un art individuel, énigmatique et par là même élitiste. Le rôle de l’art n’est-il pas de favoriser une plus grande communion. « N’est communicable dans le « moi » que ce qui appartient à l’homme universel ». Pour lui il est indispensable de revenir au critère du Beau dans le domaine du jugement, et en particulier au sein de l’école moderne qui tend à le classer au rayon des vieilleries. « Je passe pour un doctrinaire. Alors qu’au fond de moi je ne considère la doctrine que comme un squelette. Image de la mort, tant qu’on ne l’enrobe pas des masses musculaires chaudes et souples qui, seules, peuvent l’animer (…). L’objet de mon désir : la contemplation amoureuse de la beauté, de l’harmonie des êtres et des choses ! Car les « démons » de ma jeunesse ne m’ont jamais lâché, malgré la muselière que j’ai essayé de leur imposer. Loin de s’être tus, ils sont toujours là. Toujours à la charge ».

Jacques Trémolet de Villers (le successeur et ami de Jean Ousset) le décrit dans la préface de l’ouvrage de Raphaëlle de Neuville comme d’abord un artiste, un dessinateur, un peintre. Les constats qu’il faisait ne venaient pas d’une déduction théorique de doctrinaire, mais de l’observation de la réalité. Il avait, sur les choses et les gens, un regard terriblement aigu et qui se trompait rarement. Il était comme on dit, lucide, ce qui, parfois le faisait passer pour un sceptique ou un désespéré. Il avait horreur de l’illusion. Ce qu’il avait vu avant la dernière guerre et dont le temps passé ne corrigeait pas les données, c’était la division extrême, l’absence du moindre souci de complémentarité entre les forces de ceux qui auraient dû se trouver unis pour le salut de la société. Il répétait souvent cette phrase de Jacques Bainville, qui lui semblait résumer la situation de la France, depuis l’avènement du phénomène révolutionnaire : « Les gens de gauche s’entre-tuent, certes, mais c’est pour la conquête du pouvoir, tandis que les gens de droite s’envoient de la boue au visage, pour rien ».

On retrouve sa pensée sur l’Amour et la relation de l’homme et de la femme dans un de ses ouvrages intitulé : « Amour ou sexualisme ? ». Le couple pour lui doit être à l’image de l’union du Christ et de l’Eglise, ce qui montre bien le haut degré auquel le mariage chrétien est appelé à se situer.

« L’homme et la femme ont chacun un rôle qui lui est propre, et s’il n’est pas question de supériorité de l’un ou l’autre, il est tout aussi illusoire de prétendre à l’égalité. Chaque être doit se tenir à sa place ».

« Tout ce qui tend à réduire l’amour humain aux seules pulsions de l’instinct, à la seule poursuite d’un plaisir strictement animal, est indigne de l’homme. Et par là même, minable et scandaleux; la plénitude de l’amour humain ne pouvant être un simple accouplement de bêtes, mais l’union émerveillée de deux «personnes », hautement reconnues pour telles. Amour fait d’attirance, de fusion et d’ivresse charnelle, certes, mais qui peuvent et doivent être désirées, entretenues, renouvelées, par ce qui est bien supérieur au simple instinct animal. Autant dire un véritable amour humain. Amour dont le caractère spécifique ne peut pas ne pas être dans une authentique union des cœurs, des esprits et des âmes…; dans une harmonie suffisante des sensibilités, la complaisance des caractères, une relative correspondance des goûts »

Pour lui la morale n’est qu’un « code pour mieux aimer » et elle n’a de sens que parce qu’elle permet à l’amour humain d’atteindre sa plénitude et l’harmonie d’un ordre vraiment divin. Il s’élève d’autre part contre les accusations de pudibonderie dont la morale catholique fait les frais. Raphaëlle de Neuville dans son livre fait remarquer que l’Église catholique n’a jamais considéré les plaisirs de la chair comme illégitimes. C’est le luthéranisme, le calvinisme et le jansénisme qui sont coupables d’avoir créé un état d’esprit excessivement rigoriste en la matière. Il ne faut pas séparer ce que Dieu a uni : les réjouissances charnelles appartiennent au cycle de l’amour humain tel que Dieu l’a voulu. Prétendre que l’acte sexuel est ordonné uniquement à la procréation et que la recherche du plaisir se situe loin derrière ce noble dessein, c’est ignorer tout de la plénitude harmonieuse de l’union amoureuse .

L’Eglise est la garante de la doctrine et de l’Evangile : elle se charge d’en fixer le sens et d’en expliquer la pensée, « autrement il y aurait autant d’Evangile que de différente passion ». Jean Ousset va définir plus précisément sa relation avec la mère l’Eglise dans un texte : « Pagaille dans l’Eglise ou mystère de la Croix ». A travers le dialogue qu’il a avec un officier (qui est lui-même en réalité), il manifeste sa tristesse face aux profondes divisions qui déchirent l’épiscopat et le clergé français à l’égard de l’enseignement du Saint-Siège. Cela l’a particulièrement perturbé car il a beaucoup souffert pour l’Eglise et par l’Eglise. Il reconnaîtra que le soutien de nombreux prélats l’ont conforté dans sa tâche pour le plus grand bien de la Cité catholique. Rome a suivi les développements doctrinaux de l’œuvre à travers le préfet du Saint Office , le Cardinal Ottaviani, chargé auprès du Saint-Père de toutes les questions doctrinales. Lors des Congrès, le Pape Pie XII est intervenu en personne à plusieurs reprises par des messages personnels adressés à Jean Ousset.

L’influence de la pensée de Jean Ousset

L’influence du mouvement suscité par Jean Ousset sera aussi bien due au charisme et au travail doctrinal de son fondateur et directeur qu’au travail de fond réalisé par les simples membres. En effet, de petites gens vont parcourir à pied de grandes distances, de nuit, pour participer au travail des cellules. Des militaires adoptent avec ardeur un travail correspondant exactement aux besoins que leur a révélés leur expérience en Indochine : la confrontation et diffusion de valeurs chrétiennes contre la dialectique révolutionnaire. Ainsi vont se constituer des « réseaux » d’amitié selon les régions ou les états professionnels. Une correspondance abondante, des rencontres, des sessions régionales assurent le lien intime de ces réseaux, en même temps qu’ils permettent d’en exploiter les possibilités. Les milieux enseignants, médicaux, ruraux s’ouvrent très largement au charisme de l’œuvre. Les cellules pénètrent dans tous les milieux. On y rencontre des polytechniciens, des laboureurs, des commerçants, des fonctionnaires, des agrégés, des forgerons, des chefs d’industrie, des magistrats… On y vient de mouvements comme l’Action Catholique, de syndicats, du scoutisme... La Cité Catholique qui se veut essentiellement « centrifuge » voit ses amis se répandre dans les mouvements les plus variés. Les liens entre membres basés sur les liens naturels et sur une solide amitié seront le moteur de la création des cellules de travail et de son influence dans de nombreux milieux. La diversité dans l’origine sociale de ses membres ne nuit pas à l’unité grâce aux Congrès qui sont des moments privilégiés de ressourcement et d’échanges.

Malgré un travail sur le terrain toujours plus important, l’action de ses chefs se poursuit également au point de vue doctrinal. J. Ousset et son équipe vont rédiger un certain nombre d’ouvrages sur des thèmes essentiels comme le travail, la famille, la patrie. Nombre de ces écrits seront traduits dans plusieurs langues. Leur qualité, ainsi que leur diffusion à travers toute la planète, donnera une ampleur mondiale à l’œuvre. Lors de la parution du livre Le Marxisme-léninisme, J. Ousset recevra de nombreuses lettres de félicitations, dont celles de l’Administrateur Apostolique de Taipei en Chine, le Cardinal Tien, ainsi que du Visiteur apostolique des Catholiques Ukrainiens en Europe Occidentale, l’Archevêque Bucko. Ces ouvrages permettront de toujours perfectionner une méthodologie de l’action civique et catholique et d’élargir la diffusion des principes et valeurs de l’œuvre.

Lors du Xème Congrès de la Cité Catholique à Issy-les-Moulineaux en 1960, un grand nombre de personnalités de la vie politique et militaire française et même internationale vont venir y assister ou y donner des conférences. Jean XXIII fera parvenir un télégramme bénissant le travail effectué pendant la rencontre. Jean Madiran, l’amiral Auphan, Jean Trémollet de Villers, député de l’Ardèche à l’Assemblée Nationale font partie de la brochette de personnalités présentes. Le Général Weygand, membre de l’Académie française, y tiendra un discours, où il constate la démission des chrétiens engagés dans le Corps Social et la naïveté des politiques face au matérialisme athée. Il condamne la misère intellectuelle et spirituelle des masses et surtout des élites naturelles, et a fortiori des élites chrétiennes. Il rappelle le devoir impératif de faire de la doctrine sociale de l’Eglise « le ferment des jours à venir » : « Ne vous contentez pas de la satisfaction d’avoir raison, mais que vos raisons soient dynamiques et victorieuses. Considérez-vous, nous disait Pie XII, « comme en état de mobilisation générale » à l’instar de ces chrétiens des premiers siècles, qui ont osé attaquer et s’imposer à une culture païenne et matérialiste. Certaines formules ont du succès de nos jours : « passage aux barbares », « retour au christianisme primitif ». Mais ce qu’on oublie trop c’est la fermeté de la Foi, c’est le sang des martyrs qui ont payé sans compter le droit d’avoir raison ».

Henri Massis, membre également de l’Académie française, va parler dans son intervention des valeurs spirituelles de la civilisation chrétienne. Le Vice-président de l’Assemblée Nationale et Ancien Ministre Frédéric Dupont donnera une allocution dans laquelle il se déclare « (…) conscient des périls que, pour la défense de la Civilisation chrétienne, nous avons ensemble à conjurer.  » Il a constaté lors de ses nombreux voyages officiels que le communisme ne cache pas sa volonté de dominer le monde par la force s’il le faut, et surtout en profitant des faiblesses du monde occidental. Il fait cette constatation : « Les communistes ne considèrent qu’une seule force redoutable : la religion et en particulier le christianisme ». Plusieurs personnalités, tel le Chef d’Etat-major, Général de la Défense Nationale, le Général Ely, le Baron Delvaux de Fenffe, ambassadeur du roi des Belges, ancien directeur de la politique de Belgique, font part de leur déception de ne pouvoir participer au congrès. Le professeur Plinio Corrêa de Oliveira, rédacteur en chef de la revue brésilienne Catolicismo, fait également part de ses vifs regrets de ne pouvoir y participer, et de son admiration pour les publications de Jean Ousset, et en particulier pour son dernier livre. Le congrès aura également l’honneur de recevoir Mgr Hamayon, représentant S. Em. le Cardinal Feltin, qui voulut bien prononcer une allocution dont Le Monde reproduisit les passages les plus élogieux. Sa présence contredira une campagne de presse déclenchée le 3 novembre 1961 par Le Progrès-Dimanche de Lyon, puis reprise par l’ensemble des grands tirages français et même internationaux. Ce journal annoncera que « … Verbe et la Cité catholique, revue et mouvement intégriste, (avaient été) condamnés par l’assemblée des Cardinaux et Archevêques lors de sa dernière session ».

Lors de ce Xème Congrès à Issy-les-Moulineaux, 1500 personnes de 15 nationalités se sont rencontrées, par ordre alphabétique et par pays : Allemagne, Argentine, Autriche, Belgique, Canada, Dahomey, Espagne (40 congressistes), France, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Suisse (30 congressistes), Viêt-Nam, Ukraine.

Publications

Œuvres de Jean Ousset

  • Pour qu'Il Règne, éd. DMM.
  • L'action, snde, sd.
  • Fondements de la Cité, éd. DMM.
  • A la découverte du Beau, éd. CLC.
  • A la semelle de nos souliers, avec M. Creuzet, éd. CLC.
  • Amour ou sexualisme ?, avec M. Creuzet, éd. DMM.

Bibliographie

  • Cité catholique, « Principes de notre action », Verbe, tiré à part n°83, 2ème éd.
  • Gérard Gallienne, Architecture de la Cité catholique, IEP de Bordeaux, 1968.
  • Jean Madiran, « Lettre à Jean Ousset », Itinéraires, n°42, avril 1960.
  • Jean Madiran, La pratique de la dialectique, Les Presses bretonnes, 1961.
  • Raphaëlle de Neuville, Jean Ousset et la Cité catholique, éd. DMM, 1998.
  • Jean-Marie Schmitz, Le Laïc catholique dans la cité : son rôle tel que le conçoit la Cité catholique, mémoire de sciences politiques, Faculté de droit de Paris, 1973.
  • Verbe, (1947 à 1963).
  • Permanence, (1963- ).


Liens externes

  • Site de l'institut Ichtus, se voulant l'héritier de la Cité catholique : [1]
  • Site de l'Institut Civitas, pour l'action catholique dans la Cité, qui se réclame de l'héritage de la Cité catholique de Jean Ousset : [2].

Notes et références

  1. Jeune légion, publia, entre autre, les brochures suivantes :
    1. Plan de formation n °1 « Nécessité d’une doctrine » ;
    2. n° 2 « Doctrine, programme, problème de vrai » ;
    3. n° 3 « Subjectivisme, individualisme, libéralisme » ;
    4. n° 4 « Civilisation, culture, progrès » ;
    5. n° 5 « Patrie, nation, patriotisme, nationalisme » ;
    6. n° 6 « Révision du cycle préliminaire » ;
    7. n° 7 « Postulat du nationalisme ».

    1. Plan de formation générale n° 1 « Qu’est-ce que la France » ;
    2. n° 2 « Universalité du génie français : l’esprit » ;
    3. n° 3 « Universalité du génie français : les faits » ;
    4. n° 4 « Les origines-I. Des premiers temps jusqu’à la conquête romaine », 2 ex ;
    5. n° 5 « Les origines-II. La Gaule romaine ».

    1. Plan de formation politique n° 1 « Introduction à la politique » ;
    2. n° 2 « L’ordre social » ;
    3. n° 3 « Les corporations et les problèmes du travail » ;
    4. n° 4 « L’organisation corporative » ;
    5. n° 5 « Humanisme du travail ».

    1. Plan de documentation n° 1 « Qu’est-ce que le péril soviétique ? » ;
    2. n° 2 « Le Gaullisme » ;
    3. n° 3 « La Franc-Maçonnerie » ;
    4. n° 4 « Les juifs » ;
    5. n° 5 « Le racisme juif » ;
    6. n° 6 « Le communisme » ;
    7. n° 7 « Le communisme est juif »