Groupe Sparte

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Le Groupe Sparte était un groupe de réflexion identitaire, fondé fin 2005, et dirigé par Jean-Baptiste Santamaria alors Secrétaire national du Bloc identitaire. Il se revendiquait d'un « gramscisme de droite », terme emprunté comme son emblème (casque hoplitique d'Europe jeunesse) à la mouvance de la Nouvelle droite 70-80, au profit de la cause identitaire.

Du fait de dissensions au sein de l'équipe dirigeante du Bloc identitaire le Groupe Sparte disparaîtra dans le second semestre 2008 pour donner naissance au Groupe Thucydide.

Texte à l'appui

Présentation du Groupe Sparte par lui-même

Sparte est un groupe de réflexion fondé en automne 2005 et réunissant des individus aux parcours politiques divers. Constitué pour une bonne partie d’enseignants, il regroupe également toutes les bonnes volontés intéressées par le travail intellectuel et la recherche théorique.

Sa naissance est partie du constat que si la pensée unique domine de la sorte actuellement (avec les ravages qu’elle occasionne au fur et à mesure du temps) c’est qu’elle est parvenue à conquérir les esprits au moyen de la diffusion de ses idées au sein de la population. On pourrait bien sûr en attribuer la cause aux médias ou à l’orientation politique des enseignants qui conditionnent la conscience collective. Or, l’explication n’est pas suffisante, car pour que des idées soient admises, il faut qu’elles soient reconnues comme légitimes. La science étant désormais l’un des critères de légitimation d’un discours prétendant à la vérité, c’est grâce à la conquête des chaires de sciences humaines et sciences sociales (tout particulièrement sociologie, sciences politiques, histoire) que la pensée unique a pu à ce point prospérer (notamment depuis 68) .

Comme l’a bien montré Max Weber dans ses Essais sur la théorie de la science, le chercheur connaît toujours en amont de sa recherche un certain rapport aux valeurs qui conditionnent quelque peu son travail, dans le choix de ses outils, dans la sélection de ses données ; rapport aux valeurs malgré tout canalisé en aval par une communauté de chercheurs qui va étudier les conclusions proposées et en juger la pertinence ou non, apportant ainsi une caution objective aux thèses proposées. L’objectivité dans les sciences humaines est donc obtenue par le biais d’une intersubjectivité qui parvient à un « consensus », à un acquiescement collectif … Mais que faire lorsque la plupart des chercheurs ont un rapport aux valeurs identiques au départ ? (question que posaient déjà les marxistes à l’époque en parlant d’une logique de classe). On comprend dès lors mieux pourquoi les voix discordantes sont rapidement mises à l’écart, sauf si elles bénéficient d’appuis assez solides pour y faire face (pensons à l’affaire Taguieff lors de son travail sur la Nouvelle droite, et plus récemment sur la nouvelle judéophobie, ou encore Finkielkraut). On assiste véritablement à une prise en otage de la pensée, qui se voit certes légitimée par un ensemble de procédures, mais uniquement parce que le nécessaire a été fait en amont… Pourtant cette pensée dominante peine de plus en plus à comprendre le réel qui n’entre plus dans ses schémas dépassés, malgré des restructurations multiples mais superficielles. Il est temps de changer de grille de lecture.

Partant de ce constat, il nous semble qu’il est nécessaire en ces temps de recomposition politique et idéologique de développer un pôle de réflexion indépendant qui développe des outils conceptuels adaptés, permettant de déchiffrer cette nouvelle réalité qui se déploie sous nos yeux, et qui n’est que très mal comprise (hormis par quelques visionnaires qui seront sans doute reconnus après coup par le tribunal de l’Histoire…). Pour se faire, nous faisons appel à tous les esprits libres comme dirait Nietzsche, à tous les « pionniers de la connaissance » dit-il dans le Gai savoir, « illuminés par cette nouvelle aurore » qui s’ouvre devant nous après l’effondrement des interprétations passées.

Sparte se reconnaît pleinement dans l’inspiration qui était celle du GRECE dans les années 70 et 80, et plus particulièrement ce qui a été appelé un temps le « gramscisme de droite », à savoir l’idée selon laquelle l’obtention du pouvoir politique passe par l’obtention de celui culturel ; la superstructure culturelle n’étant pas un simple reflet des infrastructures économiques comme le défend l’orthodoxie marxiste, mais bien un domaine qui peut parfois, de par ses productions, agir sur l’infrastructure en contrecoup.

Le problème essentiel du GRECE réside dans le fait qu’il a voulu se cantonner à un domaine purement métapolitique, consacré à la recherche en histoire des idées ou en philosophie politique. Le travail à cet effet d’Alain de Benoist a été considérable, et nous lui devons beaucoup, notamment pour la publication des œuvres fondamentales de penseurs liés à la révolution conservatrice allemande, longtemps mis à l’index au nom d’une reductio ad hitlerum qui n’a cessé de s’élargir avec le temps selon la stratégie au fond toujours la même de l’inquisition : la diabolisation. Mise à part l’excommunication des penseurs du GRECE pour des raisons de chasse aux sorcières évidentes, on peut relever d’autres raisons de son « relatif » échec :

1) d’une part, il n’a pas réussi à trouver une courroie de transmission « séculière » à ses idées (ses positions européistes et païennes s’éloignant fortement du nationalisme chauvin du FN, ou du libéralisme d’une partie de la « droite dure » à la rigueur plus sensible aux apports du Club de l’Horloge …);

2) d’autre part, ses dernières positions communautariennes semblent difficiles à accepter dans la pratique ; s’il s’agit de prôner la reconstitution d’une communauté dans sa singularité sur un territoire donné, selon les conceptions de Taylor, nous acquiesçons sans problème. Ce qui est contestable en revanche, c’est l’application de cette pensée communautarienne à nos sociétés dites désormais « multiculturelles », qui induit inévitablement un glissement vers le communautarisme (défendu aussi par une certaine gauche différentialiste) ; autrement dit l’idée selon laquelle il serait préférable que chaque communauté développe ses propres valeurs, cohabitant ainsi sur un même territoire, au nom d’une « tolérance païenne » qui , contrairement à un républicanisme issu du monothéisme dogmatique, pourrait s’accommoder d’une pluralité de divinités, de cultes, de manières d’être dans une relative harmonie. Ce qu’une Histoire récente en Bosnie a invalidé. Notre position est plutôt la suivante : pouvons-nous accepter que ces communautés puissent s’organiser pleinement autour de leurs valeurs, alors que notre propre communauté européenne, rongée par la perte des ses propres valeurs, affaiblie par une démographie déclinante, tentée par un exotisme de consolation ou endormie par le consumérisme régnant, est, de jour en jour, de plus en plus déstructurée ? Bien évidemment non. Autrement dit, nous faisons nôtre l’objectif premier -stratégique dirons-nous- du GRECE, mais en refusons une partie des positions ; idée d’ailleurs que Faye a parfaitement bien rappelée dans plusieurs de ses ouvrages.

Notre objectif premier est d’ordre théorique : comprendre le mouvement qui a conduit nos sociétés européennes à devenir ce qu’elles sont ; et repérer en profondeur les causes qui les ont conduites à ce nihilisme pour reprendre la formule de Nietzsche. Elles sont certes nombreuses, économiques évidemment -et les marxistes ont eu raison de souligner ce point- mais aussi et surtout culturelles, puisque c’est bien en Europe que cette conception économique particulière est apparue, pour des raisons qui sont internes au dispositif théorique de l’Europe. En ce sens notre approche est culturaliste. Comment comprendre la spécificité de nos sociétés ? Nous y voyons le reflet d’une configuration spirituelle, fruit de la rencontre de multiples idées qui ont donné lieu à un ensemble de possibles, lesquels, en s’incarnant dans le monde, ouvrent une histoire qui aurait pu être tout autre si d’autres possibles avaient triomphé. Autrement dit, il s’agit de comprendre où nous en sommes, et quelle(s) voie(s) s’offre(nt) à nous… Le choix d’une de ces voies repose quant à elle sur l’action politique, qui a pour but de façonner le monde de demain en fonction des valeurs qu’elle considérera comme sienne.

Le souci théorique de Sparte n’est certes pas désintéressé. La connaissance en tant que telle n’est pas désintéressée. S’il y a question, c’est qu’il y a problème, donc malaise. Et effectivement, ce nihilisme qui se déploie en Europe, depuis un siècle, nous interpelle. Il s’agit au moyen de la connaissance de dégager des voies possibles pour la relève de l’Europe. De la connaissance doit provenir la libération ; mais celle-ci ne peut se faire sans l’action politique, sans combat, sans fédération de résistants pour assurer cette tâche. Or nous devons lutter contre plusieurs obstacles pour parvenir à cette articulation théorie/pratique :

1) la méfiance des militants du camp dit « national » à l’encontre des idées. C’est un grave préjugé que la gauche s’est plu à populariser, selon laquelle la droite, ou plus largement les « nationalistes » quelles que soient leurs obédiences (et encore si l’on accepte l’interprétation gauchiste selon laquelle il y aurait filiation entre droite et nationalisme, ce qui est historiquement faux au départ ; Evola… mais dans un autre registre Sternhell sont clairs sur ce point….) serait allergique à l’ « abstraction théorique », lui préférant la force, l’action, comme si ces domaines étaient totalement disjoints. Grave erreur. Les grands penseurs qui ont critiqué l’abstraction vide ont eux-mêmes intellectualisé leur position, n’opposant pas l’action à la réflexion, mais faisant simplement primer la première sur la seconde. Mais plus largement, toute notre tradition philosophique européenne met l’accent sur le lien intime réflexion/praxis, depuis Platon jusqu’à nos jours. Le problème est que, comme l’a bien montré de Benoist, le militant de « droite » (même si nous réfutons ces étiquettes mouvantes dans le temps) s’est toujours davantage complu soit dans la simple polémique acerbe, soit dans le respect formel de la tradition, soit dans la simple affirmation à la manière de l’aristocrate « qui peut se le permettre parce qu’aristocrate ». Ces ethos constituent un réel handicap car ils empêchent l’élaboration d’outils conceptuels conséquents permettant de peser au sein de notre paradigme démocratique (reposant, rappelons-le, sur le mode de légitimation rationnel);

2) la méfiance à l’encontre de nos idées de la part des « intellectuels », qui seraient mises à l’index parce qu'erronées, ou idéologiquement dangereuses. Avant de mettre à l’index, encore faudrait-il les entendre en les développant sur la place publique, conformément à l’exigence de nos sociétés « ouvertes » comme les appelle Popper, pour qu’on puisse rationnellement les tester. Et encore une fois, nos références sont aussi légitimes que celles de nos adversaires, puisque nos travaux s’appuient sur notre tradition de pensée européenne depuis Platon et Aristote jusqu’à Nietzsche, Weber, Heidegger… mais effectivement selon une interprétation différente de celle effectuée par la pensée dominante (le lien ethnos / polis chez Aristote étant souvent oublié par exemple…). De même, nous ressentons de nombreuses affinités avec Marcel Gauchet, sans doute l’un des penseurs les plus pertinents de nos jours, mais aussi à certains égards Taguieff, Ferry ou autres « nouveaux réactionnaires » comme ce pamphlet d’un suppôt de la nouvelle inquisition a pu les nommer…

Bref, les anciens clivages explosent, des recompositions créatrices, comme souvent dans les périodes charnières de notre Histoire, sont en train de s’effectuer ; et Sparte entend, à son niveau, en être l’un des interprètes et pourquoi pas l’un des acteurs….