Alphonse Toussenel

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Alphonse Toussenel
Alphonse Toussenel (17 mars 1803 à Montreuil-Bellay - 30 avril 1885 à Paris) est un écrivain et journaliste français socialiste utopique et antisémite.

Biographie

Né en 1803 à Montreuil-Bellay, près de Saumur, Alphonse Toussenel se consacre d’abord à l’agriculture, puis après 1830 devient journaliste et fonde en 1837 La Paix avec Louis Veuillot avant de rejoindre les socialistes utopiques de La Phalange de Victor Considérant en 1839. En 1841 il devient commissaire civil à Boufarik. L’année suivante il est expulsé d’Algérie par Bugeaud pour avoir pris la défense de deux Juifs que le maréchal avait fait arrêter (ultérieurement, il prendra aussi la défense de Rachel, « une artiste hors ligne qui ressuscite Racine et Corneille » violemment attaquée, en tant que juive, par Petrus Borel). De retour en France il collabore à La Démocratie pacifique de Considérant et c’est la Librairie sociétaire qui publie Les Juifs rois de l’époque, qui est préfacé par Considérant.

C’est en 1847 que Toussenel publie l’ouvrage qui lui apporte un très grand nombre de lecteurs, même s’il est complètement oublié de nos jours : L’Esprit des bêtes. Vénerie française et zoologie passionnelle, suivi en 1853 par Le monde des oiseaux, Ornithologie passionnelle et en 1863 par Tristia : histoire des misères et des fléaux de la chasse en France. Parmi ses admirateurs on compte Charles Baudelaire.

Toussenel, comme Fourier et Baudelaire, y développe la théorie de l’analogie universelle et il voit dans les animaux le miroir des passions humaines, « des verbes inférieurs de Dieu, destinés à refléter le verbe typique et supérieur de la Création qui est l’Homme » : la mule représente le bourgeois, le chameau l’esclave, le loup le bandit, le cheval le gentleman.

Dans ces ouvrages de zoologie, il ne cache pas son nationalisme écrivant ainsi par exemple : la France est « une terre où Dieu avait placé le cœur de l’humanité et le foyer de vie intellectuelle, d’où devaient jaillir jusqu’aux extrémités du monde le sang régénérateur, l’idée régénératrice de liberté et de fraternité, la terre du Bon Dieu en un mot, la commune patrie des autres peuples, où toute cause juste devait être sûre de trouver des martyrs, tout proscrit un refuge » (L’Esprit des bêtes, p. 116); il affirme que la révolution française fut : « La plus magnifique explosion de lumière et de justice qui ait jusqu’à ce jour éclaté sur le monde ».

Pendant la Révolution de 1848, il siège à la commission du Travail, créée par Louis Blanc. En 1849, il adresse « aux travailleurs de la Seine » une brochure intitulée Travail et fainéantise, sous-titrée « Ni prêtre, ni juif ».

Sous le Second Empire, il restera éloigné de la politique.

En 1881, Juliette Adam apprend que Toussenel, âgé de 78 ans, est très malade et dans une grande gêne matérielle. La réaction de cette grande patriote "de gauche", farouche républicaine, qui fut longtemps l’égérie de Gambetta, est intéressante: elle lui apporte un soutien total et fait appel à ses amis pour aider le vieil homme : « L’auteur de L’Esprit des bêtes, du Monde des oiseaux, des Juifs rois de l’époque, l’écrivain si original, l’esprit si français, le cœur si chevaleresque, si dévoué, Toussenel, mon cher vieux Toussenel est dans la plus grande misère. » Alphonse Toussenel mourra quatre ans plus tard, en 1885.

La mondialisation vue par Toussenel

Selon Toussenel, les six piliers de la domination permanente des oligarchies financières sont :

- Une dette énorme :

"Il y a eu encore une autre considération : c'est d'entraîner le trésor dans de folles dépenses, pour le forcer plus tard de crier misère, et le réduire à l'impossibilité de ne tenter aucune grande entreprise d'utilité publique."

- L’État-croupion profitant aux seules élites :

"La théorie du gouvernement-ulcère est anglaise de naissance, puisqu'elle vient des économistes. L'Angleterre est le foyer de tous les faux principes, de toutes les révolutions, de toutes les hérésies. L'Angleterre est la grande boutique où se préparent et se débitent avec un égal succès les doctrines et les drogues vénéneuses…"

- La guerre permanente pour le contrôle des ressources :

"L'Angleterre veut la garde de tous les détroits qui commandent les grandes routes commerciales du globe. Elle vise le morcellement, parce qu'elle vit des déchirements du globe ; elle est protestante et schismatique en tout : individualisme et protestantisme sont tout un."

- La ruine économique par le libre-échange :

"L'Angleterre, en tuant le travail chez tous les peuples, pour faire de ceux-ci des consommateurs, c'est-à-dire des tributaires de son industrie, a tué la richesse de ces peuples. Le capitaliste a mis le pied sur la gorge au consommateur et au producteur."

- La fin des peuples et des patries :

"Sous ce régime de castes, en effet, il n'y a pas de peuple ; ou bien le peuple est une chose qui s'appelle indifféremment l'ilote, l'esclave, le serf, le manant, l'Irlandais. Le sol de la patrie n’a plus maintenant pour défenseurs que les prolétaires."

- Enfin, la crétinisation universelle par la presse qui collabore avec le nouveau maître :

"La féodalité industrielle, plus lourde, plus insatiable que la féodalité nobiliaire, saigne une nation à blanc, la crétinise et l'abâtardit, la tue du même coup au physique et au moral. Mais la presse, qui ne craint pas d'attaquer la royauté officielle, n'oserait pas attaquer la féodalité financière."

Jugements

En 1941 Louis Thomas dans L'Illustration publie un article intitulé Alphonse Toussenel, socialiste, national, antisémite » où il fait de lui un précurseur de Hitler, Goebbels, Rosenberg...

Mais d’autres analysent les choses de manière différente. En 1933, François Simon, parlant sous les auspices de la SFIO à Montreuil-Bellay, déclare : « On pourrait croire qu’Alphonse Toussenel fut antisémite. Il était trop bon et trop juste pour cela : être l’ennemi d’une race humaine ». Et selon Simon il faut appeler Juif à la manière de Toussenel « non pas tous les descendants d’Israël, mais ceux d’entre eux, avec nombre de catholiques pratiquants, de protestants et de gens sans religion, qui vivent de la substance et du travail d’autrui. » Léon Poliakov, qui fait autorité en matière d’histoire de l’antisémitisme, corrobore Simon : « Le véritable propos de Toussenel, dit-il, était de dénoncer le règne de l’argent. » Et il cite une phrase des Juifs rois de l’époque : « ces derniers temps ont vu de glorieux noms d’artistes et de savants sortir de la lignée d’Israël ».

Citations

« Le saint-simonisme, c’est la lutte judaïque contre le fouriérisme. Les juifs veulent devenir de plus en plus maîtres du capital. L’association du capital et de l’intelligence, oui, ils la cherchent, mais c’est pour exploiter le troisième terme, le travail et ils nous préparent les pires catastrophes. »

« Le Juif quittera l’Europe dont l’Allemand et le Français unis seront les maîtres. »

« J'appelle comme le peuple de ce nom méprisé de juif, tout trafiquant d'espèce, tout parasite improductif vivant de la substance et du travail d'autrui. Juif, usurier, trafiquant sont pour moi synonymes.»

« Qui dit juif dit protestant, sachez-le. L'Anglais, le Hollandais, le Genevois qui apprennent à lire la volonté de Dieu dans le même livre que le juif, professent pour les lois de l'équité et les droits des travailleurs le même mépris que le juif.»

Publications

  • Les Juifs, rois de l'époque : histoire de la féodalité financière, 1845; rééd. 1847, 1886; rééd. Éditions du Trident, 1988, 310 p.
  • L'Esprit des bêtes. Vénerie française et zoologie passionnelle (1847) — Exemplaire numérique consultable sur Gallica.
  • Travail et fainéantise, programme démocratique (1849)
  • L'Esprit des bêtes. Le monde des oiseaux, ornithologie passionnelle (1853-55)
  • Tristia, histoire des misères et des fléaux de la chasse de France (1863)
  • Jean-Claude Dubos, “Crossley Ceri : "Anglophobia and Anti-Semitism : the Case of Alphonse Toussenel (1803-1885)" (2004). Modern and Contemporary France, 12-4, 2004, pp. 459-472 . Modern and Contemporary France, 12-4, 2004, pp. 459-472”, Cahiers Charles Fourier, n° 16, décembre 2005, pp. 105-108
  • Louis Thomas, Alphonse Toussenel : Socialiste national antisémite (1803-1885), Paris, Mercure de France, 1941.
  • Edouard Rix, « Alphonse Toussenel contre la féodalité financière », Réfléchir et agir n° 26, 2007, p. 39-41.