Cité catholique

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La Cité catholique est une organisation nationale-catholique fondée par Jean Ousset en 1946. Jusqu'à nos jours elle a continué son action sous diverses appellations : Office international des œuvres de formations civiques et d’action doctrinale selon le droit naturel et chrétien, ICTUS (Institut culturel et technique d’utilité sociale), etc.

L'organisation a souvent été surnommée « la rue des Renaudes », par allusion à l'une de ses adresses publiques.

Les origines de « La Cité Catholique »

Le fondateur de l'œuvre : Jean Ousset (1914-1994)

C'est de la rencontre de deux hommes, de Jean Ousset et de l'abbé Choulot, que va naître cette œuvre vouée à un rayonnement mondial. Ce grand projet va poindre dans l'esprit de jeunes du petit village de Montalzat (Bas-Quercy) dans le Tarn-et-Garonne. Jean Ousset participe activement à des rencontres régulières de jeunes gens de son village que réunit l'abbé Choulot. Le religieux veut leur faire découvrir la culture française, la philosophie et les enseignements de l'Eglise pour les armer moralement pour affronter la vie. Ces jeunes vivent leur jeunesse dans une France sujette à de grands bouleversements politiques. Les années trente connaissent un contexte politique troublé par des luttes entre mouvements de droite et de gauche, conséquence de la grave crise économique. En 1936 le Front populaire parvient au pouvoir. C'est dans cette ambiance révolutionnaire que les jeunes du Quercy réfléchissent à la nécessité de former une élite catholique capable de participer « à une renaissance authentiquement française - donc catholique - dans l'ordre temporel ».

Ces jeunes gens s'inquiètent de l'influence grandissante de philosophies révolutionnaires qui veulent faire table rase de l'influence chrétienne. Jean Ousset étudiant aux Beaux-Arts, mais ouvrier à l'usine pour s'assurer un revenu, va découvrir les méthodes de fonctionnement du Parti communiste, sa « dialectique » et son influence sur les ouvriers. Il va s'en inquiéter et vouloir réagir. Les théories développées par les communistes vont profondément conforter ce jeune étudiant catholique dans sa foi et dans la mission dont il se sent investi. En 1939, par l'intermédiaire de l'abbé Choulot, il va rencontrer Charles Maurras qui va le soutenir dans son idée de former une élite catholique en lui faisant connaître et mieux aimer la doctrine sociale de l'Église.

C'est en 1944 que se produit une évolution fondamentale dans la vie de Jean Ousset qui orientera sa destinée et les choix à venir. Son ami d'enfance Jean Masson lui propose de suivre avec lui une retraite selon les Exercices de Saint-Ignace de Loyola prêchée par le Père Vallet, fondateur des CPCR (Coopérateurs paroissiaux du Christ-Roi). Cette expérience est pour lui une véritable révélation. Il va faire sien un des principes clefs de la pensée de Saint Ignace de Loyola : « L'homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu et ainsi sauver son âme (...). Toutes les choses qui sont sur la terre sont créées à cause de l'homme pour l'aider dans la poursuite de la fin que Dieu lui a marquée en le créant ». Ainsi, la politique et les institutions sont des moyens pour aider l'homme sur terre dans la poursuite de la fin surnaturelle à laquelle il est destiné. Les Exercices spirituels de Saint Ignace seront pour les fondateurs de La Cité catholique une école de vie sociale et politique .

La fondation

C'est en 1946, le 29 juillet, à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre que trois hommes (Denis Demarque, Jean Masson et Jean Ousset) vont consacrer leur projet au Christ Roi. Le même jour, l'œuvre nouvelle était, en la chapelle de la Médaille miraculeuse, rue du Bac, mise sous la protection de la « Reine du Monde ». La Cité catholique était née sous son premier nom de Centre d'études critiques et de synthèse. La volonté du Centre est de créer un organisme de laïcs agissant sous leur responsabilité civique à l'avènement d'un ordre social chrétien. Cette œuvre laïque doit professer et diffuser à travers ses membres, comme c'est le droit et le devoir de tout laïc, la doctrine sociale de l'Eglise catholique plutôt qu'une doctrine personnelle. C'est grâce au droit que reconnaît l'Eglise à tout catholique de prendre des positions politiques particulières que la Cité catholique exercera cette liberté afin de répandre sa méthode et son action. Par son activité au sein du monde elle ne prétend pas la représenter, mais s'en faire l'écho « au plan de ces affaires sociales, civiques ou politiques que le naturalisme et le laïcisme révolutionnaire ne cessent de pénétrer ».

Les deux piliers principaux de l'œuvre sont Jean Ousset, qui s'occupe plus particulièrement du travail de rédaction, et Jean Masson qui travaille à l'organisation générale et imprime la revue Verbe qui a vu le jour en novembre 1947 et connaît des débuts difficiles par manque de moyens financiers. Autour de ce noyau, peu à peu selon la volonté des fondateurs, des personnes intéressées vont se réunir et peu à peu des cellules de travail vont se former. Elles constitueront les fondements de la propagation des travaux de l'œuvre. Cette organisation par petits groupes est proche de la façon de faire des révolutionnaires communistes. Est-elle le fruit des longs entretiens que Jean Ousset eut avec son compagnon et ami de prison le trotskiste « Germain » ? On peut en douter fortement car il rédigera par la suite plusieurs ouvrages pour dénoncer ce qu'il y a de ruineux, non seulement au plan de la morale, mais au plan de l'efficacité pratique, dans l'emploi de moyens marxistes au service d'une cause catholique. En revanche, il dit clairement s'inspirer du système de formation à la doctrine sociale de l'Eglise par la création de « cellules d'étude » pour une action capillaire prônée par Pie XII. Celui-ci invitait les structures catholiques à préparer et à former une élite catholique prête à agir dans le cadre politique et culturel. Jean Ousset et ses deux amis vont être les initiateurs d'un mouvement laïc, qui va constituer le corps doctrinal d'une révolution culturelle catholique et contre-révolutionnaire .

L'organisation

Le développement

Le développement du mouvement va se faire lentement au début, puis connaître un rayonnement international par la création de petits groupes qui étudient ensemble la Doctrine sociale de l'Eglise. L'éparpillement des membres pose un problème de cohérence dans la diffusion des principes fondateurs du mouvement. Jean Ousset va insister à plusieurs reprises lors de ses conférences et éditoriaux sur le fort lien d'amitié qui doit lier les membres du mouvement. En 1950 se fait sentir le besoin de se rencontrer régulièrement pour partager les avancées du travail effectué et un moment de fraternité, et comme le rappellera souvent Jean Ousset « veiller à l'unité psychologique de notre effort  ». Le premier Congrès se réunit en 1949 à Saint-Étienne et réunit 17 personnes pendant quatre jours. En 1950, 60 personnes se retrouvent à Bordeaux, 100 à Marseille en 1951. En 1952, des difficultés empêchèrent toute réunion; 150 congressistes se retrouvent à Dijon en 1953, 300 à Angers en 1954, honorés de la présence de Mgr Chappoulie, l'un des premiers protecteurs de l'œuvre. En 1955, c'est un autre évêque protecteur, Mgr Marmottin, qui reçut, en son grand séminaire de Reims, les 450 congressistes de La Cité catholique. Puis en 1956, se sont Leurs Excellences Mgr Picart de la Vaquerie et Mgr Rupp qui assistèrent aux travaux des 700 participants au Congrès; et enfin en 1957, à Poitiers, cinq évêques et plusieurs prélats vinrent rendre visite et adresser la parole aux 800 congressistes de l'œuvre.

La croissance est régulière et le Congrès qui a lieu en 1960 à Issy-les-Moulineaux rassemble 1500 personnes. Dans un même temps, l'œuvre connaît un important rayonnement international. Un grand nombre de personnalités catholiques intéressées par le charisme véhiculé par la Cité catholique vont favoriser son rayonnement mondial, en particulier au Canada, en Argentine, en Afrique, en Belgique et en Suisse.

Le crédit intellectuel de l'œuvre

Le travail et le charisme de ce mouvement de laïcs a été largement soutenu par les hautes instances de l'Eglise. Rome a suivi les développements doctrinaux de l'œuvre à travers le préfet du Saint Office, le Cardinal Ottaviani, chargé auprès du Saint-Père de toutes les questions doctrinales. Lors des Congrès, le Pape Pie XII est intervenu en personne à plusieurs reprises par des messages personnels adressés à Jean Ousset. Il rappellera souvent le devoir des Catholiques de s'engager pour le bien commun et pas seulement au sein d'associations purement religieuses : « Bien que, comme chacun le sait, l'Action catholique soit principalement destinée à promouvoir les œuvres d'apostolat, rien n'empêche cependant que ceux qui en font partie soient également membres d'Associations dont le but soit de conformer les institutions sociales et politiques aux principes et aux règles chrétiens ; bien plus, le droit dont ils jouissent permet et le devoir auquel ils sont tenus demande qu'ils prennent part à ces Associations, non seulement comme citoyens, mais aussi comme catholiques ».

En France, plusieurs évêques ont soutenu le travail effectué par l'équipe de Verbe, tels Mgr Chappoulie, évêque d'Angers, et Mgr Barbottin, archevêque de Reims. Cependant une grande partie de l'épiscopat montre une grande incompréhension envers la Cité catholique qui, à leur avis, fait de l'ombre à l'Action catholique. Un des points qui les dérange particulièrement est le statut de l'œuvre de Jean Ousset. En effet, elle ne dépend pas de la hiérarchie. Le clergé ne comprend pas l'autonomie pleinement revendiquée par ses fondateurs et que ce groupe de laïcs a acquise. Son directeur, Jean Ousset, va essayer d'obtenir directement le soutien du Pape. En 1963, il se rend à Rome pour rencontrer Jean XXIII fraîchement élu à la tête de l'Église. Lors de cette audience, l'évêque de Rome lui conseille de s'adresser au pro-secrétaire du Saint-Office, le Cardinal Ottaviani et au Cardinal Philippe, qui lui recommandent de garder son autonomie. Ils soulignent que cette indépendance vis-à-vis du clergé correspond mieux à l'action de l'œuvre. La tâche du renouvellement de l'ordre temporel revient aux laïcs, qui doivent bénéficier au maximum de leur liberté d'action. Lors des entretiens, Jean Ousset avait questionné ses interlocuteurs sur la pertinence de la création d'un institut séculier sous le contrôle de la hiérarchie ecclésiastique. Mais le Cardinal Ottaviani le lui déconseilla, la raison invoquée étant que la Cité catholique n'est pas à proprement parler une œuvre apostolique. Il repart conforté dans ses positions, mais redoute que l'œuvre ne devienne un mouvement comme il en existait déjà beaucoup dans les milieux catholiques. C'est la raison qui le pousse, en 1963, à la dissoudre ainsi que sa revue Verbe et à partir sur de nouvelles bases en créant l'Office international des œuvres de formation civique et d'action doctrinale selon le droit naturel et chrétien et la revue Permanences. Cet Office doit poursuivre le travail effectué jusque là, mais dans une action multiforme. Il doit se situer au-dessus des combats particuliers en formant et unissant tous ceux qui travaillent pour l'avènement d'une renaissance chrétienne.

La revue et l'œuvre connaissent un grand succès dans les milieux universitaires et au sein de l'armée. Elles vont rencontrer un engagement à toute épreuve parmi les retraitants paroissiaux des Coopérateurs paroissiaux du Christ-Roi (CPCR). Jean Ousset, après ses premières retraites ignaciennes prêchées par leur fondateur le R.P. Vallet, avait déjà souligné que : « Ce sont les Exercices de Saint Ignace qui ont été à la source de l'engagement, du zèle, du dynamisme… de tous les pionniers de notre œuvre très liée aux CPCR ». Ces retraites ont formé des milliers d'animateurs et permis la naissance de centaines de vocations sacerdotales ou religieuses, mais aussi de vocations laïques au sein de leur milieu respectif : des politiques, des enseignants, des militaires, des infirmières, des syndicalistes, des maires. Les Pères de Chabeuil après avoir eu une importance énorme sur l'engagement de Jean Ousset vont influencer beaucoup d'autres personnalités politiques, culturelles et religieuses à travers le monde. Dans son ouvrage principal Pour qu'Il règne, Jean Ousset fait part de son enthousiasme pour les Exercices spirituels de Saint Ignace : « Plus d'un millier des nôtres ont eu la grâce d'apprécier leurs bienfaits (…) Ce qui nous touche plus particulièrement (…) c'est le fait que ces retraites se proposent, dans le droit fil de la sanctification personnelle de ceux qui les suivent, de susciter une armée de laïcs enthousiastes et résolus à combattre pour la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus Christ. Les droits de Dieu sur la société s'y trouvent donc prêchés d'une façon plus particulière ».

Le crédit intellectuel de la Cité catholique vient de son attachement à la doctrine sociale de l'Eglise, et de la mise en œuvre de principes issus des Encycliques de Léon XIII, Rerum Novarum (1891), et de Pie XI en 1931, Quadragesimo Anno. Ces textes importants dans l'histoire du catholicisme social sont les fondements de l'action politique et sociale des membres de l'œuvre. De par son charisme, elle va connaître un prodigieux développement. De nombreuses cellules vont être fondées à travers toute la France. « Il en existe dans les salons et dans les fermes, dans les modestes demeures africaines et dans les salles de patronage, dans les universités et dans les usines, dans les collèges et dans les arsenaux, dans les casernes et dans les ateliers de gare, dans les banques, dans les administrations publiques et privées, dans les tribunaux et les hôpitaux ».

L'influence de la Cité Catholique

Les réseaux autour de la revue

L'influence de la revue Verbe et de la Cité catholique sera aussi bien due au charisme et au travail doctrinal de son fondateur et directeur qu'au travail de fond réalisé par les simples membres. En effet, de petites gens vont parcourir à pied de grandes distances, de nuit, pour participer au travail des cellules. Des militaires adoptent avec ardeur un travail correspondant exactement aux besoins que leur a révélés leur expérience en Indochine : la confrontation et diffusion de valeurs chrétiennes contre la dialectique révolutionnaire. Ainsi vont se constituer des « réseaux » d'amitié selon les régions ou les états professionnels. Une correspondance abondante, des rencontres, des sessions régionales assurent le lien intime de ces réseaux, en même temps qu'ils permettent d'en exploiter les possibilités. Les milieux enseignants, médicaux, ruraux s'ouvrent très largement au charisme de l'œuvre. Les cellules pénètrent dans tous les milieux. On y rencontre des polytechniciens, des laboureurs, des commerçants, des fonctionnaires, des agrégés, des forgerons, des chefs d'industrie, des magistrats… On y vient de mouvements comme l'Action catholique, des syndicats, etc. La Cité catholique qui se veut essentiellement « centrifuge » voit ses amis se répandre dans les mouvements les plus variés. Les liens entre membres basés sur les liens naturels et sur une solide amitié seront le moteur de la création des cellules de travail et de son influence dans de nombreux milieux. La diversité dans l'origine sociale de ses membres ne nuit pas à l'unité grâce aux Congrès qui sont des moments privilégiés de ressourcement et d'échanges.

Malgré un travail sur le terrain toujours plus important, l'action de ses chefs se poursuit également au point de vue doctrinal. Jean Ousset et son équipe vont rédiger un certain nombre d'ouvrages sur des thèmes essentiels comme le travail, la famille, la patrie. Nombre de ces écrits seront traduits dans plusieurs langues. Leur qualité, ainsi que leur diffusion à travers toute la planète, donnera une ampleur mondiale à l'œuvre. Lors de la parution du livre Le Marxisme-léninisme, il recevra de nombreuses lettres de félicitations, dont celles de l'Administrateur Apostolique de Taipei en Chine, le Cardinal Tien, ainsi que du Visiteur apostolique des Catholiques Ukrainiens en Europe Occidentale, l'Archevêque Bucko. Ces ouvrages permettront de toujours perfectionner une méthodologie de l'action civique et catholique et d'élargir la diffusion des principes et valeurs de l'œuvre.

Lors du Xème Congrès de la Cité catholique à Issy-les-Moulineaux, un grand nombre de personnalités de la vie politique et militaire française et même internationale vont venir y assister ou y donner des conférences. Jean XXIII fera parvenir un télégramme bénissant le travail effectué pendant la rencontre. Jean Madiran, l'amiral Auphan, Jean Trémollet de Villers, député de l'Ardèche à l'Assemblée Nationale, font partie de la brochette de personnalités présentes. Le Général Weygand, membre de l'Académie française, y tiendra un discours, où il constate la démission des chrétiens engagés dans le corps social et la naïveté des politiques face au matérialisme athée. Il condamne la misère intellectuelle et spirituelle des masses et surtout des élites naturelles, et a fortiori des élites chrétiennes. Il rappelle le devoir impératif de faire de la doctrine sociale de l'Eglise « le ferment des jours à venir ». Henri Massis, membre également de l'Académie française, va parler dans son intervention des valeurs spirituelles de la civilisation chrétienne. Le Vice-président de l'Assemblée nationale et ancien ministre Frédéric Dupont donnera une allocution dans laquelle il se déclare « conscient des périls que, pour la défense de la Civilisation chrétienne, nous avons ensemble à conjurer ». Plusieurs personnalités, tel le Chef d'état-major, Général de la Défense Nationale, le Général Ely, le Baron Delvaux de Fenffe, ambassadeur du roi des Belges, ancien directeur de la politique de Belgique, font part de leur déception de ne pouvoir participer au congrès. Le professeur Plinio Correa de Oliveira, rédacteur en chef de la revue brésilienne Catolicismo, fait également part de ses vifs regrets de ne pouvoir y participer, et de son admiration pour les publications de Jean Ousset, et en particulier pour son dernier livre. Le congrès aura également l'honneur de recevoir Mgr Hamayon, représentant S. Em. le Cardinal Feltin, qui voulut bien prononcer une allocution dont Le Monde reproduisit les passages les plus élogieux. Sa présence contredira une campagne de presse déclenchée le 3 novembre 1961 par le Progrès-Dimanche de Lyon, puis reprise par l'ensemble des grands tirages français et même internationaux. Ce journal annoncera que « Verbe et la Cité catholique, revue et mouvement intégriste, (avaient été) condamnés par l'assemblée des Cardinaux et Archevêques lors de sa dernière session ».

Lors de ce Xème Congrès à Issy-les-Moulineaux, 1.500 personnes de 15 nationalités se sont rencontrées, par ordre alphabétique et par pays : Allemagne, Argentine, Autriche, Belgique, Canada, Dahomey, Espagne (40 congressistes), France, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Suisse (30 congressistes), Ukraine, Viêt-Nam.

Un but de formation des élites politiques

La Cité catholique ne s'est jamais voulue un parti politique, mais un centre international de formation civique et d'action doctrinale selon les enseignements de l'Église. Elle vise « la formation et le rayonnement d'élites de cadres solides et sûrs, répartis en tous lieux et milieux  ». L'Amiral Auphan, membre de la Cité catholique, donna cette définition de l'élite : « Font partie de l'élite tous ceux qui, venus au monde dans n'importe quel milieu social, accomplissent leur tâche quotidienne, si modeste soit-elle, en voyant plus haut que leur intérêt personnel, en pensant au bien commun de la portion de société, grande ou petite, où leur action s'exerce, en remplissant leur devoir d'État avec abnégation, en surmontant les épreuves avec le sens du sacrifice  ».

La doctrine suivie par l'œuvre est exposée de façon très précise et méthodique dans l'ouvrage majeur de Jean Ousset Pour qu'Il règne. L'élite catholique doit s'opposer aux progrès du matérialisme, du laïcisme, du marxisme sous toutes ses formes, et cela dans tous les milieux, dans la vie quotidienne, aux lieux de travail, dans les associations, en politique, etc. La formation de laïcs convaincus inscrits au sein de réseaux de travail et d'action doctrinale doit permettre ce rayonnement. La Cité catholique exerce simplement la liberté d'option que l'Église reconnaît au citoyen au plan temporel, des méthodes, des techniques et des tactiques.

L'œuvre s'est toujours défendue de vouloir imposer des formules unitaires et monopolisatrices. Elle a toujours pris soin de transcender le plan des formes particulières de civilisation, le plan des options temporelles. Ainsi malgré nombre d'accusations de partisanerie dans son action formatrice, la Cité catholique n'a jamais donné des consignes précises. En effet, les responsables de l'œuvre se sont toujours opposés dans l'absolu à la création d'un parti catholique unique… « qui tendra toujours invinciblement et comme par nature à être unitaire en un domaine où la complexité, la diversité sont très souvent la loi ». En revanche Jean Ousset souligne l'importance de la polyvalence, de la diversité des moyens, des procédés, des engagements, pourvu que les citoyens catholiques communient dans l'unité d'une conviction consciente et active sur l'essentiel. Le mal de l'époque pour les catholiques engagés dans l'œuvre est le marxisme qui inspire l'action politique et culturelle d'une partie importante de l'intelligentsia.

La vision extérieure et ses détracteurs

Par le travail de fond et l'influence qu'elles ont pu avoir sur la formation de certains intellectuels se réclamant du catholicisme, l'œuvre et la revue Verbe s'attireront les feux de la critique. Le 9 juillet 1958, M. Henri Fesquet dans Le Monde leur reproche de faire œuvre contre-révolutionnaire et de mener une action idéologique par la multiplication des cellules et des réseaux et par là d'exercer une réelle influence en faveur de la doctrine sociale de l'Église. L'auteur de l'article leur reproche d'être les tenants d'un « catholicisme dur » ce qui amènera le commentaire ironique de Verbe : « En face du catholicisme « dur », dont nous serions un spécimen, faut-il imaginer un catholicisme « mou » ? ». Voici une partie intéressante de l'article qui reflète bien la vision de ses détracteurs : « Il est difficile, d'autre part, d'évaluer son influence. Verbe dit de lui-même pour excuser ses répétitions lassantes, la longueur et les fréquences de ses citations, qu'il fait un « travail de pion ». Nous ne le contredirons pas sur ce point. Sa manie d'avancer « bardé de références sûres », et son refus d'avoir des « opinions personnelles » (...) sont à la fois la force et la faiblesse d'une organisation dont les habitudes apparaissent quelque peu totalitaires. La France Catholique affirme dans un article que plus de 50% des militants de La Cité Catholique sont des convertis venus de tous les horizons politiques et sociaux. Cela expliquerait certaines intransigeances. Mais Verbe ne fait le plus souvent qu'invoquer, en les exploitant il est vrai avec vigueur, des textes pontificaux ou épiscopaux et sur ce plan, il représente un versant abrupt, mais solide, du catholicisme romain  ».

Dans le numéro où l'article sera publié in extenso, Jean Ousset se posera ces questions : « Pour faciliter l'intelligence de cet article il est utile, cependant, d'apporter quelques précisions. Les expressions « catholicisme dur » et « versant abrupt mais solide du catholicisme romain », comme trop d'images, sont impropres à définir l'objet auquel elles renvoient. Un catholicisme qui ne serait pas « romain » pourrait-il encore mériter son nom ? Et ce catholicisme « romain » peut-il avoir plusieurs « versants » dont certains seraient « abrupts » et d'autres... en pente douce ? »

En 1959, alors que l'armée française est engagée en Algérie, L'Express va également s'attaquer à Verbe et à la Cité catholique les accusant de faire parvenir « à de très nombreux officiers servant actuellement en Algérie (...) une lettre périodique dont les auteurs expriment en des termes violents, des opinions hostiles à la politique gouvernementale. (...) Le style, les arguments employés, les slogans ressemblent singulièrement à ceux que l'on retrouve dans la revue Verbe, du chef du national-catholicisme Georges Sauge, et dans les « carrefours » d'officiers de réserve ».

En novembre 1961, France Observateur et Le Monde publièrent les extraits d'une note confidentielle rédigée par Mgr Guerry, et approuvée par l'ensemble des cardinaux et archevêques. La note épiscopale portait un jugement très négatif sur la Cité catholique, précisant que la pénétration des thèmes de la revue Verbe dans une région déterminée stérilisait les mouvements d'Action catholique.

L'action développée dans la revue Verbe et l'œuvre dont elle est l'organe ne vont pas seulement se retrouver sous le feu de la critique en France et en Europe. Dans les années soixante, la Cité catholique va avoir une grande influence en Argentine grâce à la traduction en espagnol des ouvrages majeurs produits par son fondateur. Le Marxisme-léninisme dont le prologue de l'édition argentine fut écrit par le Cardinal Antonio Caggiano, archevêque de Rosario, donna une impulsion décisive à l'œuvre dans son archidiocèse. Ce que ses détracteurs argentins, que l'on retrouve surtout dans les milieux révolutionnaires, lui reprochent, c'est son influence doctrinale sur des officiers de l'armée et la hiérarchie catholique. Le Colonel Juan Francisco Guevara, membre de l'état-major du Général Eduardo Leonardi, s'inspire de sa méthode d'action pour créer des cercles de militaires catholiques agissant selon la doctrine sociale et le droit naturel et chrétien. On lui en veut également d'agir secrètement dans l'administration et au sein même du gouvernement. En 1966, le premier cabinet ministériel de Onganìa aurait compris essentiellement des membres de la Cité catholique, ou pour le moins quatre ministres.

Du côté des nationalistes, la Cité catholique sera souvent critiquée pour sa modération ou sa composition sociale. Pour preuve ces quelques lignes de Roland Gaucher (Les Nationalistes en France, Roland Gaucher éd., 1995, p. 49 et s.) : "Dans la seconde moitié des années 70, la Cité catholique prit contact avec moi et m'invita à plusieurs reprises à assister à certaines de ses conférences et à y prendre la parole. Des liens se nouèrent entre certains de ses dirigeants et moi-même. Je ne vis jamais, cependant, Jean Ousset. (...) Mon expérience personnelle est que les organisations de la Cité catholique nourrissaient l'obsession d'être engagées, compromises, et, de fait, critiquées publiquement voire poursuivies. Les quelques fois où je donnais des conférences devant un auditoire très sélectionné - une vingtaine de personnes - on me demanda (gentiment) de ne pas dire que j'étais journaliste à Minute. Manifestement, à l'énoncé de ce seul titre, la panique commençait. (...) Il y a pire. En mai 68, certains animateurs de la Cité catholique passèrent en Belgique : ils se voyaient déjà pendus sur la place publique. Quand on réfléchit aux quelques péripéties que je viens de rapporter, on peut se dire qu'il s'agit d'un phénomène de classe. Nous n'avons pas affaire à des individus qui ont des nerfs fragiles. C'est la bourgeoisie en tant que classe qui panique. C'est l'interprétation que je retiendrai. Il faut toutefois se garder de généraliser. Membre de la Cité catholique, Maître Trémolet de Villers s'est battu avec beaucoup de talent et de courage pour la défense de Touvier."