Claudio Mutti

De Metapedia
Aller à : navigation, rechercher
Claudio Mutti

Claudio Mutti est un philosophe et essayiste italien converti à l'Islam, né en 1946.

Biographie

Claudio Mutti a enseigné pendant plus de trente ans le grec ancien et le latin dans le lycée classique de sa ville natale. Polyglotte (français, allemand, latin, grec, arabe classique, hongrois), il est aussi connaisseur de la langue et de la culture roumaines. Il a encore travaillé sur la philologie finno-ougrienne. Il est l'auteur d'une trentaine d'articles et d'essais sur le folklore magyar et sur la littérature hongroise.

En 1970, il obtient son doctorat avec une thèse sur l'influence de la langue roumaine sur la langue hongroise. Entre 1970 et 1974, il est chercheur à l'institut de philologie finno-ougrienne de l'université de Bologne. En 1979, il obtient une chaire à l'Istituto italiano di Cultura de Bucarest. Mais la même année, le député communiste Antonello Trombadori, membre du Comité Central du PCI, demande, lors d'une motion parlementaire, que la chaire de Claudio Mutti lui soit retirée, sous le motif qu'il aurait contribué à l'évasion de Franco Freda. Mutti perd son emploi.

Parcours politique

Il commence à militer politiquement au début des années 1960, alors qu'il n'a que quatorze ans. Il adhère à l'organisation de jeunesse du Mouvement social italien (MSI), Giovane Italia, mais en est exclu pour « extrémisme ».

Il devient ensuite un des premiers militants de la branche italienne de Jeune Europe, organisation transeuropéenne dirigée par le Belge Jean Thiriart. Mutti, qui a rencontré Thiriart à Parme en 1964, devient en 1966 le rédacteur en chef de La Nazione Europea, la revue mensuelle de la branche italienne de Jeune Europe, jusqu'à ce qu'elle cesse sa parution, en 1970.

Dès la dissolution de Jeune Europe, en 1969, il rejoint l'organisation nationale-révolutionnaire Lotta di Popolo, fondée la même année. Lotta di Popolo, qui se signale par une ligne particulièrement tiers-mondiste, sera souvent taxée de « nationale-communiste » ou de « nazi-maoïste ». Mutti crée, au début des années 1970, les Amitiés italo-libyennes avec Claudio Orsi. Celui-ci est, lui aussi, un ancien membre de Jeune Europe, neveu de Italo Balbo, et converti au maoïsme, même si les mouvements d'extrême gauche se méfieront toujours de lui. Il fondera pourtant des Centres d'études et d'application de la pensée Mao Zedong, ainsi que l'association Italie-Chine.

En juin 1974, Mutti est arrêté et accusé d'être impliqué dans l'affaire de l'Ordine Nero, une organisation nationale-révolutionnaire clandestine. Au moment de son arrestation, il est en possession de la carte du Parti socialiste, de celle du groupe Potere Operaio, et de celle du syndicat CGIL (la CGT italienne). Au bout de cinq mois de prison, il est blanchi et relâché mais accusé d'avoir aidé l'éditeur militant Franco Freda à quitter l'Italie alors que celui-ci était assigné à résidence.

En 1978, il commence à collaborer à la revue francophone d'orientation évolienne Totalité. Il signe certains de ses articles sous les pseudonymes de Feirefiz et d'Occhiali.

Le 26 août 1980, le procureur de Bologne émet des mandats d'arrêt contre vingt-huit militants liés ou présumés liés aux Noyaux armés révolutionnaires, parmi lesquels Claudio Mutti qui, soupçonné d'avoir participé à l'attentat de la gare de Bologne, est emprisonné. Tous sont libérés de prison en 1981.

Le politologue français Stéphane François affirme, sans donner ni date ni source, que Claudio Mutti aurait été député. Cependant, on ne trouve pas la moindre trace du nom de Claudio Mutti dans les archives du parlement italien, ce qui laisse penser à une invention du prétendu spécialiste de l'« extrême droite »[1].

Les éditions All'insegna del Veltro

Claudio Mutti traduit et publie en 1976 une réédition commentée des Protocoles des Sages de Sion, dans laquelle il intègre des textes de Julius Evola sur la « question juive » et la « guerre occulte ».

Il fonde en 1978 sa propre maison d’édition, All'insegna del Veltro, dont le siège est à Parme. Il y publie les études qu'il a consacrées lui-même à Mircea Eliade, Emil Cioran, Friedrich Nietzsche, René Guénon, Julius Evola, Werner Sombart et des auteurs français traduits par lui-même, comme Jean de la Fontaine ou Drieu La Rochelle.

Il y publie aussi de nombreux ouvrages traitant d'ésotérisme, du symbolisme traditionnel, de science des religions, des traductions des philosophes de la Grèce antique, des travaux d'histoire médiévale et contemporaine. Dans son catalogue, on trouve aussi des rééditions d'auteurs comme Julius Evola, Corneliu Zelea Codreanu, Johann von Leers, René Guénon, Frithjof Schuon, Henry Corbin, Béla Hamvas, Werner Sombart, Drieu La Rochelle, Robert Brasillach, Karl Haushofer, Savitri Devi, Robert Faurisson.

Il y édite encore des œuvres de nationalistes arabes, comme Gamal Abdel Nasser, Muhammar El Kadhafi et Michel Aflaq, des auteurs islamiques, comme l’ayatollah Rouhollah Khomeini et le philosophe Gejdar Djemal, et des marxistes dissidents, comme Costanzo Preve et Guennadi Ziouganov.

Il est devenu en 2011 le rédacteur en chef et l'éditeur de la revue de géopolitique Eurasia.

Claudio Mutti et l'Islam

Une voie pour l'homme de la Tradition?

Dans les années 70, l'attitude politique consistant à se chercher des alliés dans le monde arabe et musulman est assez courante dans les milieux nationaux-révolutionnaires. Mais Claudio Mutti attire l'attention, dans son milieu politique, par l'intérêt soutenu qu'il manifeste pour l'Islam, pour le mysticisme et les cultures moyennes-orientales. En 1975, il publie deux livres qui en témoignent: La Rivoluzione Culturale Libica et Gheddafi Templare di Allah. Le premier est une apologie de la révolution libyenne de Mouammar Khadafi. Le deuxième est un recueil de discours du chef de la Jamahiriya arabe libyenne, auquel Mutti décerne le titre de « templier d'Allah ».

Enthousiasmé par la Révolution islamique d'Iran, il crée en mars 1979 l'association Europa-Islam, dans le but d'apporter un soutien actif au nouveau régime iranien. L'association organise des conférences et des campagnes d'affichages dans plusieurs villes italiennes.

Il se convertit à l'Islam en 1978. Pour lui, deux voies traditionnelles seulement seraient accessibles à l'homme occidental: le Christianisme et l'Islam. Mais, selon lui, le Christianisme aurait perdu son caractère ésotérique et ne pourrait donc plus conférer une véritable initiation. La seule voie restante, convenant à « l'homme de la Tradition », serait donc l'Islam. En 1985, il publie l'article « Pourquoi j'ai choisi l'Islam » dans la revue Eléments, en exergue d'un dossier consacré aux peuples arabes. Lors de sa conversion, il prend le nom d'Omar Amin, en l'honneur de Johann von Leers, officier allemand converti à l'Islam et devenu conseiller politique de Gamal Abdel Nasser.

La revue Jihâd

Il collabore, dès sa création en 1981, à la revue Jihâd, soutenue par l'ambassade d'Iran en Italie, paraissant uniquement en italien. Les principaux animateurs de la revue sont, outre Claudio Mutti, Jean-Louis Duvigneau[2], militant nationaliste-révolutionnaire français converti à l'islam, et un autre Italien, Giovanni Oggero[3]. La revue cesse sa parution à la fin de l'année 1986.

Contre les « islamophobes »

L'essayiste franco-italien Alexandre del Valle qualifie Claudio Mutti de leader de la mouvance « brun-vert » en Italie. Selon lui, il serait membre du groupe des Mourabitoun.

En 2003, il rédige la préface du livre Les Croisés de l'oncle Sam : une réponse européenne à Guillaume Faye et aux islamophobes, publié par Jean-Louis Duvigneau sous le pseudonyme de Tahir de La Nive[4].

Œuvres

Travaux traduits en français

  • Le symbolisme dans la fable. Les racines métahistoriques des contes de fées, Paris, Guy Trédaniel, 1979.
  • Symbolisme et art sacré en Italie. Du Baptistère de Parme aux peintres hermétistes de la Renaissance, Milan, Arché, 1980.
  • Introduction à l'œuvre de Werner Sombart, Chalon-sur-Saône, Hérode, 1993, 47 p. (traduit par Philippe Baillet)
  • Les plumes de l'Archange. Quatre intellectuels roumains face à la Garde de fer : Nae Ionescu, Mircea Eliade, Emil Cioran, Constantin Noica, Chalon-sur-Saône, Hérode, 1993, 143 p. (traduit par Philippe Baillet)
  • Nietzsche et l'Islam, Chalon-sur-Saône, Hérode, 1994, 47 p. (traduit par Philippe Baillet, préf. Christophe Levalois)
  • Art totalitaire, art national-socialiste, Nantes, Ars Magna, 1998, 20 p.[5]
  • La Grande Influence de René Guénon en Roumanie, suivi de Julius Evola en Europe de l'Est, Akribeia, Saint-Genis-Laval, 2002.
  • Julius Evola et l'Islam, Nantes, Ars Magna, 2004.
  • Le nazisme et l'Islam, Nantes, Ars Magna, 2004.
  • Mircea Eliade et la Garde de Fer, Paris, Avatar, 2005, 94 p.

Articles parus en français

  • « Art totalitaire, art national socialiste » et « Sur l'architecture nationale-socialiste », in: Totalité, no 4, 1978.
  • « La théocratie impériale de Frédéric II Hohenstaufen  » , in: Totalité, 6, 1978, p. 16-33.
  • « Rome et La Mecque » , in: Totalité, 7, mars 1979, p. 14-18.
  • « La renaissance islamique et le danger moderniste » , in: Totalité, 8, 1979, p. 40-49,« Les communautés musulmanes d'Europe », p. 59-61, « Bibliographie islamique », ibidem, p. 63-73.
  • « Monothéisme et paganisme » , in: Totalité, 10, 1979, p. 12-19.
  • « Pourquoi j'ai choisi l'Islam » , in: Éléments, 53, printemps 1985, p. 37-39.
  • « Evola et Nasser » , pp. 121-126 in: Evola - Envers et contre tous ! (sous la dir. de Thierry Jolif), Avatar Éditions, 2010, 195 p.

Bibliographie

  • Philippe Baillet, « Les métamorphoses du "traditionalisme-révolutionnaire": le cas Claudio Mutti et la revue Totalité », in: Philippe Baillet, L'Autre Tiers-mondisme: des origines à l’islamisme radical - Fascistes, nationaux-socialistes, nationalistes-révolutionnaires entre « défense de la race » et « solidarité anti-impérialiste », Akribeia, Saint-Genis-Laval, 2016. 475 p., p. 195-231. (ISBN 978-2913612617)
  • La Fédération d'action nationale et européenne - Les « ultras » des années 1960-1980, Cahiers d'Histoire du Nationalisme, no 17, 2019, p. 98.

Notes et références

  1. Stéphane François, Les Néo-paganismes et la Nouvelle Droite : pour une autre approche, préface de Philippe Raynaud, Archè, 2008, p. 41. Cette affirmation totalement erronée a été reprise en 2014 par le pseudo-archéologue Jean-Paul Demoule, dans son Mais où sont passés les Indo-Européens ?. Stéphane François cite comme source Anne-Marie Duranton-Crabol, L’Europe de l’extrême droite. De 1945 à nos jours, Bruxelles, Complexe, 1991, p. 175. Il semble que les travaux académiques des spécialistes autoproclamés se basent plus sur le « copier-coller » que sur la recherche approfondie.
  2. En 1978, Duvigneau, déjà converti à l'islam, publie, conjointement avec Philippe Baillet, une brochure intitulée « Sur la Libye de Kadhafi et l'imbécilité droitiste ». Le texte appelle à un soutien inconditionnel à la Jamahiriya libyenne et aux révolutionnaires du monde musulman, en vue d'une alliance pour « en finir avec l'impérialisme américano-sioniste ennemi de l'homme ». Le texte, particulièrement virulent, s'en prend violemment à ceux qu'il nomme les « traditionalistes folkloriques, ou les « faux hommes de la Tradition », accusés de confondre « le chevauchement du tigre et l'enculage des mouches » (sic). Beaucoup plus tard, Duvigneau publiera, sous un pseudonyme, une violente charge contre Guillaume Faye et ceux qu'il nomme « islamophobes » : Tahir de La Nive (préf. Claudio Mutti, postface Tiberio Graziani et Christian Bouchet), Les Croisés de l'oncle Sam : une réponse européenne à Guillaume Faye et aux islamophobes, Lucan-Étampes, Maynooth-Avatar, coll. « Polémiques », 2008, 218 p.
  3. Giovanni Oggero, lui aussi converti à l'islam, est alors conseiller régional du Mouvement social italien dans le Piémont. Il fonde une petite maison d'édition, Arktos, qui édite d'ailleurs Jihâd.
  4. voir note 2.
  5. Les deux textes formant le corps de cette brochure sont d'abord parus, en français, dans le numéro 4 de la revue Totalité.