Eberhard Koebel

De Metapedia
Aller à : navigation, rechercher
Eberhard Koebel
Eberhard Koebel, dit « Tusk » (1907-1955), est une figure du mouvement de jeunesse allemand liée au courant national-bolchevique.

Biographie


Fils d’un haut fonctionnaire, Eberhard Koebel a adhéré très jeune au Wandervogel. Plus tard il est passé à la Freischar, dont il deviendra Gauführer pour le Wurtemberg en 1928.

Cet homme de taille menue, nerveux et énergique, ne fut pas un théoricien. Ce fut surtout un artiste qui révolutionna le « style » des mouvements de jeunesse, en donnant un visage moderne à ses revues, en conférant à celles-ci un graphisme osé, épuré, moderne, et en multipliant les innovations. Et celles-ci n’étaient pas seulement d’ordre graphique : inlassable voyageur, Koebel avait campé et vécu avec les éleveurs de rênes en Laponie, sillonné le Nord de la Russie d’Europe, débarqué en Nouvelle-Zemble; de ces voyages il rapporta la Kohte (la tente des Lapons), la Balalaïka et le Banjo. Cette tente noire et ces instruments de musique seront adoptés avec enthousiasme par les jeunes. « Vivant avec intensité », Koebel parcourt son pays à moto (autre trait de modernisme) pour recruter de nouveaux membres. Les Wurtembergeois de Tusk font progressivement scission au sein de la Freischar et, le 1er novembre 1929, se rassemblent derrière la bannière de la Deutschen (autonomen) Jungenschaft vom 1. November 1929 (dj.1.11).

Eberhard Koebel possède désormais son propre mouvement auquel il donnera un style original et une éthique nouvelle. Ce style nouveau est froid et hiératique dans ses aspects extérieurs, incandescent et fou dans sa dimension intérieure. Tusk élimine le romantisme passéiste de l’ancien Wandervogel, qui idéalisait trop le Moyen Âge; en cela, il est le contemporain des futuristes italiens et soviétiques et d’Ernst Jünger, prophète annonciateur de l’avènement de l’ère « métallique ». Parallèlement à ce culte de l’« homo metallicus », les groupes animés par Tusk idéalisent la figure du Samouraï.

Eberhard Koebel incarne aussi les contradictions de son temps : il agit politiquement à la croisée des chemins. Jusqu’en 1932, son action n’est guère politisée. Mais, dès cette année fatidique, où la crise atteignait son apogée, Koebel se jettera dans l’aventure politique. Ses positions, jusque là, avaient été finalement assez conventionnelles ; il était un nationaliste allemand non extrémiste, qui contestait surtout l’annexion de la Posnanie et du Corridor à la Pologne. L’idéal du soldat, chez Koebel, n’est pas au service d’une cause nationale bien précise.

Tusk choisira d’abord le NSDAP, essayant alors de noyauter la Hitlerjugend, en demandant à ses lieutenants d’y acquérir des postes de commandement. L’échec ne devait guère se faire attendre… En 1932, Tusk adhéra au Parti communiste allemand et en janvier 1934, il fut arrêté par la Gestapo. Relâché, il quitta l’Allemagne et se réfugia en Suède, puis à Londres où il organisa la section britannique de la Freien Deutschen Jugend (mouvement de jeunesse du PC).

La guerre finie, il eut des difficultés à obtenir l'autorisation de quitter la Grande-Bretagne. En août 1948, il put cependant s'installer en zone soviétique où toute activité dans les mouvements de jeunesse lui fut interdite. Il exerça alors la profession de journaliste de radio, jusqu'à son décès.

Thèses


Le nationalisme de Tusk n’est pas hostile à la Russie. Cet immense pays, pour lui comme pour Ernst Niekisch, n’a pas été perverti par les Lumières, qui ont fait vieillir les peuples d’Occident. Le romantisme russophile triomphe dans les rangs de la dj.1.11. Pêle-mêle, sans a priori idéologique, les garçons de ce mouvement chantent la geste de Staline et des armées rouges et les prouesses des soldats blancs de Koltchak. Ils lancent à travers toute l’Allemagne la mode des chants cosaques.

Avec ce style, impliquant une rupture totale avec le monde adulte et bourgeois, Koebel réalise radicalement les vœux initiaux du mouvement de jeunesse. Il déclara un jour : « La jeunesse est la valeur en soi et la maturité est presque a priori une mauvaise chose ». Pour Tusk il faut couper dès que possible la jeunesse des compromissions que lui impose le monde adulte. Il faut la préserver des miasmes du bourgeoisisme. Koebel luttera dans ce sens contre les mouvements traditionnels, dont le style ne provoque pas cette rupture thérapeutique. Les idéologèmes du peuple (Volk), de la patrie (Heimat) et du Reich, qui mobilisent aussi le monde des adultes, doivent céder le pas au concept radical de l’Ordre. « Dans l’Ordre, écrit Tusk, conçu comme communauté autonome, comme communauté de choix, comme communauté libre de toute attache aux choses révolues, l’homme jeune trouvera l’assise de son être ».

Avec la volonté de créer un ordre imperméable aux influences délétères de la société libérale, Tusk oppose deux modèles anthropologiques antagonistes ; l’un constitue l’idéal à atteindre ; l’autre représente la négation du premier, le pôle négatif, le repoussoir. Ce dernier, il le baptise « le modèle répétitif ». « C’est le modèle de l’homme qui parasite et végète dans le maximum de confort possible. Cet homme-là veut vivre le plus longtemps possible, ne jamais être malade, ne jamais souffrir physiquement, ne jamais exprimer d’idées ; il souhaite mâchonner du déjà mâché, répéter ce qui lui a été dit, être heureux quand la routine quotidienne s’écoule sans bouleversements majeurs. Face aux moutonniers du répétitif, se dresse le membre de l’Ordre, libre de toute espèce d’obligation à l’égard des visions-du-monde caduques, libre de ne pas répéter les slogans conformistes, libre de ne pas devoir fréquenter les répétitifs, d’adopter leurs formes de vie et leurs idées ». Symbole de cette attitude devant la vie : l’Eisbrecher, le « Brise-glace ».

Pour « briser la glace » qui fige les sociétés, les formes et les idées, l’Ordre doit créer une discipline de fer. Il faut saluer ses supérieurs, leur obéir sans discuter car cette obéissance-là donne naissance à la liberté, elle provoque la rupture. Les vêtements du membre de l’ordre doivent être impeccables ; son langage doit être châtié et épuré de gros mots.

Sources


  • Bertrand Eeckhoudt, Eberhard Koebel, dit « Tusk », créateur d’un mouvement de jeunesse radicalement antibourgeois, Vouloir n° 28/29, avril/mai 1986
  • Helmut Grau, dj. 1.11, Struktur und Wandel eines subkulturellen jugendlichen Milieus in vier Jahrzehnten, dipa-Verlag, Frankfurt am Main, 1976.
  • Clans Graul, Der Jungenschafter ohne Fortune. Eberhard Köbel (Tusk) erlebt und biographisch erarbeitet von seinem Wiener Gefährten, dipa-Verlag, Frankfurt am Main, 1985.

Lien externe